Les Warriors et leurs trois scoreurs fous : après le Run TMC, voici le Run DTC

Le 07 déc. 2016 à 20:14 par Alexandre Martin

Warriors - Run DTC
Source : @parktyson

La NBA en a vu des Big Three fabuleux se former et débarquer chaque soir sur les parquets pour terroriser défenseurs et/ou attaquants. En revanche, des trios de joueurs si monstrueux offensivement et si bien équilibrés que chaque élément tourne à 20 points ou plus de moyenne par match, voilà qui est déjà beaucoup plus rare. En cette saison 2016-2017, la triplette des Warriors formée par Kevin Durant, Klay Thompson et Stephen Curry est partie pour entrer dans ce club très fermé voire pour en prendre la présidence. Mesdames, messieurs, après le Run TMC, voici donc le Run DTC. Et les dégâts pourraient être considérables. 

Oh que oui, ce club est fermé. En fait, il ne comprend aujourd’hui que quatre membres, quatre trios donc. Quatre trios avec des spécificités et des complémentarités différentes mais avec un point commun évident : le scoring à outrance. Commençons par faire un petit bilan avant de comparer notre Run DTC à ce beau petit monde.

# Alex English, Kiki Vandeweghe et Dan Issel (76,7 points par match)

En voilà trois qui ont partagé les couleurs des Nuggets pendant plusieurs saisons dans les années 80. Alex English était un slasher plus que tranchant et d’une adresse affolante à mi-distance. Kiki Vandeweghe était un renard (prolifique) du scoring et Dan Issel un intérieur très efficace sous le cercle et capable de s’éloigner un peu pour shooter. Tous les trois adoraient le jeu rapide, prendre de tirs en première intention et ils s’en donnaient à coeur joie. Sur l’exercice 1981-82, ils ont annoncé la couleur. English à 25,4 points, Issel à 22,9 et Vandeweghe à 21,5 soit un total de 69,8 points de moyenne pour le trio et les trois gars largement à plus de 50% au tir ! Tout cela au sein d’une équipe de Denver qui plantera 126,5 points par rencontre (record NBA). Pas mal non ? Mais lors de la saison suivante, 1982-83, les trois lascars vont passer encore une vitesse supérieure. English envoie 28,4 points, l’ami Kiki 26,7 et Issel 21,6 soit un total faramineux de 76,7 unités par match (record absolu du club en question). Encore une fois, les trois Pépites sont chacun à plus de 50% au tir et leur équipe à plus de 120 points de moyenne par soir (123,2 exactement).

# Le Run TMC (72,5 points par match)

Tim, Mitch et Chris. Hardaway, Richmond et Mullin. Un meneur, un arrière et un swingman. Pas d’intérieur. Don Nelson aux commandes donc pas de chichi, pas de pause, pas de systèmes. De la transition, du mouvement sans ballon et le premier gars ouvert prend le tir. Ils n’auront fait que deux années tous les trois ensemble (sous le maillot des Warriors de 1989 à 1991) mais en 1990-91, ils vont défier les pronostics et proposer un jeu des plus excitants qui leur vaudra ce surnom inoubliable. Cette saison-là, Chris Mullin envoie 25,7 points par soir, Mitch Richmond 23,9 et Tim Hardaway 22,9 soit un total rondelet de 72,5 unités par match pour la triplette au sein de Warriors plantant plus de 116 points par rencontre. Au passage, remarquons que ce trio n’est composé que de joueurs extérieurs. Tiens, tiens. Un trio de joueurs extérieurs qui sévit du côté de Golden State. Tiens, tiens…

# Jerry West, Elgin Baylor et Wilt Chamberlain (71,2 points par match)

Bonjour le trio de noms mythiques ! Tous les trois réunis et en forme (cf. plus bas) pendant l’exercice 1968-69 au sein de Lakers qu’ils emmèneront jusqu’en Finales, ces messieurs West, Baylor et Chamberlain vont envoyer du lourd tout au long de la régulière. Le Logo tournant à 25,8, Baylor à 24,8 et Wilt à 20,5 soit un total de 71,2 points par match. Même si elle n’a rien gagné, cette triplette était d’une complémentarité rarement égalée : Jerry West sur les lignes arrières avec sa vista et son sens du scoring, le très all-around Elgin Baylor dans les ailes avec son activité impressionnante et, dans la raquette, le grand Wilt “The Stilt” Chamberlain qui – s’il n’a pas fait sa plus grande saison statistique cette année-là – a tout de même accompagné ses 20,5 points de moyenne par plus de 21 rebonds.

