Bruce Bowen : attention chien méchant et défenseur étouffant

Le 14 juin 2016 à 21:33 par Alexandre Martin

L’histoire de Bruce Bowen est celle d’un ailier qui, si on le juge à travers ses lignes de stats, ne fut qu’un joueur banal voire moyen ou limité parmi tous les joueurs qui ont foulé les planches de la NBA. Mais, on ne le sait que trop, même en basket où les chiffres sont roi, ils ne peuvent pas tout retranscrire. Loin de là. Avec ses 6 points accompagnés d’à peine 3 rebonds de moyenne en carrière, ce bon Bruce en est un exemple criant tant il a pesé sur les parquets et sur le dos, les épaules, les joues ou encore les côtes des meilleurs attaquants de la Ligue.

Il est très dur sur l’homme, c’est un défenseur intransigeant qui vous colle et essaie de rentrer dans votre tête pour mieux vous sortir du match. Concrètement, c’est une peste.  — Phil Jackson

Et le grand Phil sait parfaitement de quoi il parle lui qui a dirigé quelques très gros défenseurs extérieur comme Michael Jordan et bien évidemment Scottie Pippen. Mais c’est plus tard que Phil a vraiment appris à connaître Bowen le chien de garde. Depuis le banc des Lakers, le coach aux onze bagues a pu voir Bowen sous l’uniforme des Spurs pourrir la vie de Kobe Bryant à de nombreuses reprises. Déjà que les affrontements entre ces deux équipes étaient extrêmement tendus et serrés à l’époque (début des années 2000) car elles se sont partagées tous les titres de l’Ouest de 2000 à 2005 mais, en plus, le match dans le match que Bruce et Kobe envoyaient était un spectacle à lui tout seul pour tout amateur de bonne grosse rivalité. On se souvient de ces Demi-Finales de Conférence en 2002 où le Mamba avait été bien travaillé au corps par Bowen. Kobe adorait évidemment ce genre de défi et même s’il arrivait souvent à assurer de grosses lignes de stats, il s’en sortait rarement totalement indemne…

En fait, soyons tout à fait clair, Bruce Bowen a été l’un des défenseurs extérieurs les plus craints de sa génération. Les joueurs offensifs des postes 2 et 3 craignaient sa mobilité, ses longs bras, ses mains actives et sa faculté à coller, à suivre sa proie au travers une série d’écran. Mais ils craignaient également les coups bas – voire haut – que pouvait porter le numéro 12 des Spurs chez qui il a passé 8 de ses 13 saisons dans la Ligue. Et c’est de toutes façons vraiment dans les Texas que Bowen a explosé et s’est offert une “belle” réputation. Car le bonhomme revenait de loin après être sorti de l’université en 1993 mais ne pas avoir été drafté pour finalement échoué en France – au Havre et à Evreux – avant d’intégrer finalement la NBA par une toute petite porte, celle du banc du Heat puis de Boston.

Très vite, de nombreuses star(lettes ?) du moment ont commencé à se plaindre du style très viril et parfois dangereux imposé par Bowen aux meilleurs attaquants que croisaient les Spurs d’un Gregg Popovich qui avait évidemment compris comment utiliser son Bruce. Vince Carter, Allen Iverson et Steve Francis notamment l’ont accusé d’empiéter volontairement sur leur espace “d’atterrisage” après des jumpshot ou des attaques de cercle. C’est tellement vite fait de se tordre une cheville ou un genou en retombant sur le pied de quelqu’un au basket. C’est tellement vite fait aussi de se prendre un coup de pied au visage quand on croise ce bon Bruce…

Exemple du coup de la cheville qui tourne ici avec Vinsanity…

Un “dirty player”, un vicieux ou spécialiste du coup bas monsieur Bowen ? Oui certainement qu’il dise le contraire ou pas. Mais donc aussi un défenseur comme on en fait peu. Un chien de garde gluant, pressant et infernal dont les Tony Allen, Raja Bell se sont inspirés à l’époque et dont Kawhi Leonard s’inspire aujourd’hui. Un chien de garde qui s’est tout de même retrouvé 8 fois d’affilée dans les All-NBA Defensive Teams de 2001 à 2008. Un mec qui a participé activement à 3 titres des Spurs (2003, 2005 et 2007). Un vrai “3 and D” capable de planter du tir primé de manière presque aussi dangereuse que sa défense (quasiment 40% en carrière) et qui n’étaient donc pas un poids mort en attaque – une fois qu’il avait permis à son équipe de récupérer le ballon en fait.

Bill Simmons a un jour parlé de Bowen comme d’un “pauvre joueur qui allait vraiment finir par blesser quelqu’un un jour mais qui rendait vraiment son équipe meilleure au final”. C’est assez bien résumé même si ça ne dit pas tout. Mais demandez-donc à LeBron James ce qu’il en pense. Lui qui a dû se contenter de 22 points de moyenne à tout juste 36% de réussite lors des Finales 2007. Demandez-lui donc qui est son pire cauchemar défensif. Il y a fort à parier que le nom de Bruce Bowen ne soit pas bien loin derrière votre question. Car si en 2007, notre Tony Pi national fut monstrueux en Finales et en fut le MVP pendant que Duncan et Ginobili envoyaient du lourd à côté, c’est aussi grâce au boulot d’un Bowen ayant déjà 36 ans que les Texans ont sweepé les Cavs. Ne l’oublions pas.

Au final, Bruce Bowen est peut-être considéré par certains comme un animal défensif parfois dangereux et surtout très “mordant” mais il a toujours obligé ses adversaires à bosser plus dur que d’habitude pour maintenir leurs moyennes (quand ils y arrivaient…). Et puis, de toutes façons, ses bagues et son bilan de 578 victoires pour 295 défaites en saison régulière parlent pour lui de la meilleure des manières, celle des gars qui ont fait ce qu’il fallait pour gagner et ce, quoiqu’il en coûte aussi bien à leurs opposants qu’à eux-mêmes. 

Source image : Ronald Martinez/Getty Images


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