C’était il y a seulement 10 ans – Hawks : les débuts laborieux de l’ère Joe Johnson

Le 27 juil. 2016 à 20:06 par Francois M

Joe Johnson

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des Hawks d’Atlanta…

Bilan : 26-56, 14ème à l’Est

Le 5 :  Royal Ivey – Joe Johnson – Josh Smith – Al Harrington – Zaza Pachulia

Le banc : Tyronn Lue – Salim Stoudamire – Josh Childress – Marvin Williams

Le MVP : Joe Johnson, 20,2 points, 6,5 passes, 4,1 rebonds

A l’été 2005, les Hawks sont mal en point : ils pataugent depuis plusieurs années dans leurs tentatives de reconstruction, sans jamais réussir à sortir la tête de l’eau. En effet, Atlanta n’a pas vu les Playoffs depuis 6 ans, et n’a jamais dépassé les 33 victoires sur ce laps de temps. Pire, la saison 2004-2005 s’est conclue à un pic de nullité avec un bilan horrible de 13 victoires pour 69 défaites, record de nullité de la franchise, et flirtant dangereusement avec les plus mauvais bilans de l’histoire de la ligue. Il faut dire qu’Antoine Walker, meilleur scoreur de l’équipe avec plus de 20 points, a été échangé à mi-saison aux Celtics contre un premier tour de Draft et quelques joueurs sans impact, laissant l’équipe sans taulier. Néanmoins, la franchise commence à cumuler les joueurs à potentiels et à construire un noyau de jeunes assez solide. L’ailier fort Al Harrington, débarqué l’été précédent, a balancé une saison à 17,5 points à seulement 24 ans. Les deux ailiers rookies, Josh Childress (6ème choix ) et Josh Smith (17ème choix) ont montré de belles choses, tournant autour des 10 points et décrochant tout deux une place dans la All Rookie second team. Smith, à peine sorti du lycée, a impressionné la ligue par son explosivité qui lui a permis à tout juste 19 ans, de déjà déposer une jolie mixtape d’actions spectaculaires, le tout couronné d’une victoire au Slam Dunk Contest. De plus, les Faucons font l’acquisition de Joe Johnson via un sign and trade avec les Suns : l’arrière de 24 ans se voit remettre les clés d’équipe, qui espère en faire son franchise player. C’est notre Boris Diaw national qui fait le chemin inverse pour faire de la place aux deux Josh, accompagné d’un premier tour de Draft. Le sniper de Phoenix sort d’une belle saison dans le run and gun de Mike D’Antoni avec 17 points de moyenne à 47,8% à trois points, mais il n’a pas encore eu autant de responsabilités que celles qui lui sont confiées en Georgie. En outre, le pivot de 21 ans Zaza Pachulia est également signé à la free agency pour renforcer ce noyau et il est attendu immédiatement dans le 5 de départ. Enfin, l’arrivée qui génère le plus de hype est celle du second choix de la Draft 2005, Marvin Williams. Fraîchement champion NCAA, le 6ème homme des Tar Heels fait miroiter un potentiel très intéressant. Le freshman est un pari un peu risqué, mais il a des atouts athlétiques au dessus de la moyenne qui lui permettent d’exceller aux deux postes d’ailier, et surtout un sens du collectif et un QI basket qui semblent rare. Ainsi, en dehors de Tyronn Lue, la rotation des Hawks ne compte que des joueurs de 25 ans et moins, et c’est le coach Mike “Mr. Patate” Woodson, arrivé l’année précédente, qui est chargé d’encadrer et de faire progresser ce noyau de jeunes.

Comme prévu, cette équipe est encore trop tendre, et fini avec un bilan de 26 victoires pour 56 défaites. Cependant, le groupe montre des signes encourageants. Joe Johnson assume ses nouvelles responsabilité, et montre qu’il peut prendre en charge la création du jeu, en balançant 6,5 passes de moyenne par soir,  pour compenser l’apport trop limité de ses meneurs. A ses côtés, le sophomore Josh Smith continue à montrer un peu plus de son potentiel en se révélant comme un solide défenseur tandis que le rookie Marvin Williams est élu dans la All NBA Second Team. La saison 2005-2006 est anecdotique dans l’histoire de la franchise, mais elle marque le début d’une période dorée, pendant laquelle les Faucons vont faire leur nid dans le haut de la conférence Est. En effet, Al Horford va se greffer merveilleusement à ce noyau de joueurs à l’été 2007, et mener Atlanta en Playoffs chaque année…

Le moment marquant de la saison : le pivot Jason Collier décède le 15 Octobre 2005, en pleine pré-saison

Source : pickmytrends.com

Source : pickmytrends.com

C’est une de ces nouvelles qu’on se souhaite jamais recevoir, et qui a bousculé toute l’organisation d’Atlanta, et même la ligue entière. Grand gaillard de 2 mètres 13 et prêt de 120 kilos, le 15ème choix de la Draft 2000 avait pas mal galéré sur ses premières saisons, jouant même une bonne partie de la campagne 2003-2004 en D-League. C’est d’ailleurs chez les Fayetteville Patriots que les Hawks étaient allés récupérer le pivot. Il avait fini cette campagne avec 11,3 points et 5,6 rebonds en 27 minutes de jeu avant de s’installer dans la rotation la saison suivante, débutant 44 matchs pour 13 minutes en moyenne. Il était attendu en back-up de Zaza Pachulia : on attendait pas grand chose de lui à part de la dureté sur une poignée de minutes. Sur le terrain, on aurait pu se passer de lui : mais voilà Jason Collier était de la classe de ces role players, bons coéquipiers et piliers de vestiaire. Un bon gars à l’image d’un Brian Scalabrine, peut être limité pour le niveau NBA, mais gros bosseur, toujours en train de soutenir le groupe et jamais en train de se plaindre. Sauf que le géant de 27 ans avait un cœur trop gros, littéralement, et c’est ce qui a causé sa mort, assez subite, dans une ambulance après avoir commencé à se sentir mal dans la nuit…

Les Hawks ont porté un patch noir sur leur maillot toute la saison en son hommage. En D-League, son nom a été donné au prix récompensant l’attitude sur et en dehors des terrains. Le pivot avait été nommé dans l’équipe type de la ligue, et marqué ses dirigeants par son professionnalisme. Quant à ses coéquipiers, ils ont été très touchés, surtout Al Harrington, le capitaine qui en a parlait comme un gars réservé mais hilarant, qui vivait simplement. Heureusement aujourd’hui, les joueurs sont plus surveillés et mieux encadrés, et on souhaite que la NBA n’est plus jamais à faire le deuil d’un de ses joueurs…

10 ans plus tard, Joe Johnson a quitté la baraque avec 6 sélections All Star sous la tunique des Faucons, et en emportant le reste de son contrat, un des plus démesurés de l’histoire. Néanmoins, les Hawks viennent de jouer leur 9ème campagne de Playoffs consécutive, et s’il faudra faire avec le départ d’Al Horford, il est très probable qu’on les revoit en mai prochain. Atlanta est devenu une des franchises les plus stables de la ligue, et ce n’est pas avec le coach Mike Budenholzer que c’est prêt de changer.

Source image : wallcoo.net


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