C’était il y a seulement 10 ans : Bucks – Michael Redd perdu dans le ventre mou de la conférence Est

Le 10 juil. 2016 à 17:23 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des Milwaukee Bucks

Bilan : 23-59, 15ème à l’Est

Le 5 : T.J. Ford, Michael Redd, Bobby Simmons, Jamaal Magloire, Andrew Bogut

Le banc : Mo Williams, Dan Gadzuric, Joe Smith, Tony Kukoc

Le MVP : Michael Redd, 25,4 points à 39,5% du parking, 4,3 rebonds, 2,9 passes

En 2005, les Bucks sortent d’une saison maussade : le meneur T.J. Ford a été absent toute la saison à cause d’une blessure à la nuque, et après un départ catastrophique, l’équipe finit avec un bilan de 30-52. Le coach Terry Porter est viré, et c’est Terry Stotts, qui a déjà été assistant dans le Wisconsin pendant 4 ans, qui le remplace. Néanmoins tout n’est pas noir : Milwaukee re-signe son franchise player Michael Redd, all-star 2004, qui sort d’une saison à 23 points. Le shooteur est une assurance au scoring, tout en ayant un apport non négligeable dans les autres domaines. Il signe pour 6 ans et 91 millions de dollars, au lieu d’aller pour moins cher à Cleveland, sa ville natale, pour aider LeBron James. En plus de ça, les Bucks remportent le 1er choix à la lottery . Ils sélectionnent le pivot Andrew Bogut qui vient de sortir une saison sophomore énorme avec son université de Utah. L’Australien a raflé de nombreuses récompenses individuelles tout en lâchant 20 points et 12 rebonds. Par contre, on oublie la barbe guerrière, le jeune intérieur est complètement imberbe.

La franchise du Wisconsin espère donc trouver un élan avec l’arrivée du rookie et le retour de blessure de son meneur. En plus de ça, Michael Redd continue sa progression et lâche plus de 25 points de moyenne. Gros gros shooteur le Michael, tellement bon qu’il en ferait presque oublier Ray Allen, tradé 2 ans plus tôt. 39,5% depuis le parking, avec plus de 5 tentatives par match, et les mains qui chauffent facilement. Très régulier, il balance plus de 30 points à 20 reprises, avec une pointe à 43 pour son dernier match de la saison. A ses côtés le rookie australien fait le boulot mais sans impressionner. C’est d’ailleurs le problème de cet effectif : le 5 est composé de joueurs solides, Mo Williams est un bon 6ème homme mais ça manque de talent. On est à pas grand chose d’en faire une bonne équipe : le système est en place, Redd peut diriger l’attaque, mais il manque quelques compléments. L’équipe oscille toute la saison autour des 50%, et se bat pour les 3 dernières places qualificatives pour les Playoffs. Avec un bilan de 40 victoires pour 42 défaites, les Bucks parviennent à récupérer le dernier spot. Ils sont derniers de la division centrale, composée de Detroit, Cleveland, Indiana et Cleveland, mais sont néanmoins qualifiés. D’ailleurs au premier tour ce sont les leaders de la Conférence Est (64-18), les Pistons, qui se dressent face à eux. Comme deux ans auparavant, la franchise de Motown domine son sujet, et l’emporte en 5 matchs.

Les Bucks font partie de cles équipes qui ont traversé les années 2000 sans que personne ne les remarque, après la fin de la période Sam Cassel/Ray Allen en 2003. Toujours assez bon pour ne pas jouer les lanternes rouges mais jamais assez bon pour accéder à autre chose qu’un premier tour de Playoffs. Ajoutez à ça que le Wisconsin est loin d’être l’état le plus sexy -sauf si les bûcherons vous font de l’effet-, ainsi qu’un marketing à la rue, et la franchise passe complètement inaperçue. Pourtant un joueur comme Michael Redd, formidable shooteur, était une merveille à voir évoluer sur le terrain, et c’est bien dommage qu’il n’ait pas eu plus d’exposition…

Le moment marquant de la saison : Michael Redd arrache le game 3 du premier tour de Playoffs : 40 points à 14/21 dont 4/5 à 3 points ainsi que 8/8 aux lancers francs.

Les Pistons, ultra dominants en saison régulière, ont logiquement remporté les deux premiers matchs chez eux. La série revient à Milwaukee, et c’est alors que Michael Redd sort de sa boîte et plante 40 pions dont 13 dans le dernier quart pour assurer la victoire. Une performance loin d’être évidente face à une équipe de Detroit qui est alors la référence défensive de la ligue, et même une des références en la matière dans l’histoire de la NBA. 124-104, l’attaque des Bucks est inarrêtable. Il faut dire qu’en plus de la performance de leur arrière, le meneur T.J. Ford distribue les caviars et Mo Willams a également un coup de chaud en sortie de banc. Malheureusement pour eux, la logique sera respectée sur les deux derniers matchs et Milwaukee sera sèchement éliminé 4 à 1.

Ce seront les derniers Playoffs de Michael Redd… Il continue sa progression et s’installe définitivement parmi les meilleurs scoreurs NBA, avec une pique à 57 points la saison suivante -record de franchise-. On le voit même de passage aux Jeux Olympiques de 2008 avec la “Redeem Team” chargée de regagner l’or olympique. Loin de simplement y faire figure, l’arrière tourne à 15 points sur le tournoi et ramène l’or à la maison. Malgré le manque de résultats collectifs, la carrière de Redd prend une bonne tournure jusqu’à janvier 2009, où il s’explose les ligaments du genoux. Ne parvenant pas à retrouver son niveau et après quelques tentatives de retours, il prendra sa retraite officielle en 2013. Beaucoup l’oublient en parlant des années 2000, pourtant Michael Redd a été un des meilleurs arrières de la ligue pendant six années consécutives…

10 ans après, les Bucks semblent sur la pente ascendante. L’équipe est remplie de jeunes talents et le coach Jason Kidd semble avoir un projet bien défini en tête. Le marketing, les couleurs et les maillots ont été revus et du coup la franchise est plus sexy que jamais, au point d’attirer certains free agents. Derrière Jabari Parker et Giannis Antetokounmpo, les Bucks pourraient enfin ressortir du ventre mou et de l’anonymat de la NBA, et devenir une des têtes d’affiche de la ligue. 

Source image : ballislife.com