C’était il y a seulement 10 ans – L.A. Lakers : l’année où Kobe Bryant a décidé de marcher sur la NBA

Le 30 juin 2016 à 19:35 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la ligue. Des dizaines de journey men ont écumé les terrains pendant ce ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez- comme Russel Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. Trashtalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des Los Angeles Lakers…

Bilan : 45-37, 7ème à l’Ouest

Le 5 :  Smush Parker – Kobe Bryant – Lamar Odom – Chris Mihm – Kwame Brown

Le banc : Sasha Vujacic, Brian Cook, Devean George, Luke Walton, et tout au bout en train de tourner des serviettes, les rookies Ronnie Turiaf et Andrew Bynum.

Le MVP : Kobe Bryant, 35,4 points à 45%, 4,5 passes, 5, 3 rebonds, 1,8 interceptions. Meilleur scoreur, All-Star, All-NBA 1st team, All-NBA 1st defensive team, 4ème du vote MVP

Les Lakers sortent d’une saison 2004-2005 catastrophique : malgré une grosse saison statistique, Kobe est très seul et les Lakers ne se qualifient pas pour les Playoffs pour la première fois depuis 11 ans. Le “Black Mamba” est au fond du trou : il loupe les Playoffs pour la première fois de sa carrière. Il est très mal entouré sur le terrain, son coach Phil Jackson est parti et et Kobe est désormais l’un des joueurs les plus détestés de la ligue. On lui reproche son individualisme, le départ de Shaquille O’Neal, et son affaire d’agression sexuelle est – forcément – très mal vue. Même si les charges l’accusant de viol n’ont pas été retenues par le juge, Kobe a dû avouer avoir effectivement trompé sa femme avec une employée  – qui d’après lui était consentante- d’un hôtel du Colorado. Bref, la popularité de l’arrière est au plus bas, et forcément ces affaires affectent son jeu.

Sauf que Kobe reste Kobe : un obsédé du basket. S’il y a un joueur en NBA qui vit pour son sport c’est bien lui. En 2005-2006, le “Black Mamba” revient aux fondamentaux et se concentre uniquement sur son basket. En plus, Phil Jackson, le “Zen Master” revient aux commandes après une pause d’un an, digestion des finales perdues face aux Pistons oblige. Résultat ? à 27 ans et plus concentré que jamais, Kobe Bryant a fait  de cette saison son chef d’oeuvre. 2005-2006 fût le sommet individuel de la carrière du numéro 8. Le Kobe show. Cette saison-là, il a fait comprendre à la ligue qu’il en était le meilleur scoreur. Attention, instant comptable : seulement 3 matchs sous les 20 points, plus de 45 points sur 4 matchs consécutifs, 27 matchs à plus de 40 points, et record de points sur une saison des Lakers – qui ont vu du beau scoreur passer entre Baylor, Abdul-Jabbar et Jerry West-. Un mois de Janvier à 43,4 points de moyenne avec une pique légendaire à 81 points contre Toronto le 22 du mois. Des chiffres que seul Wilt Chamberlain a réalisé auparavant, et quant bien même, dans la NBA réduite des années 60. Forcément, marquer autant de paniers permet de récolter un bon nombre de victoires. En plus de ça, Kobe et Shaq affichent leur entente lors des rencontres avec Miami, ainsi qu’au All-Star game et il n’en faut pas plus pour que le franchise player des Lakers regagne en popularité.

