Quand la FIBA et l’Islam n’arrivent pas à jouer ensemble : la triste histoire de Bilqis Abdul-Qaadir

Le 05 août 2016 à 07:31 par Bastien Fontanieu

FIBA

C’est l’histoire d’une jeune femme passionnée et croyante, comme tant d’autres. Bilqis Abdul-Qaadir est aujourd’hui face à un dilemme qui ne peut pas et ne peut plus lui être imposé : devoir choisir entre son sport, ou sa religion.

Le jour n’a pas été choisi par calcul prémédité, mais simplement par le plus pur hasard des choses. Dans quelques heures, les Jeux Olympiques seront lancés à Rio, célébrant la richesse sportive mondiale et la communion des athlètes venus d’ici et d’ailleurs. Cependant, dans le cadre du basket et donc de la FIBA, un dossier des plus tendus est actuellement en cours de traitement. Il s’agit du débat autour du port du hijab et de la pratique professionnelle, actuellement loin d’être un ‘débat’ puisqu’il est tout simplement impossible pour tout pratiquant de pouvoir exercer passion et croyance à la fois. En effet, l’article 4.4.2 des règles officielles imposées par la FIBA le stipule, les joueurs ne peuvent porter des équipements (ou objets) qui peuvent blesser les autres joueurs, dont les couvre-chefs de plus de 5 centimètres comme… le hijab. Un extrait troublant, et qui concerne évidemment de nombreuses basketteuses telles que Bilqis Abdul-Qaadir, Ezdihar Abdulmula ou Indira Kaljo, trois figures majeures de la lutte pour la modification des réglementations imposées par la FIBA. La dernière a lancé une pétition il y a deux ans afin de pousser la fédération internationale à suivre l’exemple de la FIFA, qui avait confirmé en 2014 que le port ne causait pas de potentiel danger pour les autres joueurs. En récoltant près de 70,000 signatures, Kaljo a réussi à forcer la main de la FIBA puisqu’une période d’essai de deux ans a été enclenchée pour tenter d’obtenir les mêmes conclusions que nos copains du foot, celle-ci se terminant… en août 2016. Des efforts alors soutenus par Abdulmula, cette talentueuse anglo-libyenne lançant elle aussi une pétition, qui demande à la FIBA de prolonger la période d’essai en plus de mettre un coup de pression supplémentaire afin que la réglementation change.

Pour signer la pétition, cliquez ici

Ce qui nous mène à Abdul-Qaadir, elle qui est considérée comme la première femme à avoir réellement mis les projecteurs sur ce grave problème de fond. Il faut dire qu’il y a quelques années, Bilqis était tout simplement la meilleure joueuse du Massachusetts, terminant sa carrière lycéenne avec 3061 points, soit plus que n’importe quel lycéen dans l’histoire de l’état… hommes et femmes confondus. Tourner à 42 points de moyenne pendant son année senior (2009), voilà qui pouvait aussi aider son CV. Malheureusement, après avoir terrassé la compétition et enchaîné en NCAA avec les Tigers de Memphis puis les Sycamores d’Indiana State, la jeune femme a dû faire face à la triste réalité de la réglementation FIBA. En voulant signer pour une équipe dans un championnat à l’étranger, Bilqis a buté sur l’article 4.4.2 mentionné ci-dessus et a dû faire un choix : le sport dans lequel elle a tout donné, ou la religion pour qui son coeur bat. Résultat, plus de basket pour elle, un temple sacré détruit sous ses yeux alors qu’elle avait investi toute sa vie à le construire. C’est justement en voyant son combat pour faire avancer les choses, et le relais qui a été effectué auprès d’autres jeunes femmes convaincues de devoir mettre la pression sur la FIBA, qu’un documentaire a été tourné pour raconter au mieux ce parcours saisissant. Ci-dessous, le trailer qui a été rendu disponible cette semaine, et permettra justement à de nombreux passionnés ou simples curieux de découvrir la réalité de ces sportives, bourrées de talent mais forcées à devoir faire un choix des plus lourds. Une réalité qu’on peut aussi aider à changer, aujourd’hui, ensemble.

Dans quelques jours, la période d’essai de deux ans obtenue par Indira Kaljo touchera à sa fin, avec un potentiel rejet du hijab pour toute pratique professionnelle sur les années à venir. Un scénario à la fois triste et évitable, en faisant justement tourner et signer cette pétition, qui pourra changer le destin de nombreux joueurs et joueuses souhaitant simplement allier leurs deux plus grandes joies : le sport et la religion. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut aider notre sport à aller mieux, why not act now ?

Source citations : Slam

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