Profil Draft 2016 : Marquese Chriss, une bête athlétique qui découvre à peine le basket

Le 10 juin 2016 à 16:37 par Benoît Carlier

Notre tour des futurs rookies qui vont avoir l’honneur d’intégrer la Grande Ligue le 23 juin prochain continue. Place à Marquese Chriss aujourd’hui, un prospect aux qualités physiques impressionnantes qui devrait intéresser des franchises à la recherche d’un poste 4 nouvelle génération au potentiel encore loin d’être exploité à 100%.

Profil

> Âge : 18 ans. Né en 1997, ça nous rajeunit pas tout ça.

> Position : Ailier-fort. Le profil parfait du poste 4 des années 2010.

> Equipe : Washington. Entre Brandon Roy, Isaiah Thomas et Nate Robinson, la fac est plutôt connue pour ses extérieurs récemment. Désolé Detlef Schrempf, on a dit récemment.

> Taille : 208 centimètres. Coucou Anthony Davis.

> Poids : 105 kilos. Et pas beaucoup de graisse.

> Envergure : 213 centimètres. Pas ouf pour sa taille.

> Statistiques 2016 : 13,8 points, 5,4 rebonds, 0,8 passe, 0,9 interception et 1,6 contre à 53,1% au tir dont 35% du parking et 68,5% aux lancers, le tout en 25 minutes.

> Comparaison : Jeff Green ou Markieff Morris.

> Prévision TrashTalk : fin de Lottery.

Qualités principales

# Un monstre athlétique

Malgré une allure encore un peu keus, notre client du jour connaît déjà bien le chemin de la salle de muscu. On ne devrait donc pas tarder à le voir squatter nos Top 10 du lundi matin puisqu’il passe la moitié du match dans les airs. Un joueur des Clippers dans l’âme qui flaire toujours les bons coups pour venir martyriser le cercle à une ou à deux mains. En transition, au lob ou au rebond offensif, il s’assure ainsi un beau pourcentage de réussite au tir en venant déposer lui même ses colis au bureau de poste. La tête dans les nuages à chaque fois qu’il monte, on lui conseille quand même de faire gaffe de ne pas se cogner sur le cercle lors du décollage. Quelle idée aussi de placer ça aussi bas ? On se demande à quoi pense la NBA parfois. Ses adversaires son prévenus, un marsupilami rode dans la raquette et il n’est pas plus agréable à croiser dans sa propre moitié de terrain où il a déjà tapé des beaux chasedown blocks contre la planche.

# Le profil type du poste 4 moderne

Les critères de recrutement chez les ailiers-forts ne sont plus du tout les mêmes qu’il y a 20 ans dans la Grande Ligue. Aujourd’hui, il faut pouvoir cavaler à tout va et envoyer des ogives derrière l’arc pour étirer les défenses. Une description qui semble matcher avec le profil de Marquese Chriss qui faisait mouche à 35% du parking cette saison. On mettra quand même un petit bémol à cette statistique assez peu représentative puisqu’elle n’a été calculée que sur 60 tirs lointains lors de son année freshman. Mais le Californien a quand même montré dans ses premiers workouts qu’il était à l’aise loin du panier où il est aussi capable d’attaquer en partant en drible. Doté d’un premier pas létal, il risque de faire regretter toute mauvaise anticipation à son défenseur. Car une fois que le train est en marche, bon courage pour l’arrêter. Enfin, il dispose déjà d’une belle palette offensive qui lui permet de marquer dans toutes les positions, que ce soit sur PNR, pick-and-pop, au poste ou en catch-and-shoot.

# Une belle marge de progression

Arrivé au basket sur le tard, il y a environ cinq ans, l’ancien joueur des Huskies est encore en pleine phase d’apprentissage et son potentiel est encore loin d’avoir été pleinement exploité. Déjà auteur d’une belle progression entre le début et la fin de sa saison universitaire dans le Washington, personne ne sait réellement où se situe son plafond. Avec un bon staff et un vétéran à ses côtés pour lui filer les ficelles du métier, il pourrait devenir un joueur très complet à terme. La franchise qui le sélectionnera devra donc faire preuve de patience et l’encadrer le mieux possible pour qu’il développe sa panoplie du parfait ailier-fort et qu’il apprenne les fondamentaux qu’il n’a pas eu le temps d’intégrer lors de sa courte expérience de basketteur jusqu’à maintenant. Sky is the limit comme dirait l’autre, nous on aimerait bien avoir le quart de son talent après 20 ans à squatter les playgrounds du centre-ville.