# David Thompson, Alex English et Dan Issel (71,2 points par match)

Oui, “encore les Nuggets” mais avec un autre trio cette fois-ci – sur la saison 1980-81 – puisque c’est David Thompson qui faisait le troisième larron aux côtés de Dan Issel et Alex English. Et quel larron ! Celui que l’on surnommait “Skywalker” a envoyé 25,5 points de moyenne pendant qu’English l’accompagnait de 23,8 unités et Dan Issel y allait de 21,9 points par soir. Cette équipe de Denver a tourné à 121,8 points par match sur l’exercice. Elle jouait vite, elle avait pour objectif de scorer plus que son adversaire ce qu’elle ne parvenait à faire que moins de la moitié du temps en revanche. Cette association aurait pu devenir encore plus folle mais Thompson baissa sérieusement de régime et Vandeweghe prit sa place. Comme dit plus haut, ce fut plutôt une réussite avec Kiki…

Une entrée en patron dans le club pour le Run DTC ?

Précisons que les Lakers de 1969-70 pourraient donner l’impression de remplir les critère pour rentrer dans ce club. Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que Wilt ne joue que 12 matchs cette année-là et que Happy Hairston n’arrive qu’en cours de saison. Dommage car Jerry West et Elgin Baylor étaient très très chauds. Même chose pour les Nuggets (oui encore eux) de 1979-80 où Alex English n’arrive qu’en cours d’exercice et David Thompson joue moins de la moitié des matchs. Les Lakers de 1970 à 1972 – avec les West, Goodrich, Chamberlin, Hairston, McMillan – ou ceux la saison 1981-82 (Jabbar, Magic et Wilkes) ne sont jamais loin mais il manque toujours un petit quelque chose. Comme en 1967-68 ou Archie Clark ne présente “que” 19,9 points de moyenne. Dommage car, avec un petit dixième de plus, il aurait formé avec Elgin Baylor et Jerry West, un autre trio de gars tous à au moins 20 points de moyenne par match.

Toujours est-il que les Warriors 2016-17 ont eux, dans leur effectif une triplette offensive absolument magnifique. Aujourd’hui, après 21 rencontres, Kevin Durant tourne à 27 points par soir, Stephen Curry à 26,2 et Klay Thompson à 22,5 soit 75,7 unités par match. Ce qui les ferait rentrer directement en deuxième position du club des trios de scoreurs s’ils venaient à maintenir ce niveau de performance jusqu’au bout de la saison. Ce qui leur permettrait de surpasser leurs aînés du Run TMC et représenter fièrement les trios de scoreurs uniquement extérieurs. Bien évidemment, ce Run DTC utilise en masse une arme finalement assez moderne : les 3-points en rafale. Mais cela n’empêche ps Durant de shooter à 56,5% (oui, vous avez bien lu) dont 42% derrière l’arc, Thompson à 48% dont plus de 39% de loin et Curry à plus de 49% dont 42% du parking. A eux trois, ils portent la plus monstrueuse attaque de Ligue actuelle avec 120,2 points par match et 32 passes décisives distribuées en moyenne. Notons que le Run DTC évolue finalement dans une NBA moins rapide que celle des autres trios cités précédemment même si le rythme de jeu nous parait fou. Ils présentent une “pace” (nombre de possessions en moyenne pour 48 minutes) de 100,7 ce qui est largement inférieur à ce que pratiquaient les Lakers de la fin des années 60 et du début des 70’s ou des Nuggets des années 80. Enfin, ajoutons que les trois compères scoreurs possèdent en Draymond Green un coéquipier monstrueux qui, s’il leur laisse le scoring, n’en est pas moins important dans leur réussite.

Le Big Three voire les Big Four ne sont pas une mode née hier, loin de là. Les Warriors peuvent se targuer aujourd’hui d’avoir un quatuor magique qui pourrait les amener à marquer l’histoire. De ce quatuor et au sein de cet effectif, une triplette de scoreurs fous est en train de voir le jour. Et ce fabuleux trio offensif s’inscrit dans la lignée de ses illustres prédécesseurs et pourrait faire partie des plus impressionnants de tous les temps. Le Run DTC est lancé et on se demande bien qui pourra l’arrêter…