Jaylen Brown bosse déjà sur son mental : apprendre à échouer et l’accepter, quitte à se ridiculiser

Le 26 août 2016 à 06:54 par Bastien Fontanieu

Jaylen Brown

La première année en NBA est un parcours du combattant qu’il faut savoir traverser de la meilleure façon possible. Certains y arrivent les doigts dans le nez, d’autres finissent par craquer, et beaucoup se joue dans la tête : le rookie de Boston préfère déjà anticiper.

Son nom est Graham Betchart. Il ne vous dit peut-être rien, a un peu moins de 40 ans, et commence à se faire une bonne réputation dans les coulisses de la Ligue. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que ce coach mental est au boulot en permanence avec des jeunes qui veulent réussir en NBA. Andrew Wiggins, Karl-Anthony Towns, Aaron Gordon, Zach LaVine et récemment Ben Simmons, une belle petite liste s’agrandissant petit à petit et possédant notamment une ligne pour Jaylen Brown. C’est beaucoup plus jeune que l’ailier a rencontré Betchart, mais depuis les deux se sont recroisés pour bosser sur cet aspect si important du jeu, celui de la confiance et de l’approche mentale. Car comme on peut le voir tous les ans, les plus beaux athlètes se ramènent aux portes de la NBA mais leur monde s’écroule quand ils se rendent compte que leur armée intérieure ne peut tenir face à la pression extérieure. Tirs loupés, airball, matchs honteux, défenses pointées du doigts, back-to-back, engueulades, voyages, les débuts dans la Ligue peuvent vous renforcer comme vous enfoncer, mais Brown n’a pas fait tout ce chemin pour abandonner aussi vite. Comme Betchart le souligne ci-dessous, dans un bel entretien disponible sur Boston.com, Jaylen va devoir apprendre à échouer et rapidement car sa première saison sera parsemée d’embûches.

Pour de nombreux joueurs âgés de 19 ou 20 ans, ils ne savent pas encore vraiment tirer. Ils n’arriveront pas à tirer à 20 ans comme ils y arriveront à 26 ans. Un des plus gros challenges, pour ces gars comme Jaylen, Ben Simmons ou Aaron Gordon, c’est qu’ils ne maîtrisent pas encore le tir à leur âge. On doit donc créer un espace mental qui permette au joueur de progresser. Jaylen va devoir louper un wagon de tirs pour maîtriser le tir par la suite. Et c’est ce processus qui est important, c’est celui-là qui permet de maîtriser quoi que ce soit. Si Jaylen refuse de tirer car il ne veut pas échouer, alors il ne travaillera pas sur son tir. S’il y a une chose que je permets de faire à ces joueurs, c’est les aider à créer un espace dans lequel ils peuvent être vulnérables et commettre des erreurs. Au basket, il faut accepter de louper des tirs et de le faire à la télé. Il va falloir le faire avec l’opinion de tout le monde sur toi, et c’est difficile à accepter.

On l’avait d’ailleurs vu pour un copain que vous connaissez assez bien, un certain Kobe lors de ses plus jeunes années aux Lakers. Les fameux sous-marins envoyés en Playoffs à Utah, trois airball consécutifs qui lui imposaient une humiliation assez hard pour un gamin de moins de 20 ans. Sauf qu’aujourd’hui ? On parle du Mamba comme l’un des joueurs les plus clutch de l’histoire de son sport… Il faut bien évidemment échouer pour mieux y arriver, mais il faut aussi accepter d’échouer, et cette partie du deal peut parfois bloquer de nombreux joueurs dont la solidité mentale peut être plus faible que chez d’autres. Si Jason Kidd est devenu un des tireurs à trois points les plus prolifiques de l’histoire, ce n’était pas en se rasant le crâne tous les matins. Exécrable à ses débuts, le meneur a accepté de se vautrer pour mieux se relever, mieux bosser, et finir avec l’image qu’on lui connaît aujourd’hui. Du coup, dans le cas de Jaylen Brown, la pression sera bien là et les attentes nombreuses. Sauveur de Boston, ou du moins joueur-déclic qui pourra permettre à la franchise de retrouver le basket fin-mai ? Voilà une belle mission pour un gros talent, mais surtout pour un énorme bosseur qui semble déjà savoir sur quels boutons appuyer. Le processus sera peut-être long, mais si les Celtics sont patients, le produit final pourrait être assez fabuleux…

Difficile de savoir si Brown offrira une pure saison rookie en NBA. Mais honnêtement ? Ce n’est pas ce qu’il y a de plus important. Car si Jaylen accepte de louper tous ces tirs, d’entendre toutes ces critiques, mais de ne pas y faire attention et de continuer à bosser, il fera passer sa première saison pour un vieux souvenir.

Source : Boston.com

Source image : YouTube


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