Le discours d’Allen Iverson au Hall of Fame entièrement traduit : une déclaration d’amour à consommer sans modération

Le 11 sept. 2016 à 01:08 par Bastien Fontanieu

Ce vendredi, ceux qui ont eu la chance de voir le discours de AI en direct ont pu entamer leur samedi avec des émotions vives. Mais on sait aussi que d’autres n’ont pas pu capter tout ce que le lutin génial souhaitait transmettre à ses fans : pas de problèmes, on est là (retrouvez aussi la traduction du discours de Shaquille O’Neal ici et celui de Yao Ming là).

Trente minutes au pupitre, à traduire dans les grandes lignes ? C’est cadeau, pour nos amis et nos amies fans de Shakespeare, qui sont bien plus doués dans la langue de Molière que nous. S’il y a quelques passages manquants, notamment lorsque le Hall of Famer mentionne ses proches, ce n’est pas par omission mais simplement car les surnoms sont parfois compliqués à remettre dans leur contexte. Mais pour le reste, vous aurez la très grande majorité du discours, avec références et blagues, avec hommages et émotion. Voici donc, en quelques paragraphes et vidéo ci-dessous à l’appui, le speech d’Iverson pour son intronisation au Hall of Fame. Enjoy !

Wow. Je vous aime tous aussi. D’abord, j’aimerais remercier Dieu, pour m’avoir aimé, et béni. Je le remercie pour m’avoir permis d’être l’homme que je suis, sans avoir de regrets, être celui que ma famille aime, mes amis aiment, mes coéquipiers aiment, mes fans aiment. J’aimerais remercier Monsieur Colangelo et le Hall of Fame pour m’avoir honoré ainsi, c’est un honneur qui me rend humble.

J’aimerais remercier Coach Thompson… pour avoir sauvé ma vie, pour m’avoir donné cette opportunité. J’étais recruté par toutes les écoles du pays, en foot américain comme en basket, puis un incident a eu lieu au lycée et tout s’est envolé. Plus aucune équipe, plus aucune école ne voulait me recruter. Ma mère est allée à Georgetown et l’a supplié de me prendre, de me donner une chance, et il a accepté. Et c’est fou de penser que vous êtes le meilleur joueur de foot américain au monde, ce qui était le cas, et d’être aujourd’hui ici, au Hall of Fame du basket. Maintenant… dites-moi que Dieu n’est pas bienveillant.

Après avoir quitté Georgetown, j’étais un basketteur correct, j’avais du talent. Mais une fois que j’ai commencé à écouter Larry Brown, et ai accepté d’être critiqué, c’est là que j’ai compris à quel point c’était un très, très, très grand coach. Une fois que j’ai commencé à le suivre comme je devais le faire, et être coaché comme je devais l’être, c’est là que je suis devenu MVP, c’est là que je suis devenu All-Star, c’est là que j’ai été nommé dans les All-NBA Teams. Une fois que j’ai eu son message, et que j’ai suivi ses ordres jusqu’au bout.

Dr J… Ses pas, c’étaient de grands pas que je devais suivre, littéralement. Et quand je suis arrivé à Philadelphie, c’était pas facile en ne chaussant que du 44. Mais il a toujours été là en soutien, tout au long de ma carrière, il m’a donné beaucoup de sages conseils, c’est juste un grand homme… et bien old-school. Je me souviens rentrer de l’école un jour, et ma mère me disait d’aller à l’entraînement de basket. Mais je lui disais ‘l’entraînement ? Quel entraînement, le basket c’est soft, je suis un joueur de foot américain’, et elle m’a tout de suite calmé. Tu t’en souviens, maman ? J’ai pleuré, j’ai crié, j’ai frappé, et il fallait me traîner littéralement jusqu’à l’entraînement. Une fois que j’y suis arrivé, j’ai vu que tous mes coéquipiers du foot étaient là, donc je me suis mis à jouer au basket et je dois remercier ma mère pour cela.

Mon père… voilà ce que tu as créé, voilà ce que tu as fait. Et je suis si fier d’avoir eu une personne comme toi en exemple à suivre, et être un père qui prend soin de ses enfants, me montrer la façon de prendre soin de sa famille. Et tu m’as transmis cela, j’étais chanceux de pouvoir partir avec cela. J’apprécie tout ça, et je t’aime.

