L’Avis du Psy – Épisode spécial : le cabinet a pleuré des larmes bleues, blanches et rouges

Le 18 août 2016 à 17:53 par Giovanni Marriette

L'avis du Psy

Bien concentré à se mater l’intégralité des Jeux Olympiques, que ce soit le basket bien sûr mais aussi les épreuves de courses de poney ou de tir à la 22 long rifle sur ballon de baudruche, le Psy attendait tranquillement la fin de la compétition pour se remettre au boulot. Sauf que comme vous tous, le France-Espagne d’hier soir l’a mis plus bas que terre et l’a donc contraint à reprendre du service plus tôt que prévu. Car il y avait 13 Français à consulter d’urgence. Pour comprendre, mais surtout pour ne rien oublier et pour repartir au combat…

PlacePatientLe compte-rendu de la visite

10°

Thomas Heurtel

La Relève, Thomas Heurtel


Premier joueur français à être passé entre les mains encore tremblotantes du Psy, le back-up de Tony et désormais parachuté logique meneur de jeu titulaire des Bleus. Et c’est justement à ce propos qu’une visite de Thomas s’imposait au cabinet, histoire de lui enlever un peu de pression quant à un rôle de successeur de TP à la mène qui sera compliqué d’assumer. Non pas car le meilleur passeur de l’Euroleague n’en a pas les moyens mais tout simplement car s’imposer en tant que poste 1 de l’Équipe de France après Parker revient peu ou prou à vouloir s’asseoir sur le rap à Detroit sans s’appeler Eminem. Beaucoup de choses seront demandées bientôt à Thomas, sûrement un peu trop d’ailleurs, et le jeune homme devra rester concentré sur le fait de faire jouer son équipe, d’apporter sa folie en attaque et de proposer son short à David Cozette, tout simplement ce qu’il sait très bien faire depuis deux ou trois ans en Bleu. Rien de plus, si ce n’est de débuter les matchs. Pour le leadership d’autres devront également s’en charger, on y reviendra plus bas, mais le message du Psy est en tout cas très clair : c’est un Thomas appliqué que l’on voudra voir dès 2017, pas un Thomas qui voudra trop en faire, malgré les attentes qui s’annoncent aussi nombreuses que les critiques quand il ne marquera pas 15 points sous le maillot Bleu…

Nando De Colo
Nando De Colo
MVP de l’Euroleague 2015/16, MVP de son championnat, MVP du Final Four… Voilà de quel genre de mec on parle. Qu’on se le dise de suite, le tournoi olympique de Nando fut loin d’être catastrophique puisque ses 14,7 points par match lui permettent par exemple d’être le leader des Bleus au scoring. Le Psy en a fait part à son patient, on attendait évidemment “un peu” plus de l’arrière du CSKA, dans la révolte par exemple. Mais Nando est un taiseux malgré les coups qu’il prend par packs de douze et sa nature semble l’interdire de se prendre pour un patron. Sauf que l’Équipe de France va en avoir besoin et que le niveau et l’expérience internationale du bonhomme lui permettent d’aspirer à ce poste. On l’a par exemple vu prendre la parole en mode TP à la mi-temps de la finale de l’Euroleague, on attend désormais de le voir pousser des coups de gueule en Bleu, en plus bien sûr de montrer l’exemple sur le parquet. Souvent aspiré du côté des déceptions bleues durant ces Jeux, Nando a en tout cas été rassuré par le Psy sur ses performances et poussé par ce dernier à prendre la relève de Tony en tant que boss de l’EDF. Il peut le faire le Nando, faut juste qu’il s’en rende compte.

