Interview TrashTalk x Gérard Baste : “Quand Jordan était au sommet, tu pouvais pas passer à côté”

Le 28 oct. 2016 à 18:07 par Bastien Fontanieu

Gérard Baste interview
Source image : Suzette

Quand on s’appelle Gérard et qu’on est dans le game depuis aussi longtemps, on impose le respect. Et quand on sort un album solo ce vendredi (Le Prince de la Vigne) mais qu’on accepte de prendre quelques minutes pour parler NBA avec TrashTalk, on impose la classe.

Après avoir participé aux grandes heures du rap français via les Svinkels ou le Klub des 7, puis fait pas mal de téloche que ce soit sur Game One ou MTV, Gérard Baste revient derrière le micro pour un tout premier album solo qui devrait faire particulièrement plaisir à la légende de Cleveland. Un pur flow, du bon gros son, une bonne humeur quotidienne et le tout avec du Dennis Rodman dans le sac à dos, on se pose autour d’une bière avec Gérard car il n’y a rien de plus normal et constitutionnel que cette phrase.

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Salut Gérard ! Merci pour ces quelques minutes accordées. On voulait commencer par le plus évident : pourquoi avoir attendu si longtemps avant de lancer ton album solo ?

En fait, j’étais toujours pris par mes autres projets ! Je voulais faire un album solo depuis mes débuts, j’ai commencé en groupe avec les Svinkels, mais dès le début je voulais faire des trucs solo. A l’époque c’est un truc qui se faisait beaucoup, avoir son crew. Et entre les albums en groupe, avec le Klub des 7, Fuzati, puis la télé… c’est vrai que j’ai jamais vraiment eu le temps de me foutre là-dessus. En gros, ça fait 20 ans que j’en parle !

Ta découverte du hip-hop s’est faite dans un ensemble mais notamment via le graff je crois, et avec des artistes comme les Beastie Boys ou Run DMC, mais si tu devais dessiner tout ton paysage, le basket aurait quelle place là-dedans ?

Il a toujours eu sa place car c’est une part de la culture black américaine. Quand ce mouvement est arrivé en France et qu’on l’a découvert, c’est pas le basket en tant que sport qui m’intéressait mais la culture qui allait avec. Je regardais le basket que pour les tenues en fait ! Pour les reconnaître, voir ce que les mecs avaient aux pieds, etc.

C’était donc surtout vestimentaire ?

Ouais, surtout ! Culture street américaine, liée au basket. Le point d’orgue ça a surtout été les JO de Barcelone, là c’était la folie. T’sais on avait les posters de la Dream Team et on regardait ce qu’ils avaient aux pieds ! Donc t’avais les Barkley qui sortaient cette année-là, les Ewing, même des marques qu’on oublie genre Avia, Pony. Le basket c’est vraiment une culture que je connais via ce côté-là, je connais pas vraiment l’histoire complète de la NBA mais tu vois je me souviens que Jordan n’avait pas le droit de porter des pompes noires, c’était interdit… Et comme je venais du graffiti, y’avait aussi les logos !

Ah ouais ? C’est énorme !

Grave ! Tu vois les Celtics c’était mon équipe préférée parce que non seulement j’étais blanc (rires), donc je m’identifiais grave au côté Boston et les Irlandais avec un logo old-school, mais le logo était vachement lié à ça !

C’est ouf ! Du coup, y’a souvent une phrase qu’on aime ressortir car elle résonne beaucoup dans le monde du hip-hop, et on voudrait bien ton avis. “Chaque basketteur a voulu devenir rappeur, et chaque rappeur veut faire du basket”, t’en penses quoi ?

Je pense que c’est lié aux rêves des jeunes de quartiers. Tu grandis en voulant ça, c’est évidemment lié mais en même temps presque tous les rappeurs jouent au basket pour s’amuser, alors que très peu de basketteurs ont réussi dans le rap. Y’en a quelques uns, je me souviens du Shaq qui avait réussi à percer, Iverson, et puis Tony Parker (rires).

Identitairement, si je te demande de me sortir 3 basketteurs qui t’ont marqué pendant ton adolescence ? Pas forcément niveau production hein, mais dans tes souvenirs.

Rodman. Déjà, je le cite dans un titre des Svinkels, “sulfureux comme Dennis Rodman”. Moi ce que j’aime avec lui ce sont ses frasques. Son look, ses tatouages, les cheveux de toutes les couleurs, quand il débarque habillé en mariée… Après ça reste lié à la grande époque des Bulls, c’est là que j’ai le plus suivi le basket, t’avais Pippen, Jordan et Rodman. En fait, quand Jordan était au sommet, tu pouvais pas passer à côté, même si t’aimais pas le sport. Par exemple moi, j’aime pas le sport, y’a que le basket que je peux un peu regarder. Mais à cette époque il se passait un truc avec lui tu vois, il fallait absolument le regarder jouer. C’était un régal.

Et tes autres souvenirs liés au basket ? Allez, raconte.

Quand j’étais gamin, il y avait un dessin animé qui s’appelait Harlem Globe Trotters, c’était en mode Jackson 5 et ça passait sur la une, t’sais à l’époque y’avait trois chaînes (rires) ! C’était une série avec des blacks qui faisaient des matchs, en mode Olive et Tom qui faisaient du basket.

Normal ! On parlait vestimentaire tout à l’heure, et on voit aujourd’hui l’impact du monde de la pompe. Jordan, Nike, Adidas, est-ce que t’as été impacté par cette culture et quelle place ça représentait ?

C’était tellement dur de choper de bons modèles ! On se rappelle de l’arrivée des premières boutiques ici aux Halles, y’en avait une qui s’appelait Top Basket je crois… Ils avaient les premières Pump, on était comme des oufs ! Et à l’époque c’était déjà cher mais surtout rare ! Donc quand t’avais une paire tu rasais un peu les murs en fait (rires). J’ai eu plein de paires, jamais été trop dans les Nike ou Jordan, mais la pompe dont j’étais le plus content quand je l’ai eu c’était ma première paire de Ewing.

Tu m’étonnes ! En tout cas, merci pour ce petit moment culture-basket, un dernier truc à ajouter ?

Ouais ! C’est par rapport à mon guitariste sur scène, t’es au courant qui c’est ?

Euh…

Bah, c’est Waxx.

Ah mais oui ! Dingue ! En plus on a fait un Apéro avec lui !

Dis-toi que depuis qu’il est mis avec nous on parle pas mal basket, je lui montre mes gadgets de l’époque parce que je collectionne les petits bonhommes Lego tu vois, et Lego a fait une série NBA il y a quelques temps. Mais c’est un fanatique total des Pistons ! Et du coup, vu que je suis avec lui, Dr Vince et Monsieur Xavier, le surnom qu’on met sur nos affiches… c’est Motor City Bad Boys (rires). Voilà, c’est juste une dédicace à Waxx, petit clin d’oeil NBA !

C’est ouf ! Merci encore !

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  • Gérard Baste – Le Prince de la Vigne
  • Sortie : vendredi 28 octobre 2016
  • Disponible : ici
  • Concert : Elysée Montmartre, le 28 janvier 2017