A priori, pas d’Evan Fournier dans le groupe France pour Rio : SÉRIEUSEMENT ?

Le 12 juil. 2016 à 17:47 par Alexandre Martin

Interrogé hier à Manille sur le Tournoi Qualificatif Olympique et sur la suite qui se passera donc à Rio pour les Jeux, Patrick Beesley – le Directeur Technique National – a évoqué sa satisfaction d’être qualifié et l’avenir de Vincent Collet à la tête des Bleus qui devra être tranché par le coach au plus tard au retour du Brésil. Puis, le sujet de la liste des 12 joueurs et la présence de Rudy Gobert fut évoquée. Pas un mot sur Evan Fournier et, très franchement, voilà qui nous surprend tout autant que ça nous inquiète.

Oui, ça nous inquiète car quand on lit entre les lignes de la déclarations de M. Beesley – rapportés sur le site de la FFBB –  on est très tenté de comprendre qu’il n’y aura pas d’autre changement que celui de l’arrivée de Rudy Gobert en lieu et place d’Adrien Moerman :

Je dois transmettre mardi soir, par écrit, la liste des 12 athlètes retenus. Je me rends ensuite mercredi matin au CNOSF pour valider cette liste. Seule une blessure peut ensuite entraîner un changement. Comme avec les féminines nous envisageons de partir à Pau, pour la reprise de la préparation, avec 12 joueurs et d’inviter 2 éléments pour s’entraîner dans de bonnes conditions. Nous partirons ensuite en Argentine avec 12 joueurs. J’ai toujours dit que si l’équipe se qualifiait et que les joueurs, individuellement, avaient donné satisfaction, il n’y avait pas de raison de modifier l’équipe. On a constaté aux Philippines que l’équipe a vraiment besoin d’un grand. Le remplacement d’Adrien Moerman par Rudy Gobert s’inscrirait dans cette logique.

La liste sera transmise mardi et validée mercredi. Voilà qui est tout à fait clair. Le groupe des 12 – accompagné de deux “réservistes” – va aller commencer sa préparation à Pau puis filera en Argentine. Voilà qui est également très clair. Le fait que les Bleus avaient besoin de la présence du grand Rudy Gobert a sauté aux yeux pendant le TQO bien évidemment mais qu’en est-il du talent d’Evan Fournier ? N’en a-t-on pas besoin en équipe de France ? Parce qu’à notre connaissance, l’extérieur du Magic fait clairement partie des plus gros talents actuels du basket français et n’a jamais eu le moindre problème de mentalité ou de dévouement vis-à-vis des Bleus ! Il était de la campagne 2014 au Mondial en Espagne et de celle de l’Eurobasket en France en 2015. Deux compétitions dans lesquelles la France a obtenu des médailles et dans lesquelles l’apport de Fournier en sortie de banc fut très intéressant voire régulièrement indispensable.

Nous parlons ici d’un arrière polyvalent car capable de jouer ailier voire de tenir la balle pour créer pour ses copains de temps en temps même s’il reste avant tout un scoreur. Ce bon Evan sait également défendre âprement et avec une grande concentration. Et non seulement il s’est toujours fondu avec entrain dans le groupe France en prenant le rôle et les minutes que Vincent Collet lui accordait mais en plus, il sort d’une bonne grosse saison en NBA où la concurrence est au moins aussi sérieuse qu’en équipe de France ou même aux Jeux Olympiques. Evan Fournier peut shooter quand il est ouvert et est probablement un des meilleurs Français dans cet exercice avec Nando De Colo et un ou deux autres. Il peut aussi se créer son propre tir et on sait tous que c’est très important dans les matchs de très haut niveau quand les défenses se resserrent. Il peut pénétrer, apporter son agressivité vers le cercle à un groupe bleu qui n’en regorge pas non plus. Et, pour finir, ce n’est pas faire offense à Antoine Diot, Charles Kahudi ou Thomas Heurtel que de dire qu’Evan Fournier mérite au moins autant qu’eux de jouer les JO et que ce qu’il montre sur les parquets depuis deux ans est supérieur à ce qu’on fait les trois précédemment nommés.

Bref, ne pas voir Evan Fournier dans le groupe bleu pour les Jeux serait vraiment une très grosse surprise et une déception. Mais avoir la sensation que sa présence n’est même pas en discussion sous prétexte qu’il n’est pas venu faire le TQO, cela parait un peu fort, un peu trop hatif et cela ne sent pas le bon choix. Ok, Evan n’est pas venu à Manille. Il a choisi de s’occuper sereinement de son contrat, le premier gros contrat de sa jeune carrière. Pour autant, on ne peut absolument pas remettre en doute ses intentions avec les Bleus, son envie de mouiller le maillot tricolore. Les joueurs ont des obligations et des contraintes avec leurs clubs qui les font parfois rater des compétitions – comme Toto Heurtel l’an passé par exemple – c’est un fait et nous devons faire avec.

En revanche, il s’agit là d’aller jouer un tournoi olympique. La question est d’emmener le meilleur effectif possible pas de faire plaisir forcément à tout le monde ou de ménager les uns ou les autres. Et si on doit faire aujourd’hui un groupe comprenant les 12 meilleurs joueurs français, un groupe pour aller le plus loin possible : Evan Fournier devrait en faire partie. Assurément. 

Source image : fiba.com