Peut-on résumer les Lakers à Kobe cette année ? Probablement oui. Lamar Odom était un très bon lieutenant, polyvalent, créateur et obligé comme Kobe à passer plus de 40 minutes sur le terrain à cause de la pauvreté de l’effectif. En effet, le reste du roster était composé de peintres à l’échelle de la NBA. Certes Smush Parker, très souvent moqué, réalisait une saison assez solide, la meilleure de sa carrière. Ces joueurs pouvaient apporter d’une certaine façon mais auraient probablement été relégué en seconde rotation ou en bout de banc chez les autres équipes qualifiées en Playoffs. Des roles players moyens qui se sont retrouvés dans le cinq majeur ou en première rotation. De toute façon cette année-là, Kobe aurait probablement pu mener un roster composé de Odom et des membres de la rédaction Trashtalk en post-season. D’ailleurs, si les Lakers sont tombés au premier tour, ils sont sortis avec les honneurs. Face aux Suns du double MVP Steve Nash, les Lakers mènent la série 3 à 1 mais ne parviennent pas à y mettre un terme et s’inclinent sur les 3 derniers matchs. Coucou le Thunder, coucou les Warriors. Comme au cours de la saison, Kobe est monstrueux – 28 points à 50%, 40% à 3 points, 6,3 rebonds, 5,2 passes- et Odom énorme -19 points, 11 rebonds, 5 passes- mais le reste de l’équipe ne suit pas. La légende de cette saison aurait pu être encore plus grande à peu de chose près.

Cette saison est finalement peut être celle qui adoube Kobe Bryant comme franchise player, celle où il se débarrasse de l’ombre du Shaq et fait comprendre qu’il pourra aller chercher des titres sans le pivot. D’ailleurs, 2 ans et un Pau Gasol plus tard, les Lakers sont de nouveau finale NBA, derrière leur MVP, Kobe Bryant.

Le moment marquant de la saison : Kobe plante 50 points -son record en Playoffs- dans la défaite, face aux Suns, en prolongation, au game 6 du premier tour des Playoffs.

C’était difficile de choisir un moment marquant, tant la saison de Kobe Bryant est légendaire : ses 62 points en 3 quarts temps contre les Mavs en Décembre et ses 81 points en Janvier sont des incontournables. Mais nous avons déjà analysé et re-analysé ces matchs -n’hésitez pas à cliquer sur ces liens si vous n’en avez pas entendu parler auparavant- et cette saison contient d’autres performances légendaires.

Penchons-nous plutôt sur cette série de Playoffs. Kobe mène ses Lakers à la 7ème place de la conférence Ouest avec l’aide de Larma Odom. Face à eux en Playoffs, les Suns du double MVP Steve Nash. Le run and gun de leur coach Mike D’Antoni fait des ravages offensifs, et force leurs adversaires à s’adapter face à ce rythme de jeu très rapide. A la surprise générale, les Lakers parviennent à prendre un match à Phoenix et remportent les deux suivants à la maison, dont le game 4 sur un tir de Kobe à la dernière seconde. Ces exploits leur permettent de ramener la série à 3-2 aux Staples Center. Game crucial donc. Après un 4ème quart temps extrêmement serré et conclu par un shoot de Kobe dévié par Shawn Marion, le match va en prolongation. Les Suns créent l’écart facilement, avant de conclure la série chez eux par une victoire de 31 points. La saison légendaire de Kobe s’arrêtera là, et cette série résume la saison : un joueur monstrueux assez fort pour hisser son équipe parmi les meilleures mais qui ne peut pas tout faire. 

Kobe plante 50 points à 20/35 dont 5/8 à 3 points avec 8 rebonds et 5 passes. Lamar Odom l’accompagne en bon lieutenant avec 22 points, 11 rebonds et 9 passes, mais le collectif des Suns est trop fort pour eux. Mené par un Steve Nash des grands soirs, 5 des 8 joueurs de Phoenix mettent au moins 19 points. Morale de cette série et de cette saison : le “Black Mamba” est pratiquement indéfendable mais ne peut pas gagner tout seul. Il devra attendre du renfort pour passer les tours de Playoffs.

 10 ans après une des plus grosses saisons individuelle de l’histoire, Kobe Bryant s’est retiré. Son “Kobe Tour” n’était pas à la hauteur de cette saison, mais il a soigné sa sortie, et rappelé à tout le monde sa légende en plantant 60 points. Le jeune Brandon Ingram vient d’être drafté avec le second choix, et si son potentiel est grand, on lui souhaite bonne chance pour compenser le vide que va laisser le départ du Mamba dans le cœur des fans. 

Source image : complex.com