Profil Draft 2016 : Henry Ellenson, le stretch-four qui va devoir apprendre à défendre

Le 14 juin 2016 à 17:30 par Benoît Carlier

On poursuit notre tour des futurs bleus qui vont peupler la cour de récré à partir d’octobre prochain en NBA. Aujourd’hui place à Henry Ellenson, le surdoué de Marquette qui a déjà de beaux atouts à faire valoir malgré son jeune âge avec un profil de stretch-four qui devrait attirer pas mal de convoitises.

Profil

> Âge : 19 ans. Né le même jour que Ronny Turiaf, si ça c’est pas la classe.

> Position : Intérieur. Ailier-fort, mais on peut l’imaginer pivot dans une équipe qui joue le small-ball.

> Equipe : Marquette. Comme le daron.

> Taille : 211 centimètres. Coucou KAT.

> Poids : 110 kilos. Déjà un beau bébé.

> Envergure : 218 centimètres. Limite pour sa taille.

> Statistiques 2016 : 17 points, 9,9 rebonds, 1,8 passe, 1,5 contre et 0,8 interception à 44,6% au tir et 28,8% de loin, le tout en 33,5 minutes.

> Comparaison : Il idolâtre Carmelo, on va plutôt dire Kevin Love ou Frank Kaminsky selon l’ambition.

> Prévision TrashTalk : Dans la deuxième moitié des lottery picks, entre la 8è et la 14è place.

Qualités principales

# Un instinct offensif qui ne s’apprend pas à l’école

Issu d’une grande famille de basketteurs, notre client du jour a grandi avec un ballon entre les mains. À la boulangerie, à l’école ou à l’église, on ne croise pas le petit Henry sans son Spalding et ça se ressent aujourd’hui sur le parquet. Largement porté vers l’attaque, il a eu le temps de développer une palette technique offensive qui n’a rien à envier à celles de Manet, Degas ou Cézanne. Au poste, il enrhume ses adversaires en pouvant terminer le boulot des deux mains. Il connaissait les règles du pick-and-roll avant d’apprendre à lire et il a déjà usé des milliers de ficelles dans sa vie. C’est d’ailleurs au tir qu’il se fait le plus plaisir, notamment dans le mid-range. Son défi se situera derrière l’arc où il a montré qu’il n’était pas effrayé de reculer lors de son année à Marquette même si le pourcentage reste encore un peu suspect. Enfin, sa formation de meneur lorsqu’il était plus jeune lui permet de driver des deux côtés bien que sa vitesse l’empêche de distance énormément son défenseur.

# Un physique taillé pour la NBA

C’est l’une des premières choses qui frappe quand on le voit jouer. À côté de tous les physiques frêles qui composent les rangs universitaires, il passe pour un bon vivant capable d’avaler un Brandon Ingram au petit déjeuner. Sa largeur d’épaule lui permet de s’imposer dans les raquettes en faisant goûter ses bras luisants aux bouches de ses adversaires, sa taille de short nous fait dire qu’il aime la cantine. En bref, on peut dire que Papa et Maman ont bien travaillé pour délivrer un double-mètre bien généreux dans tous les sens du terme. Résultat, Henry Ellenson pourra répondre au défi physique de la NBA dès ses débuts et on peut l’imaginer en intérieur hybride comme les franchises en raffolent en ce moment. Pour autant, il reste assez agile pour mener la contre-attaque et terminer en back-to-back en défonçant violemment le cercle ou avec une belle passe pour le copain dispo dans le corner. Leader de son équipe aux points, rebonds et contres cette année, il a un vrai sens du placement pour récupérer des tirs déviés par le cercle. Avec 11,3 rebonds ramenés à 40 minutes, il est l’un des tous meilleurs de la cuvée dans ce secteur et il est déjà au point sur le box out si compliqué à faire rentrer dans le crâne de certains rookies.

