C’était il y seulement 10 ans – Nuggets : l’effet George Karl n’est pas aussi magique que prévu

Le 11 juil. 2016 à 22:18 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, on part dans le Colorado, chez les Nuggets de Denver…

Bilan : 44-38, 3ème à l’Ouest

Le 5 : Andre Miller – Ruben Patterson – Carmelo Anthony – Kenyon Martin – Marcus Camby

Le banc : Earl Boykins, Greg Buckner, Reggie Evan, Francisco Elson, Eduardo Najera

Le MVP : Carmelo Anthony, 26,5 points à 48%, 4,9 rebonds et 2,7 passes, All NBA 3rd Team

En 2005, les Nuggets étaient optimistes quant à leur avenir. Avec la Draft de Carmelo Anthony, ils venaient d’enchaîner deux participations consécutives aux PlayOffs. Certes, c’était pour deux éliminations au premier tour en 5 puis 4 matches, mais la période de 8 ans sans post-season qui a suivit le départ de Dikembe Mutombo est enfin derrière eux. De plus, le coach George Karl est arrivé en cours de saison pour essayer de redresser une équipe mal embarquée, et son impact a été immédiat : les Nuggets ont remporté 5 des 6 premiers matchs suivant son arrivée et ont fini la saison en trombe avec 25 victoires en 29 matchs et une qualification en Playoffs, à la 7ème place. Ils sont même parvenus à arracher le game 1 contre les Spurs, futurs champions, mais ont perdu la série 4-1.

Avec un groupe stable, la première saison complète des Nuggets version George Karl s’annonce de bonne augure. Les Pépites développent un jeu très rapide -c’est la patte George Karl- avec des possessions courtes, qui leur permet de s’établir parmi les meilleurs attaques de la ligue. Cependant la saison commence mal, avec le genou de Nene Hilario qui part en vrac 3 minutes après son entrée en jeu : les Nuggets perdent leur principale rotation intérieure pour toute la saison, soit près de 10 points, 6 rebonds, et une densité physique essentielle à l’équipe. Forcée à s’ajuster, l’équipe fonctionne plutôt bien : Andre Miller distribue la gonfle, le sixième homme Earl Boykins – 1 mètres 65 – apporte des points précieux en sortie de banc, et surtout Marcus Camby sort une saison bien solide. Quand on dit solide, c’est du genre gros roc bien massif qui se dresse quasiment toujours en second rideau, et qui fait bien mal aux extérieurs adverses qui viennent s’empaler dessus. Camby balance une belle block party tout au long de la saison et finit meilleur contreur de la ligue, tout en sortant près de 13 points et 12 rebonds et en étant nommé dans All-Defensive 2nd team. 10 après monsieur “Not in my house”, les paniers des Nuggets sont encore sous haute protection. Pourtant l’effectif n’arrive pas à retrouver sa bonne dynamique de l’an passé et peine à dépasser les 50% de victoires. Du coup, en février, dans un échange à 4 équipe, le G.M. Kiki Vandeweghe fait venir Ruben Patterson pour démarrer à l’arrière, ainsi que le spécialiste du rebond Reggie Evans en sortie de banc. Ces deux ajouts apportent de la dureté et de l’expérience à l’équipe, ce qui leur permet de passer juste au dessus des 50% et de finir à 44-38. Avec la magie du système de divisions, les Nuggets héritent de la 3ème place avec autant de victoires que les Kings, 8èmes. Ils remportent en effet la division North West, une des 3 divisions composant la conférence ouest, pour la première fois en 18 ans. A cette époque encore, les 3 vainqueurs de divisions se voient attribuer les places 1, 2 et 3 de la conférence (classés par bilan) sans tenir compte du bilan des autres. Ce titre de division est un petit succès pour la franchise, qui renforce son palmarès même si l’escouade de George Karl a un peu déçu. En PlayOffs, ils jouent les 7ème de conférence, les Los Angeles Clippers, mais n’ont pas l’avantage du terrain car leurs adversaires ont un meilleur bilan. Grosse logique donc, bien pensé le système, bravo les gars. La logique des bilans est au moins respectée sur le terrain puisque les Pépites ne prennent qu’un petit match à la maison au game 3 et se font sortir 4 à 1.

Le groupe a encore le temps d’évoluer, Carmelo Anthony n’est après tout qu’à la fin de sa 3ème saison, mais ces trois éliminations consécutives au premier tour sont frustrantes. Le G.M. Vandeweghe n’est pas prolongé et est remplacé par Mark Warkentien, qui re-signe Melo pour 80 millions de dollars sur 5 ans et va chercher J.R. Smith et Joe Smith par échange pour améliorer l’effectif. Néanmoins le scénario de cette saison se reproduira trop souvent dans les années qui suivent pour l’équipe de George Karl, et malgré les différents changements d’effectif, c’est toujours la même constante : les Nuggets sont éliminés au premier tour. L’équipe ne passe qu’une fois un premier tour de PlayOffs, en 2009, allant même jusqu’en finale de conférence grâce au leadership de Chauncey Billups. Certes chaque année l’équipe joue les premiers rôles à l’Ouest mais ces éliminations consécutives auront raison de la patience des dirigeants qui licencieront Karl en 2013 après qu’il ait reçu le titre de Coach of the year. L’entraîneur laisse derrière lui un bilan frustrant : 8 ans de PlayOffs, mais 7 éliminations au premier tour. L’effet George Karl n’aura pas été aussi magique que le laissait penser la fin de saison 2005…

Le moment marquant de la saison : Malgré un record personnel de 45 points, Carmelo Anthony et les Nuggets s’inclinent face aux Sixers

Le 27 Décembre 2005, les Nuggets reçoivent les Sixers emmenés par Allen Iverson, alors meilleur scoreur de la ligue. Les deux équipes déçoivent un peu et tournent autour des 50%, et forcément ce match correspond à une occasion de lancer enfin une série de victoire. Carmelo Anthony, à seulement 21 ans, va se livrer un gros duel de scoreurs avec “The Answer”, et battre son record de points à 17/30 au tirs et 10/12 aux lancers, le tout en ajoutant 8 rebonds. Le soucis est que Marcus Camby se blesse au bout de 6 minutes, et Chris Weber est libre de de massacrer la raquette des Nuggets (32 points à 68%, 15 rebonds, 7 passes). Le quatrième-quart temps est très serré mais Allen Iverson (36 points, 10 passes, 5 interceptions) s’occupe de balancer quelques tirs clutchs pour maintenir les siens au score… avant de mettre un bon petit dagger tête de raquette avec 4 secondes à jouer. Sur l’action suivante, Anthony est doublé en défense mais parvient à trouver Earl Watson ouvert, mais le meneur rate son shoot, et les Nuggets s’inclinent de nouveau. Iverson et Anthony se recroiseront plus tôt que prévu, quand le meneur débarquera dans le Colorado l’année suivante dans un bon gros blockbuster trade… pour peu de succès malgré le talent des deux hommes.

10 ans plus tard, la reconstruction post-George Karl semble enfin stabilisée à Denver. Avec Mike Malone, les Nuggets ont mis la main sur un entraîneur formateur, penché sur la défense, et idéal pour encadrer un des plus gros noyaux de jeunes talents de la ligue. Carmelo a fait ses bagages depuis longtemps et son nom est désormais associé aux Knicks. Quant à Karl, son licenciement des Kings marque probablement sa fin de carrière, et rétrospectivement on peux penser que partir sur son titre de COY aurait été plus judicieux…  

Source image : http://chaunceybillups.blogspot.fr/