C’était il y a seulement 10 ans – Dallas Mavericks : à 4 matchs près, Dirk réalisait la saison idéale

Le 03 août 2016 à 21:44 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Bilan : 60-22, 4ème à l’Ouest avec le troisième meilleur bilan de la Ligue…

Le 5 :  Devin Harris – Jason Terry – Josh Howard – Dirk Nowtizki – DeSagana Diop

Le banc : Jerry Stackhouse – Marquis Daniels – Adrian Griffith – Keith Von Horn – Erick Dampier

Le MVP : Dirk Nowitzki, 26,6 points à 48/40/90%, 9 rebonds, 2,8 passes, 1 contre. All Star et All-NBA first team

Au début de la saison 2005-2006, les Dallas Mavericks sont parmi les favoris au titre : ils ont joué les Playoffs sur les 5 saisons précédentes, pour une finale de Conférence et trois demi-finales. Dirk Nowitzki, quintuple All Star, entre dans le prime de sa carrière et martyrise les défenses par son shoot. Même si l’Allemand est le seul joueur étoilé de l’effectif, il est néanmoins très bien entouré : Jason Terry, Jerry Stackhouse ou encore Keith Von Horn sont des joueurs confirmés, et les jeunes Josh Howard et Devin Harris ont montré un potentiel très intéressant. En fait, seule la rotation au poste de pivot pourrait faire sourire : Erick Dampier et DeSagana Diop ont tous deux la maladie des mains carrés, qui les empêche de s’éloigner à plus de 1 mètre du cercle en attaque. Cependant, ils sont les parfaits compléments de leur franchise player : Dirk sait tout faire en attaque grâce à un toucher et un shoot exceptionnels, mais ne peut s’occuper du sale boulot en plus d’être un peu mollasson en défense. Du coup ce sont les deux armoires à glace qui s’occupent des écrans, des coups bas… et d’organiser la défense. Celle-ci est d’ailleurs très performante, notamment grâce à un homme, Avery Johnson. Assistant de Don Nelson, il a été promu par ce dernier au poste de head coach sur la fin de la campagne 2004-2005 et mené les Mavs à un bilan de 16-2. En Playoffs, les Texans ont échoué en Demi-Finales de Conférence, de façon assez cruelle face aux Suns de Steve Nash, parti à l’été 2004. Leur ancien meneur, MVP de la saison, les a martyrisés en plantant 34 puis 39 points sur les deux derniers matchs pour remporter la série 4-2. Dans la foulée, Marc Cuban a coupé Michael Finley – à qui il restait 3 ans de contrat – afin d’éviter la luxury tax. Le swingman était le principal lieutenant de Dirk, mais le proprio a décidé de faire confiance à Jason Terry et Josh Howard pour compenser son apport. Le double All Star s’en va ainsi renforcer les rivaux voisins, les San Antonio Spurs, mais en dehors de son départ et de quelques ajustements (dont l’arrivée de Diop), les Texans misent sur la stabilité.

Avery Johnson entame ainsi sa première saison à la tête des Mavericks, et ne tarde pas à être couronné de succès. Plus tout à fait rookie, l’entraîneur bats plusieurs records de précocité, et est nommé coach de la sélection Ouest au All Star Game, puis carrément Coach of the year. Dallas propose un rythme de jeu lent, basé sur l’attaque sur demi-terrain, mais se positionne néanmoins parmi les meilleures attaques de la Ligue. Jason Terry et Josh Howard font oublier Michael Finley en augmentant leur scoring de respectivement 5 et 3 points de moyenne, aux côtés d’un Dirk au sommet de son art qui balance 26,6 points par match à des pourcentages exceptionnels. L’équipe joue parfaitement autour de son franchise player des deux côtés du terrains, et se bat ainsi pour la première place à l’Ouest, contestée par les voisins texans de San Antonio. S’ils échouent à atteindre cet objectif en finissant 3 victoires derrière les Spurs, les Mavs égalisent tout de même le meilleur bilan de leur franchise et terminent avec le deuxième bilan de la Conférence Ouest. 

C’est alors que la magie du système de division entre en jeu : Dallas n’a fini que deuxième de sa division, derrière les Eperons. Ainsi, malgré leur bilan supérieur, ils sont placés également derrière les deux autres champions de division et héritent donc de la tête de série numéro 4 pour les Playoffs. Le premier tour face à Memphis est cependant rapidement expédié : les Texans mettent un coup de balai bien propre aux Oursons, et Nowitzki en profite pour faire la chanson à Pau Gasol. En raison de leur classement initial, les Mavs se retrouvent face aux Spurs dès les demi-finales. Le duel entre les deux meilleures équipes de l’Ouest et grands rivaux texans s’annonce palpitant. La revanche des finales de Conférence 2003 ne déçoit pas : la série est une des plus serrée de l’histoire de la NBA. Le premiers match est gagné de 2 petits points par l’équipe de Popovich, menée par un Duncan monstrueux. Les Mavericks créent la surprise en s’imposant au match suivant, avant d’enchaîner en remportant le premier match à Dallas d’un seul point, avec un Dirk collé sur la ligne des lancers francs. Le game 4 est à nouveau extrêmement serré, mais une fois de plus les hôtes l’emportent, après une prolongation arrachée par Jason Terry. Les Mavs mènent ainsi la série 3-1 mais en face les champions NBA en titre ne sont pas du genre à baisser les bras. Tim Duncan devient inarrêtable et fait gagner les siens 98-97 au match 5 avant d’égaliser la série au game 6 : la suspension de Jason Terry à la suite d’un accrochage avec Finley au match précédent pèse grandement sur l’attaque de Dallas, et malgré 26 points et 21 rebonds de l’Allemand, les Mavericks ne parviennent pas à conclure la série à la maison. Le 7ème match débute de façon étrange puisque l’équipe de Johnson prend un avantage de 20 points assez tôt… mais les deux équipes vont une fois de plus en prolongations, et Dallas l’emporte 119 à 111. A l’image de la série, Dirk et Timmy se livrent un duel de titans dans ce match décisif : le premier finit à 37 points et 15 rebonds dans la victoire, malgré la résistance exceptionnel de son vis-à-vis qui termine à 40 points, 15 rebonds, 6 passes et 3 contres…

