L’évolution de Kevin Durant : et si le petit garçon passait par la case nasty, comme LeBron en 2011 ?

Le 20 août 2016 à 10:35 par Bastien Fontanieu

Kevin Durant

C’est un aspect de son récent transfert qui n’a pas été encore mentionné, mais qui commence à montrer de vrais signes dans l’attitude sur cette colonie de vacances olympiques. KD, pointé du doigt et remis en question, va-t-il devenir un… mauvais garçon ?

On s’en souvient comme si c’était hier. The Decision, la chemise à carreaux, l’hésitation avant de dire qu’il emmenait désormais ses talents vers Sud-plage. LeBron secouait la planète à sa façon et réalisait une grande teuf publique par la suite, en affirmant qu’il ne viendrait pas en Floride pour remporter un, deux, trois ou quatre titres. La suite, on la connaît. Mais plus qu’une histoire de bagues comptées dans sa bijouterie, c’est surtout le virage identitaire pris par James qui marquait sa carrière pour toujours. Une métamorphose unique en son genre, transformant un jeune athlète adoré par toute une communauté en un monstre surpuissant hué à chacune de ses apparitions. Et comme symbole de ce nouveau visage, ce terrible mode me against the world ? Le fameux bandeau noir, un détail esthétique qui prenait finalement tout son sens en 2011. Face à l’adversité, face aux critiques et aux doigts pointés, James passait par la case la plus sombre de son histoire, une transition qui changeait sa nature et le poussait à agir… contre nature. Soudainement, la tendre bête qui souriait et dansait avant chaque match devenait cette machine embrassant les majeurs dressés devant son nez, l’athlète respecté pour ses qualités hors-normes devenait tout ce qu’un fan de basket devait… détester.

Et un peu plus tard, après être notamment passé par la case rédemption, celle du titre en 2012 contre un certain Kevin Durant, LeBron s’ouvrait sur cette période noire, avec un mélange de regrets et de fierté, d’effroi et de clarté. Conscient qu’il n’aurait pas dû agir ainsi, James réalisait que ce qui faisait l’essence même de sa réussite, c’est-à-dire le bonheur partagé sur le parquet et le plaisir créé par la victoire collective, avait disparu. Qu’il s’était laissé emporter par l’animosité ambiante de l’époque, les maillots brûlés, les insultes quotidiennes, les menaces avec en point d’orgue son retour à Cleveland, une fessée dont se souvient encore probablement Byron Scott. Le rapport avec Kevin Durant ? On y vient, justement. Après avoir passé une décennie à polir son image de gentil joueur aux capacités assassines, KD se retrouve aujourd’hui dans un virage similaire à celui du phénomène d’Akron. Contexte différent certes, périodes différentes certes, mais des premiers signes qui ne trompent pas et des déclarations qui vont justement dans ce sens. On le voit d’ailleurs en ce moment, avec Team USA, sur des séquences offensives et des réactions poussant vers ce fameux dark-side mentionné plus haut : sourcils froncés, gueule grande ouverte, Durant veut marcher sur tout le monde avec une méchanceté digne des plus grands compétiteurs, de quoi effrayer pas mal de monde en NBA comme ailleurs. Et quand on connaît le personnage, il y a cette similarité du point de vue de la transition en carrière.

Les vagues de critiques ont déjà commencé à le toucher, et elles ne font que commencer. Kevin le disait en premier cette semaine, face à des journalistes qui soulignaient justement cette nouvelle attitude. Lorsqu’il ne se soucie pas de la victoire, il est à son meilleur niveau. Et plus qu’une histoire de niveau, il est aussi dans une différente approche de son sport. Finies les fins de rencontres en tournant le dos lorsque Russell Westbrook tire des lancers cruciaux. Finies les faux pétages de plombs pour montrer qu’il en a dans le pantalon. Finies les pincettes utilisées par moment avec les médias, les larmes en conférence de presse ou les filtres placés devant les fans. Durant est actuellement sur la pointe des pieds, dansant avec joie entre le côté clair et obscur de la Force. Et comme on a pu le voir par le passé, avec un numéro 23 en mission du côté de Miami, la tentation peut parfois s’avérer trop belle pour ne pas y succomber. Oui, il y a de fortes chances que KD accepte entièrement et totalement ce côté vilain, ce costume de méchant mondial qui le poussera notamment à réaliser des performances offensives exceptionnelles. Mais est-ce que cela le mènera à un titre salvateur dès sa première saison, ou devra-t-il sombrer dans les méandres de sa pensée, afin de se souvenir de ce qui faisait la joie de son quotidien ? En 2011, James s’était enfermé dans sa chambre pendant près d’une semaine après avoir rendu les armes contre Dirk et les Mavs. Frustré, exténué, le cyborg avait subi une pression médiatique et permanente qui l’avait poussé à bout. Un été finalement révélateur, puisqu’il lui avait permis de devenir l’arme fatale la plus intouchable du basket moderne pour les 5 saisons suivantes.

Pour le moment, nous ne pourrons nous baser que sur l’aventure avec Team USA. Mais déjà, en ce moment même, les premiers signes s’imposent.  Le gentil petit ailier aux réactions enfantines est en train de laisser place à un assassin voulant tuer tout ce qui se trouve devant lui. Une perspective fabuleuse quand on la voit de l’extérieur, mais qui rongera Kevin s’il ne parvient pas à la contrôler totalement. Ask LeBron…

Source image : YouTube – Complex