Ma tante, meilleure tante du monde, sans hésiter. Je t’aime tellement, tu étais parfaite. Mes oncles, je vous ai vraiment suivi dans ma vie. Vous êtes tellement importants pour moi, m’avez tant appris, sur la famille. Je sais que Nana (sa grand-mère) est tout en haut, qu’elle nous regarde, et j’espère qu’elle est fière de moi.

Mes enfants. La plus âgée, Tiarra, aka ‘Papa envoie-moi de l’argent’. Mon fils, Allen Iverson II, je suis fier de toi. Isaiah Iverson, tellement intelligent qu’on l’appelle le professeur. Quand on a besoin que quelque chose soit réparé dans la maison, sa mère me dit de demander à Isaiah, comme ça il me montrera comment faire. Je suis fier de toi, poursuis tes rêves et continue sur ta voie. Messiah, je t’aime. Tu es si grande, je suis fier de toi, tu me rends si heureux. Dream… ‘Coucou ! Comment ça va ! Bien ? Ok !’ Je l’aime tellement, depuis qu’elle est née elle doit dormir avec papa. Elle a sa propre chambre, son propre lit, mais elle doit dormir avec papa. Mais je voudrais tous vous remercier, pour avoir été ma béquille durant ma carrière. Quand je subissais une sale défaite ou que je n’avais pas bien joué, quand les médias me traitaient comme ils l’ont fait pendant ma carrière, je rentrais toujours à la maison en oubliant tout ça, dès que je vous voyais. Merci pour tout, merci d’avoir été là pour moi, je vous aime tant.

Il faut que je remercie cet homme, car je vous promets qu’à mes débuts il n’y avait pas de Hall of Fame de prévu, mais il m’a donné le chemin à suivre. Vous savez, vous essayez d’être rapide comme Isiah, de tirer comme Bird, de prendre des rebonds comme Barkley, de faire des passes comme Magic et de dominer comme Shaq,… mais je voulais être comme Jordan. Je me souviens de la toute première fois, quand j’ai joué contre lui. Je me ramène sur le terrain, je le vois devant moi, et pour la première fois de ma vie, un être humain n’avait pas l’air réel pour moi. Nan, sérieux, je sais pas si vous avez déjà vu le show de David Chappelle, mais il y a un épisode où il parle de ces moments où vous voyez apparaître Rick James, et je voyais littéralement son aura, on aurait dit qu’il brillait. Je me disais que c’était dingue, il était devant moi, je n’arrêtais pas de le regarder, je voyais ses pompes et réalisais qu’il portait des Jordan. C’était Mike, c’était mon idole, c’était mon héros. Je me souviens avoir haït les Knicks, et les Bad Boys pour l’avoir traité ainsi. Et je me souviens le regarder à la télé, assis sur la petite table de ma mère, et elle me disait de reculer de l’écran avant que je ne devienne aveugle. Mais je voulais être aussi proche que ça de lui, même en le regardant.

Ma soeur, Brandy, je t’aime. Tu es la meilleure, je t’aime pour toutes ces fois où je te filais 100 dollars et tu m’en rendais 95, je t’aime pour tout ce que tu as fait en soutien à ton grand frère. Pour tous ceux qui ne sont plus là et sourient en me regardant d’en haut, j’espère que vous êtes fiers de moi. Mes amis, je vous aime (Iverson liste ses proches dont ses amis d’enfance, la famille de LeBron, de Chris Paul, de Monty Williams, son agent Leon Rose). Gary Moore, où dois-je commencer ? Disons, quand j’avais 8 ans. Je t’aime, merci pour m’avoir guidé tout au long de ma carrière, merci pour toute ton aide. Quand j’avais des soucis à l’école, tu étais là pour que je sois concentré et que j’évite d’être renvoyé. Merci pour m’avoir tant appris sur le sport. Que si cela doit se jouer entre toi et moi, ce sera moi au final. Je t’aime et je ne peux te remercier assez.

Boo Williams, quand on a remporté notre tournoi national à 17 ans… j’attends toujours les pompes que tu m’avais promises. Peut-être que je les aurai un jour.

J’aimerais remercier Biggie Smalls, Redman, Jadakiss, Tupac et Michael Jackson (Jim Jones, Camron, Fabolous et Mase sont également cités précédemment) pour avoir été la bande-son de ma carrière.

