Profil Draft 2016 : Ivica Zubac, qui veut de la viande avec de bonnes mains ?

Le 20 mai 2016 à 12:38 par David Carroz

Après Petr Cornelie hier, on continue un petit tour d’Europe des intérieurs prometteurs. On se pose aujourd’hui en Serbie pour observer le pivot croate né en Bosnie Ivica Zubac. Un gros nounours encore jeune mais avec déjà de bonnes mains. Présentation du gamin.

Profil

> Âge : 19 ans. Né le 18 mars, comme Sam Bowie. Une carrière de rêve alors.

> Position : Pivot. De la bonne viande d’Europe de l’Est, c’est mieux que du bœuf nourri aux hormones aux USA. Quoique…

> Equipe : Mega Leks. Depuis février, il a quitté le Cibona Zagreb qui ne le payait plus.

> Taille : 216 centimètres. Mais avec sa tête de gamin, on se demande s’il a fini sa croissance.

> Poids : 118 kilos. A peine plus que Marc Gasol, un tout petit peu moins que DeMarcus Cousins.

> Envergure : 224 centimètres. Le mec aurait pu tenir Rik Smith dans le sens de la hauteur.

> Statistiques 2016 : 9,4 points à 65,2%, 4,4 rebonds et 1,4 contre en 17,3 minutes.

> Comparaison : Timofey Mozgov ou Tiago Splitter

> Prévision TrashTalk : Fin de premier tour, début du second.

Qualités principales

# Un beau bébé

Grand, costaud, il possède déjà le gabarit d’un pivot NBA, même si un peu de muscle en supplément ne lui fera pas de mal. Un physique qui lui permet de faire reculer ses adversaires moins solides. Pourtant, malgré cette carrure, Ivica Zubac se déplace très bien sur un parquet et fait preuve d’une belle mobilité. Ainsi, il n’hésite pas à suivre ses extérieurs sur les contre-attaques. Une combinaison force-agilité qui lui permet de plonger vers le cercle pour conclure les pick and roll après avoir réalisé le coup de l’ostéopathe sur le défenseur adverse. Il sait d’ailleurs très bien attaquer le panier dans différentes situation, à partir du moment où il est lancé. Défensivement aussi, il profite de ses qualités physiques, en particulier son agilité. Il doit encore bosser ses fondamentaux, mais c’est le refrain qui revient toujours concernant les jeunes intérieurs qui apprennent le métier et qui ne sont pas toujours concernés en priorité par la “D”. En tout cas le potentiel est là puisqu’il sait déjà bien garder son joueur, se replace vite après un écran. Quand on est solide comme lui, on doit pouvoir défendre dur au poste et cette évolution sera observée. Tout comme sa capacité à être dans le futur un vrai protecteur de cercle en devenant un meilleur contreur. Enfin, sa taille et son allonge font de lui un bon rebondeur offensif avec le matos nécessaire pour briller aussi sur les prises défensives puisqu’il sait se faire de la place grâce à son physique.

# Doué offensivement, surtout pour son âge

Si Ivica Zubac doit bosser ses fondamentaux défensifs, il maitrise déjà ceux en attaque. En tout cas suffisamment pour être une menace sous le cercle et même à proximité de celui-ci puisqu’il n’a que peu de déchet au tir intérieur. Son physique est là aussi d’une belle utilité puisqu’il peut jouer dos au panier et peser sur son défenseur. Secteur du jeu où il excelle bien plus que lorsqu’il est face à l’arceau, grâce à déjà des mouvements au poste variés : jump hook (surtout main droite, même s’il n’est pas manchot de la gauche), spin, step through… pas sûr que les pivots possédant une telle panoplie soient légion en NBA. Capable de se retourner des deux côtés – même s’il préfère s’ouvrir sur sa main droite – Ivica Zubic sait également changer de rythme dans son mouvement et accélérer pour surprendre son adversaire lorsqu’il décide de partir à la conclusion après ses feintes. Tout cela lui permet donc d’être efficace pour scorer, parce qu’il possède de bonnes mains et du toucher, mais surtout un footwork bien sympa pour faire danser son défenseur. Pour compléter la panoplie, Ivica Zubac n’est pas maladroit sur la ligne des lancers-francs pour un joueur de son style et gabarit. Son tir s’améliore même avec une trajectoire plus courbée. De là à aussi pouvoir développer un shoot à mi-distance ?

