C’était il y a seulement 10 ans – Pacers : la dernière chance d’un groupe déjà dépassé par son passé

Le 22 juil. 2016 à 21:48 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, direction le Midwest chez les Indiana Pacers

Bilan : 41-41, 6ème à l’Est

Le 5 :  Anthony Johnson – Stephen Jackson – Peja Stojakovic – Jermaine O’Neal – Jeff Foster

Le banc : Sarunas Jasikevicius – Jamaal Tinsley – Fred Jones – Danny Granger – Austin Croshere – David Harisson

Le MVP : Jermaine O’Neal, 20,5 points, 9,5 rebonds, 2,7 passes, 2,3 contres

Pour les Indiana Pacers, la saison 2005-2006 s’annonce compliquée. Alors que leur équipe jouait les premiers rôles à l’Est depuis l’arrivée de Larry Bird à la présidence de la franchise et la nomination de Rick Carlisle comme coach, les finalistes de conférence ont tout foutu en l’air le 19 novembre 2004 en déclenchant une baston au Palace d’Auburn Hills, antre des Pistons. Ron Artest, principal instigateur de l’embrouille, a été suspendu pour le reste de la saison tandis que Stephen Jackson prenait 30 matchs et Jermaine O’Neal 15. Le reste de la saison a évidemment été moins bon sans ces 3 joueurs majeurs, et s’ils sont tout de même parvenus à se hisser en demi-finales de conf’, les Pacers ont été sorti par les Pistons en 6 matchs. Reggie Miller, visage de la franchise pendant 18 ans, a décidé de prendre sa retraite à la suite de ce dernier match de Playoffs. Coup dur pour les fans, qui ont perdu en l’espace de 6 mois leurs espoirs de titre et la plus grande légende de l’histoire de la franchise.

Cependant, avec les retours de suspension, Indianapolis est encore très attendu pour la nouvelles saisons, et citée dans les contenders pour le titre. En effet, le trio Jackson – O’Neal – Artest est peut être très thug mais il est surtout très doué balle en main et forme un vrai mur en défense : de vrais pitbulls ces gars, qui ne lâchent rien et offrent un gros défi physique chaque soir. Larry Bird s’affiche avec RonRon dans Sports Illustrated pour racheter l’image de la franchise auprès de la ligue et rassurer les fans.  En plus, le Lituanien Sarunas Jasikevicius, qui vient de remporter deux titres d’Euroligue consécutifs, se décide à venir en NBA pour renforcer l’équipe de Carlisle. Snobé à la Draft 1998, le grand meneur s’est fait une réputation auprès des Ricains en mettant à mal Team USA aux deux précédents J.O.. Malgré un effectif très talentueux et un début de saison correcte avec 12 victoires pour 7 défaites, la dynamique de l’équipe semble brisée, alors que le futur Metta World Peace balance à la presse début décembre que l’équipe se débrouillerait mieux sans lui. Perdu dans ses états d’âmes, l’ailier sulfureux est mis sur la liste des inactifs dès le mois de Décembre, et le front office ne trouvera un trade que le 24 Janvier, soit 1 mois et demi plus tard… Cette situation pèse sur l’équipe, qui s’enfonce un peu plus dans le classement avant que l’échange avec les Kings soit conclu. C’est ainsi Peja Stojakovic qui débarque en provenance de Californie, peu avant le All Star Game. La gâchette serbe est encore très précise : 19,5 points à 40% du parking, accompagné de 6,3 rebonds. Cependant, malgré l’apport de son ailier, l’attaque de l’escouade de Carlisle est enrayée et figure parmi les pires de la ligue. La défense compense beaucoup, mais le bilan de la franchise ne décolle pas au dessus des 50%, et les Pacers se qualifient en Playoffs de très peu, à la 6ème place avec 41 victoires et autant de défaites. La série face aux New Jersey Nets ne laisse en fin de compte que peu de suspens malgré deux victoires arrachées tôt dans la série. Indiana est éliminé 4-2 pour sa 13 participations à la post season en 14 ans.

Malgré cette stabilité dans les résultats, la franchise est encore marquée par les incidents du Palace, et la retraite de Miller était en fin de compte annonciatrice de la nécessité d’un nouveau départ. Larry Bird aura donné une dernière chance a ce groupe tellement talentueux mais trop thug, et il est désormais évident que l’équipe doit se reconstruire : Stojakovic est tradé dès l’été 2006, et dans les quelques années qui suivent Jackson, puis Carlisle et enfin O’neal partiront également. Pendant ce temps-là, RonRon fera des siennes à Houston avant d’aller faire le sale boulot dans une équipe des Lakers qui finira double championne…

Le moment marquant de la saison : 27 Mars 2006, les Pacers retombent dans leurs travers face au Heat

Larry Bird a tenté au début de l’année de calmer les médias au sujet de son équipe et de lui racheter une image après la baston du Palace. Mais l’énergie qui rend Artest, Jackson ou encore O’Neal intraitables en défense a des mauvais côtés. Ces gars donnent tout sur le terrain, n’hésitent pas à aller défier physiquement leur adversaire, mais en contrepartie ont le sang chaud et se lancent facilement dans des combats de coqs. Sur ce match, c’est après une lutte au rebond finalement assez banale en NBA que Udonis Haslem et Jermaine O’Neal s’embrouillent. L’intérieur du Heat emporte le bras du All Star en arrachant le rebond, et ils la jouent torse contre torse avant que leurs équipes ne les séparent. Sur les images, tout le monde pense que Shaquille O’Neal est en train d’étrangler son homonyme puisque la main du Shaq est placée très près de sa gorge. Cependant les deux partis calment le jeu sur l’histoire de strangulation… mais pas sur l’embrouille avec Haslem. Jermaine est de l’école thug, et on ne refuse jamais un bon barfight :

Il ne m’étranglait pas, il me disait juste de me calmer. Shaq et moi on est plutôt bons potes. Il a juste fait ce que le leader d’une équipe doit faire. C’est du basket-ball, on ne veut faire de mal à personne, sauf si quelqu’un essaye de casser un bras. Je ne sais pas ce qu’est son problème mais je ne suis pas compliqué à trouver, n’importe quand.

Le numéro 40 du Heat a été expulsé en prenant deux fautes techniques sur l’incident, et d’ailleurs son équipe en a pris deux autres sur le quart temps : grosse ambiance. L’intérieur n’est bien évidemment pas allé se mettre sur la tronche avec le Pacer après le match, préférant rentrer tranquillement avec la victoire. La répétition de ce type d’embrouilles devient compliqué à gérer pour Larry Bird, qui commence à voir la nécessité de changer la culture de la franchise.

10 ans après, les Pacers ne sont plus cette équipe rugueuse. Larry Bird est toujours aux commandes, et après avoir maintenu l’équipe à bon niveau sur les années 2010 avec ce style jeu, il veut passer à autre chose. Cet été ce sont Jeff Teague, Thaddeus Young et le coach Nate McMillan qui ont débarqué pour épauler Paul George, Monta Ellis et Myles Turner. L’objectif est de faire courir cette équipe, et d’accélérer le rythme. Ce changement drastique de philosophie va être intéressant à suivre, et les Pacers pourraient vite jouer les premiers rles dans la Conférence Est.

Source image : overtimeonline.co.uk


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