Aberdeen (son école primaire), je suis devenu un vrai athlète en jouant aussi là-bas, jusqu’au lycée. Mike Bailey a été le premier à m’apprendre à jouer au basket, c’était mon coach au lycée. Je t’aime, toi et ta famille, merci pour tout ce que tu m’as apporté et donné. Mes coéquipiers également, avec qui j’ai joué à l’école.

Ma famille de Georgetown, vous connaissez déjà leurs grands pivots, mais j’aime tous ces gars. Dikembe (Mutombo), Patrick (Ewing), Alonzo (Mourning), c’était pas facile de suivre tes exploits. (Iverson cite ensuite ses coéquipiers universitaires). Dean Barry. Je ne serais peut-être pas là, s’il n’y avait pas eu Dean Barry. C’est lui qui m’a appris le crossover. Le mec n’avait même pas son nom au dos de son maillot, mais à l’entraînement il me tafait tellement avec ce move que j’ai décidé de mettre ma fierté de côté et lui ai demandé de me l’apprendre. Et je restais avec lui chaque jour après l’entraînement, afin de perfectionner ce geste. Et après toutes ces années, Allen Iverson est aujourd’hui connu pour son crossover.

Il faut que je remercie Reebok. Il le faut. Sérieux, un contrat à vie ? Wow.

La NBA, la NBPA, David Stern, Adam Silver, Billy Hunter, merci pour tout votre soutien.

Pat Croce (ancien propriétaire des Sixers). La seule chose que je peux dire, quand je pense à lui, c’est cet amour. Et cette foi, en moi. Il pensait que je pouvais être cet homme, capable de porter une franchise sur mes épaules. C’était dur, j’avais des hauts et des bas, mais j’ai finalement réussi et je t’aime, Pat.

Marc Zummof, le meilleur commentateur au monde, sans hésiter. Il fallait que je le mentionne, car je veux le voir sur de plus grandes chaines, à faire la même chose. Scott Rego, Docteur McPhilemy, pour m’avoir maintenu en bonne santé, enfin presque, pendant toute ma carrière.

Pour les médias. Une relation en ‘je t’aime moi non plus’, qui m’a rendu plus fort. J’aimerais remercier Phil Jasner, je sais qu’il nous regarde d’en haut. On a traversé quelques batailles mais je t’aime et je sais que tu me respectais en tant qu’homme. Stephen A. Smith, mon frère, tu étais toujours là avec moi. Tu seras toujours mon grand frère, je t’aimerai toujours. Tu n’étais pas censé… ne pas parler de moi lorsque je faisais des erreurs, c’était ton boulot, même avec moi en tant que petit frère. Mais tu as toujours été honnête avec moi, et tu disais les choses comme il fallait que je les entende. Je t’aime et te respecte pour cela.

Merci aux fans, du monde entier. En Chine, je les adore et ils m’aiment autant, je les apprécie pour avoir respecté mon parcours. Je vais là-bas chaque année, et je continuerai à le faire pour le reste de ma vie. Les fans de Philadelphie… la seule relation que je connaisse vraiment entre un joueur et ses fans, c’est celle entre Jordan et ceux de Chicago. Mais ma relation avec ceux de Philly, il n’y en a aucune autre comme celle-ci. Merci, merci pour le soutien au fil des années, vous m’avez permis de grandir, vous m’avez laissé faire mes erreurs, vous n’avez jamais quitté le train, et vous avez continué à me soutenir comme les vrais fans doivent le faire.

Coéquipiers des Sixers… Doug Overton, Clarence Witherspoon, Lucious Harris, Matt Geiger, Raja Bell, Dikembe, George Lynch, je vous aime. Todd McCullough, Kevin Ollie, qui est devenu un grand entraîneur… Pourquoi les meneurs deviennent toujours coachs ? C’est probablement parce qu’ils ont eu l’habitude de dire aux gens quoi faire. Nazr Mohammed, Jerry Stackhouse, Derrick Coleman, Marc Davis, Don MacLean, Samuel Dalembert, Jumaine Jones, Tyrone Hill, Vernon Maxwell qui me protégeait tout le temps et voulait toujours se battre. Theo Ratliff, Larry Hugues mon frère… Aaron McKie et Eric Snow… mes frères d’une autre mère, clairement. Je suis si fier de voir les hommes qu’ils sont devenus, les pères qu’ils sont, j’ai énormément de respect pour vous et je vous apprécie autant. Les Denver Nuggets, les fans, George Karl, Stan Kroenke, Josh Kroenke, Kenyon Martin, Marcus Camby, Chucky Atkins, Melo je t’aime, J.R Smith… Rex Chapman, Steve Hess.