Après avoir réglé leurs comptes avec les Spurs, c’est une nouvelle occasion de revanche qui se présente à Dallas en finale de Conférence : comme l’année précédente, les Mavericks défient les Suns de Nash, avec l’avantage du terrain cette fois. L’équipe de Mike D’Antoni leur pose cependant beaucoup moins de soucis que leurs voisins texans. En effet, Phoenix a du faire sans Ama’re Stoudemire cette année là, et le manque de taille dans l’effectif se fait ressentir face à la raquette Nowtizki – Dampier – Diop. Ainsi, dès que Dallas parvient à contrôler le rebond, les joueurs d’Arizona manquent de solution, et comme le Wunderkind a la main en feu, les deux derniers matchs de la série sont remportés sans inquiétudes. Avery Johnson conduit ainsi son groupe vers les premières finales de l’histoire de la franchise, en écartant les Suns en 6 matchs.

Le dernier obstacle vers le trophée O’Brien est le Miami Heat. L’équipe de Marc Cuban gère parfaitement ses deux premiers matchs à la maison : le Shaq est très bien contenu et comme Dirk et le Jet continuent d’avoir la main chaude, les Mavs l’emportent à chaque fois par plus de 10 points. Dans l’avion vers South Beach, ils peuvent se dire qu’aucune équipe n’a perdu les finales après avoir mené 2-0 depuis 1977. D’ailleurs, on se dirige vers un scénario identique dans le game 3, puisqu’à 7 minutes de la fin du match, Dallas mène de 13 points. C’est le moment que Dwyane Wade choisi pour activer le mode super-héros, enchaîner les coups d’éclats et faire gagner son équipe de deux points. Le soucis pour nos Texans, c’est que l’arrière n’a pas de bouton “off” : Nowitzki passe au travers de son match 4, remporté par les Floridiens, avant que Flash traumatise à  jamais les Mavs en plantant 43 et 36 points dans les deux derniers matchs, pour des courtes victoires de 1 et 3 points. Frustré par le nombre de lancers francs accordés à Wade, Cuban récolte une amende de 250 000 dollars en critiquant ouvertement l’arbitrage avant le game 6. Le Miami Heat met ainsi un gros K.O. sous forme de sweep à Dallas, qui se retrouve en position latérale de sécurité…

Gros coup moral pour les Mavericks, qui étaient si proches du titre. Après avoir ruminé cette cruelle défaite pendant tout l’été, l’équipe de Dallas revient cependant encore plus forte et déterminée. L’équipe de Johnson survole la saison régulière avec 67 victoires, derrière un Dirk MVP… avant d’effectuer une terrible glissade au premier tour des Playoffs face aux Warriors. Deux traumatismes en 2 ans, ça fait beaucoup, heureusement que Dirk a un mental d’acier.

Le moment marquant de la saison : Game 5 des finales de conférence, Dirk Nowitzki plante 50 points, record en carrière, afin de prendre l’avantage dans la série.

Cette année-là, le Wunderkind a sorti bien plus d’un match exceptionnel, mais c’est ce game 5 décisif qui représente le mieux la domination de l’ailier-fort. Après une série taille patron face aux Spurs, terminée à 27 points et 13 rebonds de moyenne, l’Allemand a continué son boulot avec 25, 30 et 28 points sur les 3 premiers matchs des finales de Conférence. Cependant, il est passé complètement à côté de son game 4, avec seulement 11 petits points à 3/13 dans la défaite des siens. Phoenix est ainsi revenu à égalité dans la série, mais malheureusement pour eux, Dirk a à cœur de se racheter. De retour dans le Texas, il va envoyer du sale, du très sale : 50 à 14/26, dont 5/6 du parking en plus d’un 17/18 aux lancers pour aller avec ses 12 rebonds et ses 3 passes. Un petit chef d’oeuvre offensif, apogée d’une magnifique campagne de Playoffs et un message clair pour son pote Nash : cette fois-ci, il ne laissera pas s’échapper la série.

10 ans plus tard, Dirk Nowitzki est toujours à Dallas, avec un effectif taillé pour l’amener en Playoffs une ou deux fois avant une retraite bien méritée. Avec le Jet, il a pu prendre sa revanche sur Dwyane Wade et le Heat en 2011 en corrigeant les Tres Amigos. Tout aussi monstrueux qu’en 2006, le Wunderkind avait cette fois amené sa franchise de toujours au bout, et ramené le premier titre de son histoire. Quand le géant Allemand va partir, ça risque de faire un sacré vide au Texas….

Source image : mavsmoneyball.com