# Un profil qui va plaire aux franchises NBA

Ce qui nous amène donc au dernier point, le plus intéressant sans doute puisqu’il va déterminer une partie de la carrière du natif du Wisconsin chez les pros. Grâce à toutes ses qualités développées ci-dessus, il pourrait intéresser beaucoup de monde le 23 juin, notamment les franchises un peu courte en rotation intérieure. Un bon shooteur capable d’écarter les défenses que l’on appelle stretch-four dans le jargon, mais aussi un buffle qui saura se faire sa place dans la peinture lorsqu’il est servi au poste. Le genre de profil polyvalent qui met des étoiles dans les yeux de n’importe quel GM en cette période où le small-ball est tendance. Henry Ellenson offrira donc une belle flexibilité à son coach qui devrait lui garantir un spot en lottery pick du simple fait de pouvoir évoluer aux deux positions intérieures.

Défauts majeurs

# Envie défensive ?

Les errements défensifs et l’attitude un peu je m’en foutiste qui pouvaient parfois être aperçus en NCAA ne passeront plus du tout à l’étage supérieur. Autant qu’on sache, son passeport n’indique pas le nom de James Harden et il va donc falloir passer par un peu plus de rigueur dans sa propre moitié de terrain si Henry veut passer un cap chez les pros. Manque d’intensité ou manque d’envie, toujours est-il que le jeunot a pris conscience de ses lacunes en lisant les différents reports sur sa personne et sait ce qui l’attend une fois les workouts terminés. Car en plus d’un certain manque de combativité une fois que l’attaquant a pris le dessus sur lui, on parle ici de vrais fondamentaux de la défense qui n’ont apparemment pas fait partie de son apprentissage étant plus jeune. Il est assez naïf sur les feintes et se livre beaucoup trop en défense, permettant à son vis-à-vis de le prendre à contre-pied très facilement en partant des extérieurs. Il a aussi tendance à être attiré par la balle, jusqu’à en oublier le short qu’il est censé accrocher. Un défaut qui aboutit trop souvent à des décalages qui ne pardonneront pas en NBA.

# Un pourcentage encore suspect lorsqu’il s’écarte un peu trop du cercle

Option offensive numéro 1 à Marquette cette saison, Henry Ellenson produit aussi pas mal de déchets au tir. Avec une trajectoire parfois un peu trop tendue, il a délivré assez de briques à 3-points pour reconstruire une nouvelle salle à côté de celle des Golden Eagles. Adieu le tri sélectif, on parle ici d’un pourcentage de 28% bien dégueu qu’il va falloir rapidement améliorer pour mériter cette réputation de stretch-four. Sa mécanique de tir reste malgré tout assez fluide et son adresse devrait pouvoir grimper en flèche avec l’aide d’un entraîneur spécialisé. Surtout s’il sélectionne mieux ses tirs alors qu’on l’a parfois vu prendre des tentatives contestées douteuses avec encore 20 secondes sur l’horloge. Typiquement le genre de choses qui n’arriveront plus au rookie qui n’aura plus les mêmes responsabilités en NBA, du moins au début.

# Attention à garder la ligne

S’il semble prêt à se mesurer à des hommes dès aujourd’hui, attention à ne pas tomber dans l’excès en commandant directement un short XXXL à l’équipementier local. Déjà qu’il manque d’explosivité, il risquerait de payer cash tout kilo superflu. On pense à son premier pas sur le drive mais aussi à la défense où il risque de se coltiner quelques phénomènes physiques comme Blake Griffin, Anthony Davis ou Kristaps Porzingis entre autres. À une époque où beaucoup d’équipes cherchent à accélérer le rythme, la confrérie des gros shorts est en voie d’extinction et il serait dommage de tirer une croix sur une belle carrière NBA pour quelques Four by four chez In-N-Out aussi bons soient-ils.

Conclusion

Avec son profil de stretch-four, Henry Ellenson a de quoi intéresser du monde après une seule saison sur les bancs de la fac. La franchise qui lui fera confiance peut s’attendre à un apport offensif intéressant au bout de quelques mois seulement. Le vrai travail se situera surtout en défense où le futur rookie a du pain sur la planche pour rivaliser avec les monstres qui peuplent la Grande Ligue à ce poste. Pas de quoi glisser plus loin que les lottery pick normalement.

Source image : Rich Graessle – Icon Sportswire