Mes adversaires… Je me souviens de mon tout premier match, un homme m’avait littéralement détruit. Et jamais cela ne m’était arrivé dans ma carrière, dans ma vie. J’étais en train de pleurer, assis dans le vestiaire, Mo Cheeks est venu me voir et m’a dit de ne pas m’en faire, car un jour je collerais 36 points, 9 rebonds et 9 passes sur quelqu’un. Et je me souviens de Lou Williams que j’adore, un jour à l’entraînement je venais de lui mettre 10 points de suite et il était sur le point de pleurer. Mo Cheeks est allé le voir et lui a dit de garder la tête levée sans pleurer, car je mettais ça à tout le monde.

Je ne peux pas partir sans mentionner Shaq. Je l’aime tellement, c’est l’intérieur le plus dominant qu’on a pu voir, de toute l’histoire. Kobe, un vrai compétiteur, je sais qu’il est désormais à la retraite mais il va enchaîner et faire des choses encore plus grandes. C’est un grand homme, je l’aime et le respecte et il m’a poussé à tout donner sur le terrain. Je l’apprécie pour cela.

Tyronn Lue… Je me souviens, après cette série (Finales 2001), il est allé à Washington… et a bien été payé. Et un jour, quelqu’un était aux lancers, je lui ai dit que s’il n’arrêtait pas de faire faute comme ça sur moi, on allait se taper bientôt. Il s’en foutait. Je lui ai donc dit que la seule raison expliquant ces 5 petits millions de dollars qu’il avait obtenus, c’était pour avoir couru après moi. Il m’a regardé et m’a répondu ce que j’aurais répondu : ‘merci’ ! Et on est restés proches depuis ce jour.

Ceux qui sont restés proches de moi tout au long de ma carrière, je vous aime et j’aime le fait que vous puissiez aujourd’hui marcher le torse bombé, car vous êtes des Hall of Famers. Toutes les discussions au barbershop, les débats dans ma famille ou avec mes amis, maintenant vous pouvez dire que je suis certifié. Et les autres viendront vous dire que leur garçon deviendra un Hall of Famer un jour, et vous leur direz que vous l’aviez annoncé auparavant, quand il essayait d’y arriver.

Je vais essayer de parler de ceci, mais je sais déjà que ce sera difficile pour moi, car c’est un peu le “dernier point, mais non des moindres”. Ma personne numéro 1, dans le monde entier, sans hésiter. Tawanna Iverson… 24 années, de hauts et de bas, mais surtout d’amour vrai. Je ne peux pas te remercier assez, pour ce que tu as fait, pour moi. Et pas juste pour ma carrière, même si tu me permettais en effet d’aller au boulot tout en assurant derrière avec ce qui se passait à la maison. C’est aussi pour m’avoir aimé à ta façon, pour avoir accepté celui que je suis, et celui que je dois devenir en tant qu’exemple auprès de nos enfants. Tu es ce qu’il y a de mieux, je t’aime tant, et j’ai hâte de passer les deux prochaines décennies avec toi. Je veux que tu sois fière de toi, que tu marches ici en comprenant que tu es aussi membre du Hall of Fame.

J’aimerais tous vous remercier, pour m’avoir soutenu dans cette aventure compliquée, je vous aime vraiment pour cela car vous n’aviez aucune obligation. Et tous ces hommes ainsi que ces femmes qui me donnent des conseils dans ma vie, je vous aime aussi. Et j’aimerais enfin remercier ceux qui ne sont plus mes amis aujourd’hui. Je suis content de voir que vous avez révélé qui vous êtes vraiment, vous m’avez permis de voir que vous n’étiez d’aucun apport positif pour moi ou ma famille, et je vous apprécie pour cela. Donc si je me fais de nouveaux amis, sachez que je reconnais les signes. Merci.