La prolongation de Rudy Gobert : 102 millions sur 4 ans, quel impact sur le long-terme ?

Le 01 nov. 2016 à 07:55 par Bastien Fontanieu

Rudy Gobert - Français
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En apprenant la prolongation du pivot tricolore dans sa franchise de toujours pour 4 ans et 102 millions de dollars, plusieurs questions se sont posées concernant le futur proche comme l’avenir lointain du Jazz : zoom sur celles-ci, tout en félicitant Rudy.

S’il y a bien une franchise qui n’avait pas encore vécu d’impact direct concernant la hausse du salary cap issue des droits télévisés, c’était celle de Salt Lake City. Certes, Gordon Hayward avait déjà pu toucher quelques gros billets lors de sa première prolongation (63 millions sur 4 ans), et Alec Burks était lui aussi félicité pour ses progrès, mais on était très loin d’atteindre la barre des 20 millions pour quelconque joueur, un niveau désormais dépassé par Gobert. Car en signant pour 102 millions sur 4 ans, même si on ne possède pas encore les détails année par année du contrat, il n’y a pas besoin de TI 89 pour comprendre que Rudy va prendre autour des 25 millions la campagne. Et c’est cette barre symbolique qui va déclencher une série de réflexions et de décisions majeures dans la franchise, en voyant le talent mis à disposition et l’évolution attendue de ce groupe à fort potentiel.

Pour commencer, une bonne nouvelle s’impose. Au-delà du statut de frenchie le mieux payé de la planète basket, Gobert va pouvoir rendre un assez gros service à ses fans grâce à sa belle loyauté. En effet, avec cette prolongation dans la franchise où il a toujours joué, Rudy ne va pas tacler les finances du Jazz dans l’immédiat. C’était d’ailleurs un des objectifs de cet accord rapide, au-delà de l’aspect sécuritaire réservé au pivot. Pour Utah, il était question de chrono, car dans le cas où un contrat n’était pas signé, les discussions auraient impacté l’été 2017. Et on vous la fait courte, quel joueur peut bien être sur le marché en juillet prochain, et que le Jazz voudra impérativement garder dans son effectif ? Monsieur Gordon Hayward, en premier lieu. Du coup, avec sa fat prolongation, Gobert rentrera dans le listing financier dans un an seulement, ce qui permettra à Utah de faire de la bonne drague auprès de son ailier sans avoir à compter son argent. Et quand on sait que George Hill viendra lui aussi toquer à la porte du management local pour obtenir un nouveau deal, c’est un détail qui pourrait faire toute la différence.

Maintenant, le ciel n’est pas uniquement bleu lorsqu’on se rapproche des montagnes de Salt Lake. Après tout, avec cette pression du résultat immédiat et d’une qualification en Playoffs, il faudra impérativement prolonger ces anciens, non ? Donc Hayward et Hill, sur des bases qui promettent d’être assez exorbitantes. Et c’est là que les affaires pourraient se compliquer dans l’Utah, lorsqu’on se penche sur les pépites qui crèchent dans le coin et voudront obtenir leurs sous. Car si Derrick Favors, Dante Exum, Rodney Hood et Trey Lyles seront probablement sous le régime avantageux des Bird Rights, il faudra hiérarchiser les salaires des joueurs au sein de la franchise. Et là, bonjour le bordel. Le Jazz aura certes la possibilité de proposer de la qualifying offer à gogo et des contrats max aux premiers qui toquent à la porte, mais qui sera le joueur le mieux payé ? Et qui trinquera le premier en étant obligé de faire ses valises ? En voyant Gobert prendre près de 25 millions la saison, on a tendance à grincer les dents en imaginant ce que Gordon va demander, sans parler du trio Hood – Lyles – Exum qui va progresser à une vitesse folle lors des prochaines saisons. La prolongation de Rudy est donc une excellente nouvelle d’un point de vue sportif, mais elle imposera aussi au Jazz de devoir affronter un dilemme bien connu chez le Thunder de l’époque Russ-KD-Ibaka-Harden : qui doit-on garder dans un petit marché, et est-ce qu’il s’agira du bon choix ?

D’un pur point de vue individuel, Rudy peut avoir le sourire aujourd’hui. Son avenir semble doré, son équipe progresse et son banquier fait la danse du ventre. Mais côté Jazz, les happy days de l’évolution globale mèneront bientôt à un inévitable dilemme concernant les joueurs à conserver. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’en ce qui concerne le premier à avoir été prolongé, Utah ne s’est pas trompé.