C’était il y a seulement 10 ans : Grizzlies – Pau Gasol entrait déjà dans la légende de la franchise

Le 19 juil. 2016 à 20:50 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, direction le Tenessee, dans l’antre des Memphis Grizzlies

Bilan : 49-33, 5ème à l’Ouest

Le 5 :  Damon Stoudamire – Eddie Jones –  Shane Battier – Pau Gasol – Lorenzo Wright

Le banc : Chucky Atkins – Bobby Jackson – Mike Miller – Dahntay Jones – Hakim Warrick

Le MVP : Pau Gasol, 20,4 points, 8,9 rebonds, 4,6 passes, 1,9 contres, All Star.

Au début de la saison 2005-2006, les Memphis Grizzlies sont en quête de résultats : ils viennent d’enchaîner 2 saisons consécutives en Playoffs, pour autant de coup de balais au premier tour. Certes, cette équipe est la première à amener la franchise en post season après les 8 années de médiocrité qui ont suivi sa création, mais le bilan de 0-8 est alarmant. Du coup, le front office s’active : impliqués dans le mega trade de l’été, les Oursons reçoivent l’arrière Eddie Jones ainsi que le meneur Bobby Jackson, tandis qu’ils envoient James Posey et Jason Williams à Miami et Bonzi Wells aux Kings. Pour assurer la mène aprè le départ du White Chocolate, les Grizzlies récupèrent Damon Stoudamire à la free agency contre toutes attentes. Avec un effectif rafraîchi et le coach Mike Fratello arrivé au cours de la saison précédente, la franchise du Tenessee est prête à passer un palier.

La saison commence extrêmement bien avec 13 victoires sur les 18 premiers match. Cette belle dynamique est un peu ralentie par la blessure de Stoudamire après 27 matchs. Néanmoins Chucky Atkins, son back up, reprend son rôle avec brio et après un temps d’adaptation le groupe de coach Fratello repart de l’avant. En même temps, Pau Gasol, à seulement 25 ans, passe déjà en revue les défenses intérieures de la ligue soir après soir. Il est d’ailleurs en route pour devenir le premier All Star de l’histoire de sa franchise 4 ans après avoir remporté le trophée de Rookie of the Year. De plus, en gobant le 3072ème rebond de sa carrière, il récupère le record des Grizzlies. Bon on est d’accord, ça reste des records dans l’histoire d’une jeune franchise qui n’a connu que la lose mais justement, Pau Gasol est en train de transformer l’équipe qui l’a drafté en 2001. Déjà dominant par sa technique, il encaisse de mieux en mieux les physiques NBA. Cette année là c’est lui le patron de l’attaque, et pas seulement en point de fixation ou à la finition : il est aussi le plus gros créateur de son équipe. Les Grizzlies jouent sur un rythme très lent et sont une des meilleurs défenses de la ligue : bonne chance pour leur passer plus de 90 points. L’espagnol est plutôt bien accompagné : Shane Battier confirme qu’il est un des meilleurs défenseurs de la NBA ainsi qu’un des plus intelligent. Mike Miller continue ses performances en sortie de banc : 13,5 points, 5,4 rebonds, 2,7 passes à 40% à 3 points, et un trophée de meilleur sixième homme à la clé. L’équipe produit une nouvelle saison très solide avec un bilan de 49-33, mais comme les Spurs et les Mavs sont dans leur division, les premières places leur sont fermées. 

Justement, avec la magie du système de division (déjà évoqué dans l’épisode sur les Nuggets), Pau Gasol se retrouve face à l’équipe de Dallas emmenée par Dirk Nowitzki au premier tour. La poisse : malgré leur 5ème meilleur bilan à l’Ouest ils doivent jouer contre une des meilleurs équipes de saison régulière. Avec 60 victoires, Dallas n’a pas été champion de sa division, et est tombé du coup à la 4ème place, bien que Phoenix et Denver aient de moins bons bilans… Si vous vous demandiez pourquoi ce système a récemment été abandonné, voilà une réponse. L’équipe de Marc Cuban est bien plus expérimentée et Dirk récite la leçon à Pau. Les Oursons devront encore attendre pour leur première victoire : malgré un match 3 au FedEx Forum perdu seulement après une prolongation, ils sortent des Playoffs les fesses rouges par une raclée de 28 points et un 3ème coup de balai. Memphis n’a toujours pas goûté à une victoire en mai, et le 0-12 fait mal au moral. La saison suivante, Pau Gasol se blesse et son équipe coule complètement. La franchise ne parvient par à se relancer, et en 2007, alors qu’elle s’embourbe de nouveau dans le fond de la NBA, les dirigeants tradent leur franchise player contre des joueurs de second rang et les droits sur son frère, second choix de draft. Pau Gasol aura été la première légende de Memphis même s’il n’a jamais gagné un match de Playoffs avec eux. C’est un autre Gasol, Marc, arrivé dans le Tenessee grâce à son ainé, qui mènera les Grizzlies à leur première victoire, plus première série et même premières finales de conférence.

Le moment marquant de la saison : 28 Mars 2006, Pau Gasol colle 44 points à la défense des Supersonics

La Grizzlies reçoivent à la maison, et sont sur 8 victoires d’affilée grâce à une attaque très en forme. Ils affichent ainsi un bilan sympathique de 41-29. En face, la franchise de Seattle ne parvient pas à dépasser les 50% de victoires, et on se dit qu’ils vont se faire manger. Pau Gasol a la main chaude depuis le All Star Game et va faire la misère a une raquette Rashard Lewis – Johan Petro bien trop juste pour le contenir. 44 points à 17/28, 10 sur 12 aux lancers, 9 rebonds, 3 passes et 2 contres. L’Espagnol explose son record en carrière et justifie sur le terrain sa sélection au match des étoiles. Mais voilà, ce soir-là, il est bien seul et la défense de Memphis est en difficulté face au collectif des Sonics. Alors qu’ils ont pris le devant dans le 3ème quart, les Oursons sont limités à 17 points dans le dernier quart, et Ray Allen – pourtant peu en verve jusque là – va lâcher un jumper ultra contesté pour donner 1 point d’avance à son équipe à 0,03 de la fin du match…

10 ans après, c’est toujours un Gasol qui domine la raquette de Memphis. Bien que la franchise soit un exemple de stabilité sur les années 2010, elle n’est jamais parvenue à passer les Finales de Conférence. Le front office a donc décidé d’exploser sa tirelire pour conserver Mike Conley et signer Chandler Parsons. Maintenant, les Oursons ont 4 ans pour atteindre au moins les Finales pour la première fois de leur histoire, sans quoi ces paris seront des échecs. 

Source image : Joe Murphy / Getty images


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