C’était il y a seulement 10 ans – Houston Rockets: un duo magique, séparé par les blessures…

Le 15 juil. 2016 à 22:34 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour du Utah Jazz… 

Bilan : 34-48, 12ème à l’Ouest

Le 5 : Rafer Alston – David Wesley – Tracy McGrady – Juwan Howard – Yao Ming

Le banc : Luther Head (rookie) – Keith Bogans – Derek Anderson – Ryan Bowen – Stromile Swift – Dikembe Mutombo – Chuck Hayes

Le MVPs: Tracy McGrady, 24,4 points à 40%, 6,5 rebonds, 4,8 passes. All-Star.
Yao Ming, 22,3 points, 10,2 rebonds, 1,6 contres. All Star et All-NBA Third team.

Les Rockets entament la saison 2005-2006 avec de l’ambition. L’année précédente l’équipe s’est grandement renforcée avec l’arrivée du double meilleur scoreur de la ligue Tracy McGrady, accompagné de l’ailier fort Juwan Howard. Aux côtés de Yao Ming, pivot de 2 mètres 29 aux mains de velours, T-Mac a mené la franchise à un bilan de 51-21, ainsi qu’à un premier tour de Playoffs face à Dallas, perdu en 7 matchs. Forcément, on imagine qu’avec de meilleurs automatismes, le duo titulaire de la sélection de l’Ouest du All-Star Game pourrait faire passer un nouveau palier aux Texans. Le front office fait venir Rafer Alston pour débuter à la mène ainsi que l’intérieur Stromile Swift pour renforcer la rotation dans la peinture. Cerise sur le gâteau, l’arrière rookie Luther Head, sélectionné en 24 ème position, est déjà prêt à apporter de solides minutes en rotation. Les Texans sont plus que dans la course aux Playoffs, ils sont carrément parmi les favoris à l’Ouest.

Malheureusement, les blessures vont séparer le duo magique. Le dos du swingman le fait souffrir toute la saison et le force à manquer 35 matchs, tandis que le pivot manque 25 matchs à cause d’une infection au pied. Pourtant, quand les deux sont sur le terrain, l’équipe gagne : 5 matchs ensemble en Décembre, 5 victoires, avant que la star chinoise ne doive se soigner. En février, ils sont alignés ensemble sur 18 games d’affilée et mènent les Rockets à un bilan de 14 – 4, en passant entre temps tous deux dans le 5 majeur du All Star Game, élus par le public. Cet élan est brisé par le retour des douleurs aux dos de T-Mac. C’est dommage pour Houston mais également pour l’ensemble de la ligue car, offensivement, l’association envoie du lourd. Bien que surdimensionné, même pour les normes NBA, le Chinois de 25 ans est bien loin de l’archétype du pivot au main en bois. Yao est un maître des appuis, avec un jeu au poste précis et varié. Il dispose de paluchestout aussi immenses que délicates qui lui offrent une grande palette, composée de divers hooks et autres tirs dans le périmètre. Et si vous comptez faire faute sur le géant, oubliez : il rentre 85% de ses lancers francs. T-Mac quant à lui, fait parti de la crème des extérieurs de la ligue. C’est simple, en attaque il sait tout faire : explosif à souhait, il peut driver au cercle et exploser un gros tomar, tout comme il peut venir déposer  la balle tout en délicatesse avec un lay-up acrobatique. Son jeu au poste est très développé pour un ailier, et il peut prendre des shoots sur la tête de tout le monde, sans aucun respect, ce n’est pas les Spurs qui diront le contraire. Même si son instinct premier est le scoring, l’ex-Raptor sait lâcher la balle quand il le faut et créer pour les autres, grâce à une vision de jeu au-dessus de la moyenne et un dribble qui compte plusieurs chevilles brisées à son palmarès. Quand les deux jouent le pick’n’roll ensemble, le casse-tête est insolvable pour les défenses… et c’est bien là le souci des Rockets sur cette saison : parvenir à associer les deux. Sans leur meilleur scoreur, ils affichent un bilan de 7-28 qui pèse énormément à la fin de saison. Avec une ardoise finale de 34 victoires pour 48 défaites, la déception est très grande dans les rangs Texans alors qu’ils manquent les Playoffs.

