La non-suspension de Draymond Green : un cas bien connu, les stars et le business avant tout

Le 24 mai 2016 à 09:35 par Bastien Fontanieu

En apprenant que l’intérieur de Golden State ne serait pas suspendu ce soir pour le Game 4 de sa série, plusieurs sentiments se sont mélangés sur la planète basket. Frustration, injustice, dégoût : aurait-on cependant oublié le plus important, celui de la compréhension ?

Avant de procéder à toute explication rationnelle et introspection historique concernant le drop de Draymond dans les kiwis de Steven Adams, il convient de mettre d’entrée les points sur les i, les barres sur les t et les coquilles sur les bourses. Oui, Green aurait dû être suspendu pour son vilain geste effectué dans la nuit de dimanche, et pour une seule raison. Pas pour la stupidité de ses propos le lendemain, pas pour la répétition du même acte dans un intervalle de 48h, pas pour le casier judiciaire de l’aboyeur formé à Michigan State ni même pour la part intentionnelle du coup. Non, si Draymond Green aurait dû vivre ce Game 4 en starco plutôt que sur le terrain, c’est pour un simple fait, partagé universellement chez les fans : ce type de comportement devrait être interdit, sévèrement puni et servir d’exemple à ne pas suivre pour l’avenir. Une vision certes très Bisounours et décalée de la réalité, mais qu’il faut tout de même avancer dans le but d’apaiser les grandes vagues d’animosité décelées un peu partout depuis lundi matin. La NBA aurait pu, et dû, comprendre qu’en plus des détails enrobant l’affaire, et notamment le fait qu’il s’agit d’un récidiviste, Green est un symbole des avantages offerts au champion. Que ce soit dans les écrans illégaux, les gueulantes envoyées aux arbitres ou les fautes parfois limite à Oakland, personne ne représente autant le privilège d’être bagué que l’intérieur des Warriors.

Cependant, vouloir que la Ligue agisse ainsi serait totalement omettre les objectifs de celle-ci, sa pérennité sur le long-terme et les feel-good stories qu’elle doit vendre. Non pas que le Thunder en Finale NBA ne soit pas aussi fructueux que Golden State, une affirmation qu’on évitera d’avancer car les données financières sont difficilement quantifiables, mais il est clair que tout scénario incluant des retrouvailles entre Cavs et Warriors est quotidiennement sculpté par les hautes-instances de New York. C’est comme ça, qu’on le veuille ou non. Et c’est sur ce point précis qu’un virage émotionnel comme rationnel doit être pris par ceux qui vivraient encore dans ce monde rempli de fleurs et de justice sportive. Non pas qu’on veuille forcer qui que ce soit à quitter ses convictions, il suffit de lire ces lignes pour comprendre que nous agissons dans un sens qui nous semble ‘juste’, mais chaque campagne de Playoffs apporte son lot de controverses, de décisions frustrantes et de digestion permanente. Posons-nous quelques secondes et prenons exemple sur quelques figures du jeu, qui ont elles aussi eu droit aux faveurs de la Ligue. Kobe a dévisagé Mike Bibby et s’en est sorti avec une tape sur les doigts en 2002. Pourtant ? La légende vivante reste indétrônable sur sa montagne. Dwyane Wade a cassé Darren Collison en trois et a terminé la série sans aucun souci il y a quatre ans. Pourtant ? On avance comme si de rien n’était. Dwight en 2010, les Spurs en 2007, le même Steven Adams qui se fait bousculer par Zach Randolph en 2014, il y a tellement de dossiers similaires et qui ont vu le vilain méchant repartir avec le sourire qu’on pourrait s’offusquer et ne plus regarder de match pendant qu’on y est.

Sauf que la NBA, c’est aussi ça. Ce sont des différences de traitements en fonction des statuts, des origines, des lieux et des âges : c’est tout un code qui semble difficile à comprendre mais doit cependant être respecté, par tous. Un Européen sera sifflé pour une reprise de dribble pendant que LeBron fera 4 à 7 pas pour aller au panier. Kevin Garnett pourra crier dans les oreilles de Scott Foster alors qu’un poing serré de DeMarcus Cousins vaudra une technique minimum. Oui, ce sentiment d’injustice est bien présent et il existe un monde dans lequel toutes les décisions prises seraient ‘justes’. Mais justes pour qui ? Car au final, le principal intéressé reste la NBA, et il y a une machine à faire tourner. Attention, loin de nous l’envie de dire que les Warriors vont du coup se balader jusqu’au titre, car quoi qu’il arrive la Ligue les sauvera : certainement pas. Il y a une balance à jauger, un milieu à trouver et qui puisse convenir au plus grand nombre. Et ainsi hier, dans les bureaux silencieux de la cinquième avenue, Adam Silver et ses sbires ont jugé qu’il fallait couper la poire en deux. C’est-à-dire mettre un coup de pression à Draymond Green, sans pour autant pénaliser Golden State, qui se trouve déjà dans une situation peu rassurante et pourrait impacter la Ligue. Est-ce que le même traitement aurait été accordé dans le sens inverse ? Un genou de Steven Adams sur le numéro 23 ? Une tarte de Kanter dans la bouche de Curry le roi ? Non, évidemment. Un match de suspension aurait été infligé, et peu de monde aurait bronché. Car la Ligue qu’on aime et qu’on regarde au quotidien a aussi ses vilains secrets et ses petits défauts. On ne touche pas aux stars, on ne touche pas au champion non plus.

Le Thunder souhaite-t-il se faire justice et ainsi libérer les milliers de passionnés qui se sentent heurtés dans leurs convictions ? Il faudra passer sur le corps de GS, sans y mettre les genoux. Une dure loi qui existe depuis des années en NBA, et qui n’est pas sur le point de changer. Rendez-vous ce soir, pour une réponse qu’on attend au plus grand tribunal : celui du terrain.

Source image : montage FanSided