Joakim Noah

Joakim Noah


Mais que diable vient bien foutre le nouveau pivot des Knicks dans cette galère ? Et bien je vous le demande, oui vous qui n’avez pu vous empêcher hier d’assimiler l’absence de Joakim à la bérézina française. Une fois de plus. Alors bon prince, le Psy en a profité pour appeler le grand Jooks, histoire de le rassurer en lui rappelant que certains commentaires n’avaient pas leur place dans les débats concernant l’Équipe de France et que les critiques en 2016 sur son absence étaient aussi utiles qu’un coach demandant à James Harden de défendre. Bonne nouvelle pour commencer, Joakim se fout comme prévu de tout ça et cette première réponse a donc rassuré le Psy, ce dernier choisissant du coup de glisser sur d’autres sujets comme les objectifs des Knicks à la rentrée ou le nombre d’étoiles de Cleveland dans son Guide Michelin perso. Mais Joakim et votre serviteur s’allient donc une nouvelle fois pour porter ce message : continuez à associer le fils de Yannick à chaque défaite des Bleus, c’est sûrement comme ça qu’il retrouvera peut-être l’envie un jour de porter le maillot français.

Boris DiawFrançois HollandeComment opérer la digestion de cette fin olympique cruelle sans appeler à la barre le capitaine des Bleus ? Boris a donc pénétré aux alentours de midi à la cafèt du cabinet pour se faire un triple tacos avec le Psy et tailler la bavette autour du fiasco franco-espagnol de la veille, mais aussi d’un futur en Bleu qu’il faudra aplanir très vite. En gros compétiteur qu’il est, le Président en a gros sur la patate et son but est clairement de passer très vite à autre chose, même s’il convient que le chapitre qui vient de se refermer est très lourd. Babac avait besoin de parler, d’aplanir certaines choses en vue du futur et même d’un peu de réconfort qui, le Psy l’espère comme vous, poussera le nouvel intérieur du Jazz à tirer encore un an ou deux en Bleu. Pour éduquer la relève, leur lâcher les ballons alors qu’il est ouvert face au panier et surtout pour éviter qu’un trop gros fossé se creuse entre la génération Parker et la génération *insérer un nom*. Le message du Psy fût en tout cas très clair, on veut du Boris encore quelques temps sous le maillot bleu. Parce que franchement, ça ferait trop d’un coup là…

Mickaël Gélabale et Florent Pietrus
Kobe Bryant
Haie d’honneur de toute la clinique à l’arrivée de Flo et Mike au cabinet. Un passage obligatoire chez le Psy TrashTalk, non pas pour revenir sur les performances de chacun à Rio mais plutôt pour leur taper une bise et leur dire merci pour tout ce que ces deux guerriers ont donné à la France depuis tant d’années. Il fallait aussi rassurer Mike quant aux critiques s’abattant sur son apport récent et expliquer à Flo que ses 30 secondes de temps de jeu en moyenne au Brésil ne reflétaient en rien ce qu’il avait apporté aux Bleus par le passé et ce qu’il aurait même pu apporter cet été. Moerman, Fournier ou même Stéphane Guivarc’h, nombreux sont ceux qui auraient pu donner plus à l’Équipe de France en termes de statistiques, mais rares voire inexistants sont ceux qui auraient été capables d’insuffler autre chose à ce groupe que ce qui a été fait -ou pas- lors de ces Jeux. Quoiqu’on en dise, ces deux gars méritaient leur place, tant pour leur importance dans le groupe que pour tout ce qu’ils ont apporté à la France du basket depuis leur adolescence. Message passé, on espère que ces deux monuments du basket français en auront écho.

Evan FournierEvan FournierA lire certains commentaires depuis hier soir et depuis quinze jours, la France aurait été championne olympique avec Evan Fournier. Non pas que le Psy n’ai une mauvaise estime d’un mec référencé comme l’arme offensive n°2 d’une équipe de fond de Conférence, mais entre la déception de ne pas voir Evan à Rio et le fait de l’imaginer comme la solution aux problèmes de douze autres joueurs, il y a une frontière de 12 000 kilomètres que tout le monde ou presque s’est amusé à franchir sur son paddle. Alors il a fallu appeler Evan en urgence pour le prévenir, le prévenir qu’apparemment la France le prenait pour Michael Jordan et attendait de lui qu’il soit le sauveur et qu’il guérisse les maux de toute la génération qui arrive. Retiré de la vie publique depuis son éviction du groupe France par le staff, Evan vous voit messieurs dames, il vous voit faire de lui un martyr et un éventuel futur héros. Sauf que c’est beaucoup trop. Et s’il est probablement encore bien vénère d’avoir passé son été loin des Bleus, il doit probablement avoir conscience de la colère souvent très mal placée des fans français. La France aurait-elle été plus efficace avec Evan ? Oui. La France aurait-elle évité la dérouillée du 21ème siècle face aux Espagnols avec Evan ? A votre avis, laissez-moi rire.

