Drafté en 27ème position, Pascal “Le Grand Frère” Siakam rejoint le contingent africain de la NBA

Le 26 juin 2016 à 18:45 par Francois M

C’est la mention “hein, qui ça ?” de la Draft. Au mieux projeté au milieu du second tour, Pascal Siakam a été sélectionné en 27ème position par les Toronto Raptors, et a fait paniquer plusieurs commentateurs qui ont dû fouiller dans leur pile de fiches. Il rejoint ses compatriotes camerounais Joel Embiid et Luc MBah a Moute dans la grande ligue.

Lorsque Adam Silver a appelé son nom aux consonances de joueur de football, plus d’un ont été surpris. Il faut dire que même dans une NBA qui s’internationalise, on n’est pas encore habitué à voir des noms africains être appelés le soir de la Draft. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si celui-ci s’est fait drafter par les Toronto Raptors. Le General Manager Masai Ujiri n’hésite pas à sélectionner des joueurs annoncés au second tour pour sécuriser leur venue, et avait déjà surpris les analystes à la Draft 2014 en sélectionnant l’inconnu Bruno Caboclo à la 20ème position. Sans que cela ait mené à beaucoup de succès -pour l’instant-. De plus Masai, de part ses origines nigérianes, est très investi dans le développement du basket-ball en Afrique, et si un G.M. s’y connaît sur les prospects africains, c’est bien lui. La Draft de Siakam pourrait d’ailleurs être liée au destin d’un autre africain, le congolais Bismack Biyombo. Le pivot sort d’une campagne de Playoffs à 6,2 points, 9,4 rebonds et 1,4 contres en 25 minutes, avec une défense d’élite et des match XXL, comme ses 26 rebonds au Game 3 face à Cleveland. Son profil étant très recherché dans la ligue, il risque de récupérer un beau contrat avec beaucoup de zéro, sur lequel les Raptors ne pourront probablement pas s’aligner, puisqu’ils ont déjà mis 15 millions l’année sur Jonas Valančiūnas au poste de pivot. La solution choisie pour remplacer l’apport de Biyombo à court ou moyen terme semble être la draft de Siakam. L’ailier-fort de 2 mètres 08 et 104 kilos est déjà un beau bébé, mais a encore besoin de s’étoffer un peu. En dehors de cela il présente les mêmes qualités – et les mêmes défauts – que Biyombo.

Mais alors, pourquoi son nom ne semble familier à personne ? L’ailier fort a pourtant fait partie de la soixante de prospects invités au Draft Combine, qui mesure les performances physiques des joueurs. Avec une envergure gogo-gadgeto-bras de 2 mètres 20 et une bonne mobilité, il y a fait bonne figure. De plus, Siakam ne vient pas de nul part puisqu’il est aux Etats-Unis depuis ses 16 ans après avoir été repéré par Luc Mbah a Moute à un camp de basket. Ses 3 frères jouent au basket, dont un en D-League.  Ses stats dans sa campagne de sophomore  sont d’ailleurs impressionnantes : 20,3 points, 11,6 rebonds [dont 4 offensifs] et 2,2 blocks. Seulement, la 1ère division de NCAA est composée de plus de 350 équipes, et de nombreuses divisions. Pascal Siakam a balancé ces stats dans la Western Athletic Conference. La quoi ? Oui, c’est normal si vous n’avez jamais entendu parlé de cette conférence. Le plus gros programme de la conf est certainement New Mexico State University, où Pascal Siakam vient de passer 3 ans , dont une sur le banc en red shirt pour cause de blessure.  New Mexico State University c’est 22 participations à la March Madness, dont une l’an dernier -éliminés par Kansas- mais pas un seul tour passé depuis 1970. 12 joueurs en NBA dont le géant indien Sim Bhullar en 2015 pour quelques matchs avec les Kings, mais pas un seul drafté depuis 25 ans. Légèrement mieux que Châteauroux, mais pas de quoi s’emballer. Bref un petit programme, peu médiatisé et un niveau de jeu dont on se demande s’il pourra se transposer à l’échelon supérieur. Mettre 2,2 contres par match sur une défense de zone face à des joueurs de second rang c’est sympa mais ça ne donne aucune garantie à l’échelle NBA. Siakam a été drafté principalement pour sa dureté et ses capacités au rebond, qui semblent au niveau NBA. Pour le reste c’est un chantier, dont il risque d’être le chef maçon : n’attendez pas de points hors de la peinture ou de création, l’ailier fort a encore du boulot.

Le choix de Pascal Siakam est le symbole d’une NBA qui s’élargit à l’international, et de franchises qui osent drafter autre chose que les prospects américains jouant dans les gros programmes universitaires. A 22 ans, l’intérieur a le potentiel pour devenir un solide role player, et pourrait très vite avoir plus de matchs à son compteur que son compatriote Joël Embiid… 

Source image : cameroon-infos.net