Jerry Schatzberg, entre bobines et triangles : “Avec les Knicks, j’espère ne plus souffrir…”

Le 13 oct. 2016 à 17:57 par Bastien Fontanieu

Jerry Schatzberg
Institut Lumière / Photo Olivier Chassignole

Avant, ce samedi, la grande nuit des films de “Bande de potes”, le Festival Lumière de Lyon a reçu le réalisateur new-yorkais Jerry Schatzberg. L’occasion de parler des Knicks, de Walt Frazier, de Jeremy Lin, de Lebron James…

Faye Dunaway, Al Pacino, Meryl Streep et Gene Hackman ont tous tourné avec lui, le new-yorkais pure souche. A Lyon, il est venu présenter son meilleur film, Panique à Needle Park, et parler basket ! Avec Woody Allen et Spike Lee, Jerry Schatzberg est le troisième réalisateur new-yorkais mythique… fan des Knicks. “Ça m’a toujours surpris que New York ait de bonnes équipes, en football et base-ball, même si le hockey reste un mystère pour moi…” Un mec qui, visiblement, n’est pas allé au Garden depuis un bail…“J’y suis allé souvent, puis j’ai eu du mal, puis j’ai souffert, souffert et souffert, donc j’ai arrêté et je suis retourné voir les Mets,” en rit-il, jaune. “J’espère ne plus souffrir. Les Knicks ont été un peu dépressifs à regarder jouer pendant des années. Les Knicks, c’est mon équipe. Là, on est sur un processus de reconstruction, avec des joueurs de chez nous… Après, de savoir d’où ils viennent, vu qu’ils repartiront aussi vite, ce n’est plus la même chose.” Et d’enchaîner : “La loyauté, c’est le plus important, il faut respecter la loyauté…”L’occasion d’évoquer Starks, Mason, Oakley, Ewing, Harper : “C’était une belle équipe, qui donnait envie de la suivre. Aujourd’hui, on a Jeremy Lin qui explose, puis qui voyage, avant de revenir aux Nets, alors…”

“Aujourd’hui, on a Jeremy Lin qui explose, puis qui s’en va, puis qui revient… aux Nets, alors…”

A 89 ans, sa vision de ce que doit être le basket reste très claire : “C’est devenu un jeu d’échecs et de data, genre combien tu pèses ou de combien de dixièmes de rebonds tu peux t’améliorer dans tes stats…” Et de conclure, catégorique : “J’ai l’impression que le basket est aussi devenu un sport de blessures…” Rien à voir avec ses débuts… Sa carrière avait commencé dans les années 60 comme photographe de mode avec, entre autres… Walt Frazier, l’homme au chapeau rose, au col roulé violet et pantalon à patte d’eph’ orange. “Il avait du charisme, et s’habillait de manière improbable, le hic, c’est qu’il s’habille toujours comme ça….”, en rigole t-il. Sa Rolls-Royce grise serait, elle, portée disparue. “C’est un super mec, j’aime ses commentaires, précise Schatzberg. En base-ball, un mec comme Keith Hernandez ne parle que de lui alors que Walt Frazier parle du jeu…” Parler des Knicks, un grand kiff’… Son joueur préféré ? Bill Bradley, qui deviendra plus tard le candidat démocrate à la Maison blanche, en 2000. Une manière de rester connecté aux élections présidentielles. “Le racisme est un gros sujet aux Etats-Unis aujourd’hui, qui pose un vrai problème”, soupire t-il. “Un mec comme Lebron James est écouté, il s’en saisit, il a raison, il écrit l’histoire de l’Amérique. La liberté de parole, il faut s’en saisir et les joueurs sont en train de le faire, c’est à la fois normal et très bien…”

Propos recueillis par BF.

A voir : du 8 au 16 octobre, la programmation du Festival Lumière, de Quentin Tarantino à la nuit “Bande de potes”, en passant par Jerry Schatzberg : http://www.festival-lumiere.org/

Lien – trailer : Panique à Needle Park – le chef d’oeuvre de Jerry Schatzberg ci-dessous