Rudy Gobert

Roy Hibbert - Lakers

Eh oh les gars, stop la vodka, c’est pas Rudy Gobert sur la photo. Bah non, sur la photo c’est Roy Hibbert aux Lakers, et le Roy Hibbert des Lakers est un meilleur joueur de basket que le Rudy Gobert de Rio. Vous trouvez le Psy un peu dur ? Sachez que le Psy se retient. Car de deux choses l’une : en 2014 le pivot français était l’une des raisons principales au futur brillant des Bleus, il lavait du Gasol à la demande et il était également promis à juste titre à un bel avenir en NBA. Deux ans plus tard ? Rudy n’a pas progressé et il semblerait même que ce soit le chemin inverse qui ait été emprunté. Les déclarations sont là, Rudy croit posséder “un arsenal offensif intéressant” et “les posters ramassés cette année sont signes d’une présence défensive imposante”. Sauf que l’arsenal offensif de l’ancien Choletais à Rio s’est arrêté à ses rebonds offensifs et que l’on regretterait presque Fred Weis ou Jérome Schmitt, sauf que sa défense et l’intensité qu’il a déployé durant cette olympiade sont plus proches du zéro que du DPOY 2017. Rudy avait un évident passe-droit pour cet été… et il a déçu. Il a beaucoup déçu. Le Psy a donc été cash avec un gamin qu’il porte pourtant dans son cœur depuis son arrivée chez les pros, il faudra se bouger pour reconquérir le cœur des Français. Parler c’est bien, les actes c’est mieux. Ne reste plus qu’à apprendre la deuxième partie de la phrase par cœur et à appliquer ça sur les parquets. Et très vite s’il te plait.

Vincent Collet
Vincent Collet
Peut-être le patient le plus éreinté rencontré ce matin par le Psy TrashTalk. Les cernes estivales de Vincent ont accueilli hier des larmes jusqu’à pouvoir y remplir une bouteille d’1,5L et le pauvre avait besoin de se confier et d’entendre quelques mots doux, autres que la tonne de merde qui s’abat sur lui depuis hier par la plume de gens ayant la mémoire courte, de gens ne se rappelant probablement pas du palmarès de Coach Vince à la tête des Bleus. Loser éternel ? Champion d’Europe. Coaching déficient ? Médaille d’argent à l’Euro. Mauvais choix de joueurs ? Médaille de bronze au Mondial. Finales perdues en pagaille en LNB ? Médaille de bronze à l’Euro. On s’arrête là car le CV du gars tient quand même sur deux copies doubles et au cabinet on préfère donc remercier Vincent pour tout ce qu’il a apporté aux Bleus. Le titre en 2013 bien sûr, mais aussi cette culture de la gagne en Équipe de France, Tony and co. n’y sont évidemment pas pour rien mais pas sûr qu’avec une plante verte sur le banc la sauce aurait aussi bien pris, ce liant qu’il aura su mettre dans le groupe et la manière avec laquelle il aura contribué à faire du basket une place forte du sport en France. Alors oui, le gars aura décidé de mourir avec ses choix après des années passés à très bien vivre avec. Oui, le gars a décidé d’emmener à Rio des mecs qui finalement auront passé la quinzaine en pantalon. Aurions-nous fait de meilleurs choix à sa place ? La question ne se pose pas, parce que c’est beaucoup trop facile avec une bière à la main et derrière nos PC. On vous laisse donc tranquillement chercher un coach ayant plus apporté au basket français que Collet, nous on part à Positif City. On sera tranquille, y’a pas grand monde là-bas.