La saison 2005-2006 des Houston Rockets est devenue anecdotique comme souvent dans l’histoire de la NBA à cause d’un effectif, ou plutôt d’un duo star, miné par les blessures. Ces pépins physiques, quotidien des franchises NBA, nous privent chaque année d’associations de joueurs qui pourraient devenir légendaires. Les saisons suivantes, les pieds de la légende chinoise continueront à l’éloigner des terrains, et alors qu’il n’a manqué que 2 matchs sur les 3 précédentes saisons, il en ratera 69 sur les 3 suivantes. Comme T-Mac ne parvient pas non plus à aligner les matchs, les Rockets enchaînent les déceptions. Ils iront 3 saisons d’affilée en Playoffs, mais ne pourront compter sur le duo que lors d’une seule de ces campagnes, et ne passeront le premier tour qu’en 2009 dans une série que l’ailier star regardera en costard après avoir loupé 48 matchs de saison régulière. Le duo Tracy – Yao aurait pu être un des plus légendaires de l’histoire de la NBA, mais est passé à côté de son succès à cause de blessures trop récurrentes. Cette équipe de Houston est parmi les meilleurs places dans le palmarès des “si” : et si le double meilleur scoreur avait pu garder son niveau d’Orlando ? et si le 1er choix de la Draft 2002 n’avait pas eu des pieds aussi fragiles ? Alors qu’ils auraient pu dominer la NBA, ils nous laisseront avec pour seule trace une série de 22 victoires consécutives. Un grand accomplissement, mais pas suffisant pour ces deux légendes…

Le moment marquant de la saison : 8 Mars 2006, Yao écrabouille les Pacers, 38 points (14/21 et 10/10 aux lancers francs), 10 rebonds, 5 blocks

Les Rockets sont sur une dynamique positive alors qu’ils ont pu enfin compter sur leur duo de All-Star pendant tout un mois. Après un départ catastrophique lié aux blessures consécutives de Yao et T-Mac, Houston doit rattraper leur retard s’ils veulent accrocher les Playoffs. Ils reçoivent les Pacers, qui affichent un bilan légèrement supérieur aux 50%. Cette soirée-là, c’est le géant chinois qui régale. Les pauvres Jeff Foster et Scot Pollard, braves mais assez limités, doivent encore faire des cauchemars du chantier produit par Yao. Avec respectivement 0/7 et 2/7 au tirs, les intérieurs des Pacers rencontrent la version NBA de la Grande Muraille quand ils attaquent le panier. De l’autre côté du terrain c’est encore pire : personne ne peut contenir la puissance du géant. Le pivot va chercher des positions très basses, et une fois servi, il finit tranquillement main droite ou main gauche, presque sans prendre en compte l’opposition, bien au dessus des forêts de bras qui lui font face. En fait, il marche littéralement sur la raquette de l’Indiana. Cependant, malgré une victoire 103 à 99, Yao tire la tronche à la fin du match : Tracy McGrady est sorti sur blessures et ne reverra plus les terrains… de l’année.

10 ans après, les Rockets ont échoué à mettre en place un autre duo extérieur – intérieur avec James Harden et Dwight Howard, mais cette fois-ci pour des raisons bien différentes. Sans blessures majeures, l’association des deux All-Star n’a jamais eu l’équilibre qu’à pu avoir le duo Yao – McGrady. Peut-être à cause du manque de moves offensifs de D12, peut-être à cause de l’individualisme et des errements défensifs du barbu. Cependant, les Texans souhaitent repartir de l’avant dès cette saison et ont mis en place une équipe made in D’Antoni qui pourrait rouler sur les défenses avec un rythmes ultra-élevé. Blasé des duo stars, le front office va tenter la carte collective. On verra ce que leur franchise player en fait…

Source image : zekop.fr