C’était il y a seulement 10 ans – Raptors : Chris Bosh reprend le flambeau abandonné par Vince Carter

Le 28 juil. 2016 à 21:46 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, on quitte les US direction Jurrassic Park, chez les Toronto Raptors :

Bilan : 27-55, 12ème à l’Est

Le 5 :  Mike James – Morris Petterson – Joey Graham – Chris Bosh – Rafael Araujo

Le banc : José Calderon – Matt Bonner – Charlie Villanueva (rookie)

Le MVP : Chris Bosh, 22,5 points, 9,2 rebonds, 2,6 passes, All-Star.

L’été 2005 marque un virage dans l’histoire de la franchise. Tout d’abord, l’ère Vince Carter est terminée : visage de la franchise, l’arrière All-Star a longtemps exigé son transfert, et les dirigeants ont fini par s’exécuter en décembre 2004. Le GM Rob Babcock n’en a malheureusement pas tiré grand chose à part deux tours de Draft, notamment car Alonzo Mourning a refusé de jouer pour la franchise canadienne et négocié un buy out avec les dirigeants. En plus de ce départ, le meneur Rafer Alston, signé pour 5 ans à l’été 2004, exige à son tour son transfert car il ne s’entend pas avec le coach rookie Sam Mitchell : début octobre, il part direction Houston et c’est le vétéran Mike James qui fait le chemin inverse. Vous vous en doutez : ces deux transferts ne donnent pas une bonne réputation à Babcock, qui n’est en place que depuis un an. Histoire d’en rajouter une couche sur le dos du dirigeant, ses choix de Draft sont très critiqués : le pivot Rafael Araujo, drafté en 8ème position juste devant Andre Iguodala, n’a joué que 59 matchs pour 12 minutes de moyenne. En juin, le GM a sélectionné Charlie Villanueva en 7ème position et de nombreux observateurs l’annoncent déjà comme un bust. La chance de Babcock, c’est que les Canadiens ne repartent pas de zéro puisqu’ils disposent d’un pur talent sur lequel ils peuvent s’appuyer pour leur reconstruction : Chris Bosh, drafté en 2003, a sorti une campagne sophomore solide à près de 17 points et 9 rebonds, et l’on attend de lui qu’il porte la franchise. 

Lancés dans un processus de reconstruction, personne n’attend grand chose de cette saison des Raptors. Cependant, avec des joueurs solides comme Mike James, Morris Petterson ou encore le nouveau venu José Calderon, les 9 défaites d’affilées et le bilan de 1-16 pour commencer la saison sont affligeantes. Avec ce triste record de franchise, l’équipe est plongée encore plus profondément dans le doute. Heureusement, Chris Bosh active le mode franchise player et ira chercher sa première sélection All-Star en février. Derrière leur ailier-fort, les Dinosaures montrent de bonnes choses offensivement, même si leur défense prend complètement l’eau. A l’image de la saison, les Canadiens vont enchaîner deux performances historiques en janvier. D’abord, ils battent le record de points de la franchise dans une victoire 129-103 face aux Knicks : ambiance festive dans le nord. Sauf qu’exactement une semaine plus tard, ils perdent face aux Lakers à cause d’un Kobe Bryant en fusion qui leur colle 81 pions dans la face. Un total que seul Chamberlain a dépassé, et encore, c’était dans la NBA des années 60. En même temps, quand on met la pire défense de la Ligue en terme de pourcentages aux tirs face à un Black Mamba déchaîné et lancé dans une saison légendaire, ça devait forcément faire du sale. Et ne pensez pas qu’une telle performance ne laisse pas de cicatrice, loin de là. Jalen Rose, qui défendait sur Bryant, est tradé aux Knicks – certes pour d’autres raisons, mais le symbole est là – et le GM Rob Babcock saute également à la fin du mois, à cause de son incapacité à renforcer l’équipe défensivement, après seulement un an et demi de service. Il est remplacé par Bryan Colangelo, Executive of the year 2005, reconnu pour avoir mis en place le groupe des Suns de Steve Nash.

La saison se finit comme elle a commencé avec 12 défaites en 13 matchs que Chris Bosh, blessé, doit observer depuis les tribunes. Cependant tout n’est pas noir à Toronto : CB4 a prouvé qu’il avait les épaules d’un franchise player et s’est affirmé comme une des stars montantes de la Ligue. Le rookie Charlie Villanueva, tant critiqué, a battu le record de point marqué par un rookie des Raptors en plantant 48 face aux Milwaukee Bucks et finit 2ème de la course au ROY derrière Chris Paul. Mais surtout, cette saison chaotique a permis aux Canadiens de récupérer le premier choix de la Draft 2006…

Le moment marquant de la saison : 28 juin 2006, les Raptors sélectionnent Andrea Bargnani avec leur 1er choix de Draft

Lorsque le soir de la Draft arrive, l’Italien attire beaucoup de convoitises : à 20 ans, l’ailier fort de 2 mètres 13 a déjà trois années d’Euroleague dans les pattes avec Trévise. Enfin, cette expérience, aussi impressionnante soit-elle, n’est pas la principale raison de la hype qui l’entoure. La cause principale est allemande et s’appelle Dirk Nowitzki : avec son profil atypique de 7-footer shooteur, le franchise player de Dallas domine la ligue et a révolutionné le regard des Américains sur certains prospects européens. Vu que Andrea offre de nombreuses similitudes avec le grand blond, les franchises bavent à l’idée de s’offrir les services du potentiel Wunderkind italien. Il y a pourtant cette année là parmi les prospects venant de NCAA de vraies légendes universitaires avec J.J. Reddick et Adam Morisson. Il y a aussi des phénomènes physiques comme LaMarcus Aldridge, Tyrus Thomas ou Rudy Gay. Néanmoins, les observateurs trouvent ce choix logique. D’ailleurs, la saison suivante donne raison aux Raptors puisque Bargnani termine deuxième de la course au ROY, en alignant plus de 11 points à 37% du parking, dans une équipe qui remporte le premier titre de division de l’histoire de la franchise. Néanmoins, les années suivantes vont s’enchaîner et se ressembler : l’Italien est un bel attaquant (21,4 points de moyenne en 2010-2011), mais il est trop soft, trop mou. Rebondeur exécrable et défenseur transparent, il n’est pas assez génial de l’autre côté du terrain pour compenser. En fait, les scouts ne se sont pas tellement trompés, à part sur quelques détails qui feront la différence entre la star qu’il devait être et le joueur qu’il est devenu. Voilà ce qu’écrivait Draft Express :

“Andrea est très actif en défense, étant même plus efficace que ce qu’on pourrait penser face aux arrières européens grâce à ses appuis rapide”

Allez c’est gratuit, on sait bien que le travail de scout s’approche souvent du travail de devin et comporte des risques. Tout juste retiré de la NBA, Andrea aura fait une belle carrière mais on se rappellera malheureusement plus de son airball dunk et de sa “défense” que du reste…

10 ans plus tard, les Raptors sont au sommet de leur histoire. Le départ de Chris Bosh en 2010 les a lancés dans un nouveau cycle. C’est DeMar DeRozan qui s’est chargé de faire oublier le Dino, et avec la manière. Avec son compagnon de back court Kyle Lowry, ils ont mené la franchise à ses premières Finales de Conférence, et au meilleur bilan de son histoire. Il manque encore la petite étincelle pour qu’on croit en cette équipe pour le titre NBA, mais la franchise canadienne s’est établie comme un bastion de l’Est. 

Source image : bleacherreport.com


Tags : Raptors