Défauts majeurs

# Manque de fondamentaux

On ne s’invente pas basketteur professionnel après avoir vu deux mix sur Michael Jordan ou en ponçant sa disquette de 2K. S’il est impatient de rejoindre le championnat le plus réputé du monde, il va aussi devoir bosser les bases sous peine de vite se faire pousser tout au bout du banc. La NBA a beau se reposer en grande partie sur les qualités athlétiques de ses athlètes, il va quand même falloir apprendre à utiliser cette main gauche pour finir au cercle par exemple. Ce qui pouvait sembler un atout juste au-dessus peut aussi être considéré comme un défaut puisque rien de vaut des années d’expérience pour développer son QI basket en étant confronté à des situations nouvelles sans cesse. Ce processus, il aura directement lieu chez les pros pour Marquese Chriss qui va devoir se bouffer pas mal de séances vidéos pour rattraper son retard.

# Allô, la défense ?

Syndrome typique d’un joueur qui découvre à peine le basket, le futur rookie a eu tendance à laisser un peu l’aspect défensif de côté pour grimper les échelons plus vite en brillants par ses prouesses balle en main. Mais les erreurs qui étaient tolérés en NCAA seront interdites en NBA et notre amie la Marquise va donc devoir faire un vrai effort dans sa propre moitié de terrain. Car s’il est excellent pour récupérer des rebonds chez l’adversaire, ce constat ne s’applique pas aux prises défensives où il fait partie des cancres de sa promo. Incapable de box out, il se fait régulièrement marcher dessus dans sa peinture, surtout par des gabarits plus grands que lui. Il va donc falloir mettre à profit les qualités physiques décrite plus haut pour priver l’équipe adverse de secondes chances en anticipant davantage le rebond avant même le déclenchement du tir. Il a également beaucoup de mal à garder son vis-à-vis au poste à cause d’appuis parfois mal pensés qui ne pardonneront plus à partir de l’année prochaine. Il est là le plus gros défi pour Chriss s’il veut rapidement obtenir des minutes chez les grands !

# Laisser les émotions de côté pour jouer avec son cerveau

Très émotif sur le parquet, Chriss se laisse parfois un peu submerger par l’enjeu et fait des choses qu’il regrette par la suite. Il va donc falloir apprendre à garder son sang-froid pour éviter les fautes stupides qui peuvent rapidement devenir pénalisante. Sifflé plus de 4 fois par match en moyenne, il a dû quitter ses coéquipiers prématurément à 15 reprises en 34 rencontres cette saison dont six soirs de rang en janvier. Même s’il aura droit à une faute de plus en NBA, cela pourrait vite devenir une situation frustrante pour lui. Dans le même genre d’erreurs à éviter, ne comptez pas sur lui pour devenir le prochain Draymond Green à la passe. Du moins pas tout de suite. Pas très étonnant quand on sait que son joueur préféré en NBA s’appelle Rudy Gay. Marquese Chriss a tendance à perdre toute lucidité sous la pression et cela abouti parfois à de belles passes dans les mains de l’adversaire. Autant dire que ça risque d’être compliqué pour intégrer la machine bien huilée des Spurs par exemple.

Conclusion

Encore au stade de prototype après seulement quelques années de basket dans les jambes, Marquese Chriss se démarque déjà du lot par des qualités physiques supérieures à la moyenne et une belle palette de tirs. La franchise qui lui fera confiance devra être patiente pour qu’il termine d’assimiler ses fondamentaux mais le retour sur investissement pourrait être l’un des meilleurs de cette cuvée 2016. Gare au steal !

Source image : Sy Bean / The Seattle Times