Dwight Howard expose une belle vérité : devoir grandir rapidement n’est pas donné à tout le monde

Le 25 nov. 2016 à 10:55 par Bastien Fontanieu

Source image : Trending Players

C’est dans une longue interview donnée à The Vertical que le pivot des Hawks a mis le doigt sur un sujet qui fâche encore en NBA. Comment peut-on vouloir attendre une attitude exemplaire, de la part d’adolescents aux parcours parfois chaotiques ?

Il s’agit d’un jeu souvent apprécié par les observateurs de la Ligue. Nous en premier, d’ailleurs, car le mécanisme sportif fonctionne ainsi. On glousse devant les faits-divers créés par certains, on pointe du doigt ceux qui sortent du chemin et traînent hors-piste, on fusille les quelques brebis galeuses esquivant le troupeau et réalisant des actions malheureusement irrémédiables. La NBA, au-delà de sa compétition sportive et ses athlètes surdimensionnés, est aussi une télé-réalité dans laquelle les personnages les plus uniques cohabitent ensemble. Ils ont parfois eu une enfance royale, et parfois non. Ils ont parfois obtenu tous les moyens financiers imaginables, et parfois non. Ils ont parfois grandi en compagnie de frères et soeurs, et parfois leurs 7 aînés sont décédés avant eux, comme dans le cas de Dwight. Un exemple terrifiant certes, mais qui n’est pas isolé, car bon nombre de joueurs arrivent en NBA avec un sac personnel extrêmement lourd sur leur dos. Et lorsque vous avez 18 ans, que vous devenez subitement multimillionnaire et qu’on attend de vous une attitude irréprochable, il est plus facile de juger de l’extérieur que d’agir à la place de ces jeunes adultes encore en formation. Comment ferions-nous à leur place ? Et serions-nous exemplaires, malgré la pression des proches, les critiques des fans, les négociations des agents et les attentes des coéquipiers ? C’est un point sur lequel Howard est revenu, et qui impose forcément quelques bonnes minutes de réflexion.

“Quand je suis arrivé dans la Ligue, je pensais que j’allais jouer pour toujours. Et je veux encore jouer jusqu’à mes 40 ans, mais je pensais que je pouvais tout donner jusqu’à 60 ans. C’est ce qui arrive quand vous êtes jeune, mais une fois que vous vieillissez, vous réalisez qu’il y a des choses bien plus importantes dans la vie. […] Je sais qui je suis, mais dans ce monde, les gens veulent toujours vous forcer à devenir ce qu’ils veulent vous voir devenir, plutôt que de rester vous-même. Pour de nombreux basketteurs comme nous, on arrive en NBA tellement jeune et votre vie est exposée publiquement, et vous êtes forcé à devoir grandir rapidement devant le monde entier. Le monde voit toutes les bonnes choses, mais il voit aussi toutes les erreurs que vous commettez, donc vous êtes obligé de grandir en un rien de temps et des fois vous voulez juste rester un enfant, mais vous ne pouvez pas. Il y a beaucoup de leçons de vie que j’apprends encore, mais je suis content de voir mes avancées.”

Dwight l’a toujours dit, et cela se voyait d’ailleurs assez bien à Orlando à ses débuts. L’aspect familial a toujours été important dans sa réussite individuelle comme collective. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’éclatait avec ses potes du Magic, qu’il emmenait sa franchise en Finale NBA et qu’il tapait danses sur danses avant, après ou pendant les matchs. Pour ce jeune homme, qui a grandi dans une tempête émotionnelle extrême, le vestiaire est un véritable temple, un refuge dans lequel aucune pression extérieure ne peut agir. Et quand celui-ci est présent pour encadrer son évolution, on peut voir les plus belles histoires s’écrire dans notre ligue préférée. Mais parfois, et c’est hélas une réalité que nous devons aussi assumer, les trajectoires sont nettement différentes et les issues peuvent devenir terribles. Combien de fois avons-nous mentionné le cas Greg Oden, un joueur tombé dans l’alcool et les violences conjugales, à cause d’une spirale infernale démarrée par des soucis physiques ? Combien de fois devrions-nous remettre le dossier Eddie Griffin sur la table, lui qui a mis fin à ses jours pour des raisons que de nombreux proches lient à l’argent, la pression extérieure et la jeunesse ?

Pour chaque LeBron ou Kobe, il y a un Darko Milicic ou un Adam Morrison. Et si la tentation évidente est de se marrer en voyant leur carrière sportive, il est préférable de comprendre le contexte entourant ces hommes et les parcours traversés pour mieux juger. Dwight a retrouvé un refuge à Atlanta, mais il le rappellera autant de fois que possible : ce n’est pas facile pour tout le monde de grandir en NBA.

Source : The Vertical