Rick Mahorn : de tous les Bad Boys, “McNasty” était probablement le pire

Le 21 sept. 2016 à 17:16 par Alexandre Martin

Rick Mahorn

Depuis la saison 1976-1977, George Blaha est LA voix des Pistons à la radio et à la télévision. Ce monsieur désormais âgé de 71 ans a tout vu de Detroit en termes de balle orange et même tout court. Un jour, en plein apogée des Bad Boys vers la fin des années 80, ce cher George a tout simplement déclaré à propos de Rick Mahorn qu’il était le “pire Bad Boy de tous”. Et, soyez-en sûrs, ce n’était pas une critique mais bien un compliment, certainement le plus beau qu’on puisse faire à un gars comme “McNasty”…

Pourtant, dans sa carrière faite de 18 saisons NBA et d’une en Italie, Derrick Allen Mahorn dit “Rick” n’a joué que six années à Detroit et seulement quatre – 1985 à 1989 – au sein de ce commando d’élite appelé les Bad Boys et décrié de part et d’autre de la Grande Ligue. Mais si, au sein de cette escouade bagarreuse, le général en chef était bien Isiah Thomas et le patron défensif était Bill Laimbeer, l’ami Rick a excellé dans un rôle de soldat positionné en première ligne. Il avait conscience de ses limites et il a su faire sa place avec ses qualités comme il l’a un jour expliqué en interview :

Je ne suis pas un Michael Jordan ou un Dr J quand il s’agit de sauter dans les airs mais je dois juste utiliser mes attributs pour faire le job.

“Et vos attributs sont ?”, demanda le journaliste.

Je pense… mon derrière. (éclate de rire)

Il faisait ici certainement référence à cette fois où il a poussé Larry Bird hors du terrain du coup de fessier discret et autoritaire. Effectivement, Mahorn ne pouvait pas compter sur une grosse détente et sa technique balle en mains état plutôt frustre. Dans ses meilleures années, il n’a que rarement dépassé les 10 points de moyenne sur une saison mais il s’en fichait pas mal, il n’était pas là pour ça. Drafté par les Bullets en 1980, il y passa 5 saisons sans y faire trop de bruit et fut échangé à Detroit pendant l’été 1985. Et il s’est parfaitement intégré à ce roster dirigé par Chuck Daly et qui commençait à nourrir de sérieuses ambitions. Isiah Thomas et Bill Laimbeer étaient déjà les boss, Joe Dumars  venait d’être drafté et Vinnie Johnson était là depuis 3 saisons. D’abord utilisé en sortie de banc pendant ses deux premiers exercices à Motor City, Mahorn a petit à petit fait son trou grâce à ses fameux “attributs” et pas seulement son derrière comme il aimait à l’expliquer.

En effet, si sa détente lui permettait tout juste de sauter par-dessus un trottoir, ce bon Rick disposait de 110 kilos de muscles répartis sur 208 centimètres de méchanceté et d’un goût du vice sans limite. Le gars parfait pour accompagner Bill Laimbeer dans la raquette soir après soir afin de distiller ce mélange subtile entre dureté défensive et acharnement au rebond le tout saupoudré de quelques coups de coudes mais aussi de passages en force bien provoqués, de positions contestées ou encore de ballons arrachés dans les mains adverses. Sur deux des plus grandes saisons de l’histoire des Bad Boys, de 1987 à 1989, Bill et Rick ont magistralement tenu la raquette des Pistons. Car Rick Mahorn n’était pas juste un joueur vicelard. C’était un très bon rebondeur, un soldat toujours prêt à faire rempart de son corps pour empêcher l’ennemi de progresser et doté d’une excellente compréhension des situations défensives. Combien de fois l’avons-nous vu provoquer un marcher d’un opposant après lui avoir fait le “coup de la chaise ? De nombreuses fois…

Exemple ici avec Luc Longley

Combien de fois l’avons-nous vu être l’instigateur d’un début de fight ou tout simplement faire sortir un gars de son match à force de lui rentrer dedans, de le pousser, de lui mettre des petits coups ? Oh oui, souvent, très souvent…

Quelques exemples ici au cours des Finales de 1989 face aux Lakers

Rick Mahorn était ce gars pas forcément très influent si l’on s’en tient aux lignes statistiques mais tellement important au sein d’un collectif ainsi que pour peser dans les têtes adverses. Le genre de gars que personne n’a vraiment envie d’affronter, que tout le monde préfère avoir dans son camp…

D’abord quand j’ai vu cette équipe, j’ai vu Isiah Thomas et je n’aimais pas ce type. Et c’était le truc marrant car quand j’ai été échangé à Detroit, c’est le premier coup de fil que j’ai reçu et j’ai reconnu la voix (celle d’Isiah) et il a dit : ‘Je suis tellement content de ne plus avoir à te rentrer dedans dorénavant.’ — Rick Mahorn

Ensemble, Mahorn et Thomas vont remporter une bague en 1989 donc. C’est à peu près tout ce qu’il y a dans le palmarès de ce bon Rick avec une sélection en All-NBA Second Defensive Team en 1990 alors qu’il avaut filé chez les Sixers pour évoluer aux côtés de Charles Barkley, un autre ennemi très content finalement de l’avoir avec lui.

Jamais All-Star, il n’en avait ni les chiffres ni les attributs donc. Jamais vraiment considéré comme une vraie solution offensive par les coachs qui l’ont eu sous leur direction. Rick Mahorn présente des stats de 6,9 points et 6,2 rebonds en carrière ce qui n’a rien d’incroyable. Après son passage à Philadelphie, il est retombé dans un certain anonymat mais est resté encore 7 ans dans la ligue pour prendre discrètement sa retraite à 40 ans en 1999. En attendant Rick Mahorn reste ce membre essentiel de l’une des meilleures équipes de l’histoire NBA. Un soldat de l’ombre, un soldat titré. 

Source image : YouTube / Pistons.com


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