 

Défauts majeurs

# Les fondamentaux défensifs

On l’a déjà évoqué, mais Ivica Zubac n’est actuellement pas un défenseur à la hauteur de ce que son matos physique devrait lui permettre d’être, tout simplement car les fondamentaux ne sont pas présents. Il a de quoi être solide dans ce secteur du jeu, mais il se fait facilement scorer dessus, en particulier au poste où son adversaire n’a aucun mal à l’enrhumer et le mettre à l’amende. Il faut dire que malgré sa mobilité, il répond mal aux changements de direction de son vis-à-vis. C’est encore pire au périmètre où il galère vraiment sur les pick and roll. Il ne sait pas se placer correctement dans cet exercice et il laisse des boulevards que James Harden ne renierait pas. Il faut dire que comme le barbu, il n’est pas régulier dans sa concentration et ne fait pas toujours les efforts de ce côté du parquet. Trop raide dans sa posture, il reste debout et ne se déplace pas au bon endroit pour couper correctement l’accès au panier et il traine également pour sortir sur les shooteurs. Des manques qui se paieront cash en NBA, surtout qu’on attend encore plus de lui en tant que protecteur de cercle. Ses lacunes d’investissement et de concentration en défense se retrouvent au rebond, secteur de jeu où il se repose bien trop sur son physique sans se montrer conquérant ni faire d’effort, en couplant cela à un mauvais timing. Autre problème pour gober des prises en défense, c’est qu’il ne sait pas toujours où se trouve son adversaire pour box out.

# Du talent offensif, mais encore du travail

Comme tous les jeunes intérieurs, Ivica Zubac est bien loin d’avoir atteint son seuil et dispose d’une marge importante de progrès. Cela va demander du travail, malgré ses bonnes bases en attaque. Par exemple en tant que passeur, puisqu’il ne réalise que peu de passes décisives et perd encore souvent la balle à cause de transmissions téléphonées, réalisées avec désinvolture et donc interceptées. Pour cela il doit mieux lire et comprendre le jeu, comme sur les prises à deux qu’il ne sait affronter correctement, gérant mal cette pression. Des questions se posent aussi quant à sa capacité à faire plus offensivement, à savoir ne pas se contenter de son jeu dos au panier et près du cercle. Peut-il allonger sa distance de shoot, genre dépasser les 5 mètres ? Peut-il tout simplement être à l’aise face à l’arceau ? Il le faudra car une telle caractéristique est demandée en NBA, surtout qu’il reste à voir si son toucher et son footwork peuvent être aussi efficaces face aux mastodontes des raquettes de la Grande Ligue et pas seulement lors des compétitions internationales de jeunes là où il a le plus brillé.

# Injury alert !

Last but not least, Ivica Zubac a déjà connu quelques pépins physiques qui l’ont tenu éloigné des parquets pendant plusieurs mois. A commencer par une fracture du pied en mode Joel Embiid en 2014, se payant ainsi une quasi saison blanche. Cela arrive me direz vous, mais en septembre dernier c’est une blessure au genou qui l’a poussé dans les bras de l’infirmière pendant deux mois et qui aujourd’hui semble encore avoir un impact sur son explosivité, surtout verticale. Même si cela n’a pas eu de conséquence sur sa mobilité, cela craint tout de même, surtout qu’il ne possède pas une détente sèche exceptionnelle, loin de là. Avec un historique tel à même pas 20 piges, les franchises seront pointilleuses avec les tests médicaux d’Ivica Zubac car il est clair qu’avec son profil, il ne peut pas se permettre de trop perdre d’un point de vue athlétique. Et pour cela, il devra rester en bonne santé.

Conclusion

Comme souvent à la Draft, on voit de jeunes intérieurs européens se présenter. Pas sûr qu’ils atterrissent dès l’année prochaine en NBA, même s’ils sont choisis. C’est le destin qu’on imagine clairement pour Ivica Zubac, probablement drafté en début de second tour mais qui fera ses gammes un an ou deux de plus sur le Vieux Continent. En espérant pour lui qu’il ne connaisse pas de gros pépin physique lors de cette expérience, car s’il venait à se blesser de façon régulière comme on peut malheureusement le craindre vu son passif, il serait alors grillé pour la Grande Ligue.

Source image : fiba.com