Nicolas Batum
Nicolas Batum
Deux heures de préparation intenses ont été utile au Psy avant de recevoir Nicolas Batum, afin de le traiter en patient plutôt qu’en coupable. Sauf que malgré tout le professionnalisme exigé dans ce genre de situation, le beau gosse de la clinique n’a pu retenir ses mots à l’arrivée du nouveau riche de Charlotte. Des Jeux Olympiques indignes de son statut, que Nico explique par un rôle différent en Équipe de France puisqu’on lui demanderait apparemment de s’effacer au profit des autres leaders. Sauf qu’il ne faut pas nous prendre pour des JaVale mon Nico, parce qu’en NBA aussi tu t’effaces mon grand. Et si tes performances aux Blazers peuvent s’expliquer par un roster qui ne t’a pas toujours permis de t’exprimer, cette nouvelle aventure que tu vis avec les Hornets ne semble pas prendre un chemin différent. Là où tu pourrais être un véritable leader tu préfères t’effacer, là où il faut se botter le cul pour avancer tu préfères te chercher des excuses qui n’en sont pas vraiment. Ton talent est immense Nico mais ton envie semble lui mettre des bâtons dans les roues. Sauf qu’aujourd’hui on a besoin d’un leader en France et que malgré tes énormes qualités tu ne le seras probablement jamais. Tu nous as pourtant déjà prouvé de quoi tu étais capable, sauf que ta disparition aux moments où on a le plus besoin de toi jette le discrédit sur tes capacités au point de te faire passer pour un escroc que tu n’es pas. Come on Nico, faut vraiment te bouger le cul là.

Tony Parker
Tony Parker
On termine évidemment cette édition spéciale de l’Avis du Psy par la réception en grande pompe du patron, aka le plus grand basketteur français de tous les temps. Celui qui a fait exploser notre sport aux yeux de tous, celui qui a contribué à faire d’une médaille internationale un objectif plus qu’un rêve, celui qui continue chaque jour à œuvrer en France pour faire avancer le basket. On ne vous le cache pas, le seum de Tony était énorme en arrivant au cabinet. Il y a même eu des larmes tiens, que le Psy a d’ailleurs vite séchées quand le meneur des Spurs lui a avoué que tout ça lui donnait envoie de lâcher un slam. Plus sérieusement, la visite de Tony au cabinet était évidemment obligatoire, tant pour réconforter le gars après une fin qu’il aurait bien sûr souhaité différente que pour l’étreindre longuement pour une carrière en Bleu accomplie de bout en bout, de son arrivée en 2001 à sa sortie malheureuse à Rio. La déception est évidemment là mais elle n’est finalement plus grand chose quand on jette un coup d’œil rapide dans le rétro et à tous les bonheurs offerts par TP et ses potes depuis quinze ans. Un Tony qui n’a plus les même skills qu’à 20 ans ni même qu’il y a dix ans lorsqu’il sweepait LeBron en finale avant d’en devenir le MVP, mais un Tony que la France se doit aujourd’hui de foutre sur un putain de piédestal pour les litres de sueur et de larmes de joie offertes depuis ses débuts. Big-up Tony, merci pour tout, tu vas nous manquer. Vraiment beaucoup.

Voilà, c’est fini, on va pas s’dire au revoir, comme sur le quai d’une gare. On va juste dire merci à certains et bougez vous les miches à d’autres. Et en fait on va juste dire merci à tout le monde car si cet été fut compliqué voire désastreux à bien des niveaux, tout cela n’enlèvera en rien le travail accompli jusque-là et les bonheurs procurés par tous ces gars-là ces dernières années. Positive attitude les gars, please.

Image de couverture : @artkor7 pour TrashTalk