C’était il y a seulement 10 ans – Hornets : l’année où il a fallu reconstruire l’équipe… mais aussi la ville

Le 07 juil. 2016 à 19:58 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russel Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des New Orleans/Oklahoma City Hornets…

Depuis 2002 les Hornets n’étaient plus à Charlotte mais en Louisiane, où ils avaient établi leur nouveau nid. Créés en 1988 en Caroline du Nord – l’état où le basket universitaire est roi – les Frelons étaient très vite devenus une équipe tendance des années 90 avec leur couleur turquoise et le groupe formé autour du duo Larry Johnson-Alonzo Mourning. En 2002, la franchise, en conflit avec la ville de Charlotte, avait déménagé à New Orleans, qui attendait une équipe depuis quasiment 25 ans et le départ du Jazz pour l’Utah. Comme vous le savez probablement, les Frelons sont depuis rentrés à Charlotte et ce sont les Pelicans qui se sont installés à NOLA.

La saison 2005-2006 est très particulière pour la ville. Fin Août, l’ouragan Katrina frappe les Etats-Unis, causant plus de 1400 décès. 80% des bâtiments de la ville sont inondés et les infrastructures de la franchise sont impraticables, ou bien mises à disposition pour aider les réfugiés. La New Orleans Arena est utilisée comme centre de soin immédiatement après le déluge car son architecture fait qu’elle n’est que peu endommagé. Elle sera d’ailleurs de nouveau opérationnel seulement un mois après les événements. Du coup, les Hornets y jouent uniquement 3 matchs en mars, et squattent le reste de la saison au stade de Lousiana State University – pour 6 matchs – et surtout au Ford Center d’Oklahoma City pour le reste, soit 32 matchs. La franchise prend donc le nom des deux villes, et OKC prouve qu’elle est prête à accueillir une franchise NBA…

Bilan : 38-44, 10ème à l’Ouest

Le 5 : Chris Paul (rookie) – Rasual Butler – Desmond Mason – David West – P.J. Brown

Le banc : Craig “Speedy” Claxton – Kirk Snyder – J.R. Smith (sophomore) – Marc Jackson – Aaron Williams – Chris Andersen – Brandon Bass (rookie)

Le MVP : Chris Paul, 16,1 points,  7,8 passes, 5,1 rebonds, 2,2 interceptions, à 20 ans. Rookie of the year.

Les Hornets sortent d’une très mauvaise saison, avec un bilan de 18-64, et tournent la page sur l’époque Jamal Mashbrun – Baron Davis. Le premier s’est blessé et a manqué quasiment toute la saison. Les dirigeants le tradent aux Sixers où il prendra sa retraite un an plus tard. Quant au Baron, il est tradé à Golden State contre Speedy Claxton. En plus, la franchise vient de passer à l’Ouest avec le réalignement des Conférences, ce qui n’est pas un cadeau dans les années 2000. Les Frelons souhaitent partir sur de nouvelles bases et font jouer le rookie J.R. Smith – à l’époque nettement moins tatoué mais déjà fabuleux – tout en visant la Draft. Ils ne décrochent que le 4ème choix, mais sélectionnent un certain Chris Paul, meneur sophomore de Wake Forest University.

Le coach Byron Scott, arrivé en 2004, est chargé du projet de reconstruction de l’équipe – eh oui, il n’a pas toujours fait dans la démolition comme récemment avec les Cavs et les Lakers. Il développe un basket plutôt lent et défensif, et s’appuie sur son meneur rookie pour organiser l’attaque. Chris Paul montre une maturité exceptionnelle dans sa première année chez les pros, avec un ratio passes/pertes de balles de 3,34, qui le place directement aux côtés des références de la Ligue. Il met en lumière l’ailier-fort David West, bien discret sur ses deux premières années en NBA. Principal partenaire du meneur sur pick’n’roll, West passe de 6,2 à 17,1 points ce qui lui vaudra une deuxième place au vote du Most Improved Player. Avant le All-Star Game, les Hornets maintiennent des espoirs de Playoffs, mais ils s’écroulent sur la deuxième partie de saison avec notamment un 3-11 en Mars.

Les Frelons ratent les Playoffs mais ont un avenir brillant. Chris Paul récupère le trophée de meilleur rookie en étant premier de sa classe aux points, passes et interceptions – où il finit 2ème de la Ligue. La ville commence également à se redresser : les Hornets reviendront à New Orleans pour 3 matchs en Mars. Le 8, le stade affiche complet, et même si l’équipe s’incline face aux 40 points de Kobe, c’est une petite victoire. La ville commence à se relever, et son équipe lui fera connaître des belles saisons les années suivantes, derrière un Chris Paul qui deviendra très vite un All-Star incontournable.

Le moment marquant de la saison : 5 avril 2006. Chris Paul lâche un énorme triple-double : 17 points, 16 passes, 11 rebonds et 6 interceptions dans la victoire de son équipe contre les Warriors, après prolongation.

Les Hornets sont à 36-38 quand il reçoivent la visite des Warriors. Les Playoffs sont quasiment inaccessibles, mais la franchise n’est pas encore officiellement éliminée. Chris Paul a fait son premier triple-double trois jours auparavant dans un match en double prolongation contre les Raptors. Cette fois-ci, il va de nouveau lâcher un triple-double pour aller chercher la victoire au bout de la prolongation. Chris Paul dirige le jeu comme un général, et le scoring est bien reparti avec 9 joueurs à plus de 8 points.

Après ce match, les Hornets n’accrocheront que 2 victoires en 8 matchs, et diront au revoir aux PO. En revanche, ils ont conscience d’avoir avec Chris Paul un joueur à la carrure de franchise player. Déjà très complet et bien plus explosif qu’aujourd’hui, le meneur est arrivé en NBA en étant prêt à dominer.

10 ans après, les Hornets sont revenus à Charlotte mais les Pelicans ont gardé les records et le palmarès de la franchise sur son passage en Louisiane, à partir de 2002. Chris Paul n’a jamais réussi à amener son équipe au-delà des demi-finales de Conférence, malgré un niveau de jeu digne d’un MVP certaines années. Les Pels ont décroché le gros lot à la Draft 2011 avec l’arrivée d’Anthony Davis. Malheureusement, l’ailier-fort prodige enchaîne les blessures, tout comme l’intégralité de son équipe cette année. Si NOLA parvient à régler ce problème de cimetière indien maudit probablement enterré sous le Smoothie King Center, on pourrait peut être les revoir en tête d’affiche. La ville, elle, s’est reconstruite depuis l’ouragan Katrina, même si certains lieux continuent de rappeler la catastrophe, tels des cicatrices. 

Source image : USA Today


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