Profil Draft 2016 : Thon Maker, phénomène de mixtape, sècheur de fac et futur steal de la cuvée ?

Le 18 mai 2016 à 15:25 par David Carroz

Profil Draft Thon Maker

Qui n’a pas encore vu les highlights de Thon Maker mettant la misère à ses collègues de lycée ? Après avoir alimenté les mix sur Youtube, le phénomène soudanais qui en a fait fantasmer plus d’un va devoir maintenant convaincre les scouts que même s’il n’est pas passé par la case NCAA – il a préféré prolonger son bail d’un an en high school alors que ses résultats lui auraient largement permis d’aller à la fac – il a le niveau pour évoluer maintenant dans la cour des grands. 

Profil

> Âge : 19 ans. Né le 25 février comme Joakim Noah, Jimmer Fredette ou Mario Hezonja.

> Position : ailier fort. Mais capable de s’écarter du cercle.

> Equipe : Orangeville Prep, Ontario. Ca ne vous dit rien ? Normal, c’est de la high school.

> Taille : 215 centimètres. Un seven footer, donc la taille d’un pivot.

> Poids : 98 kilos. En dessous du quintal, donc le poids d’un arrière.

> Envergure : 221 centimètres. Doit pouvoir serrer Glen Davis dans ses bras.

> Statistiques 2016 : 11,2 points, 6,7 rebonds et 2,1 contres.

> Comparaison : un grand tout maigre qui débarque directement du lycée et qui joue poste 4, ça ne vous rappelle pas un certain Kevin Garnett ? Sinon au niveau du jeu on peut penser à Adreian Payne. Vive la terreur surfaite des mixtapes.

> Prévision TrashTalk : Un steal au second tour, un pari en fin de premier ou un véritable risque en lottery pick ? On mise sur la première option.

Qualités principales

#  Un combo taille-allonge-mobilité

Un seven footer avec de la mobilité et qui aime courir, ça plait forcément dans une NBA qui apprécie de plus en plus la versatilité des joueurs. Alors un grand qui bouge, ça attire l’oeil. Bien entendu, sa foulée n’est pas non plus d’une fluidité légendaire, mais Thon Maker fait l’effort de se bouger d’un coin à l’autre du parquet, que ce soit pour se replacer en défense ou pour accompagner ses extérieurs lors d’une contre-attaque. La défense parlons-en justement, car en plus de sa mobilité, l’homme des mixtapes dispose d’une belle allonge qui lui offre ainsi de sacrés outils pour tenir en respect ses adversaires. Malgré une tendance à sauter facilement – un défaut qui peut se corriger avec l’expérience – il a les capacités physiques pour peser de ce côté du terrain. Rapide, bon sur ses appuis, voilà une belle combinaison pour rester devant les attaquants sur pick and roll. Et si on ajoute un bon timing, on a du matos défensif à revendre.

# De l’énergie à revendre

On vient de le voir, Thon Maker se bouge sur un parquet. C’est même sa principale caractéristique, lui qui est toujours en mouvement et qui multiplie les courses. Véritable energizer, il dispose d’un bon coffre et d’un moteur qui tourne en non-stop. De la même façon, il se bat comme un beau diable pour gratter des rebonds offensifs, capable d’aller manger des prises sur la tête de ses adversaires alors qu’il vient depuis le périmètre. On avait vu l’an dernier au Hoop Summit qu’il n’avait pas peur d’aller au charbon pour gober du board, avec 10 rebonds en 14 minutes ce jour-là. Malgré son physique frêle et les kilos qui manquent, il n’a pas peur de se battre alors qu’il n’est pas large d’épaule. Un constat valable également en défense puisqu’il n’hésite pas à rentrer dans les duels physiques, aussi bien pour tenter de tenir son joueur au poste ou pour prendre la position préférentielle.

# Un shoot pas dégueulasse

En plus de sa mobilité pas forcément commune à tous les joueurs de sa taille, Thon Maker possède aussi une adresse intéressante de loin. S’il n’est pas un sniper de part s mécanique de shoot très rigide et un geste qui demande à être travaillé et amélioré, il envoie tout de même 31,6% du parking (30/95 en 71 matchs). On a connu bien pire. Il n’est pas constant encore dans ce domaine mais il sait rentrer les tirs ouverts, ce qui est déjà un plus car on a vu bien pire chez les joueurs de sa carrure. Son équilibre est bon, le toucher est moyen. Il faut donc bosser sur la fluidité et en prendre à la pelle à l’entrainement pour devenir une vraie menace fiable. En effet, c’est dans un rôle d’intérieur qui joue face au cercle que son avenir se trouve, Thon Maker étant bien trop limité par son manque de muscle pour devenir un mastodonte des raquettes.

Défauts majeurs

# QI basket et sensations dans le jeu

Quand on voit ce grand échalas ne pas savoir quoi faire du ballon ou se poser des questions sur son identité en tant que joueur, on avoue que par moment, on pense un peu à JaVale McGee. Un mec qui se précipite en attaque et enchaine les mauvais choix. Un mec qui peut se transformer en trou noir quand il reçoit la balle, oubliant que le basket est un sport collectif. Un mec qui fonce tête baissée lorsqu’il subit des prises à deux. Un mec qui une fois dans son délire ne sait plus qu’il peut faire des passes ou en balance des moisies, incapable de coordonner son geste avec son déplacement. La preuve, avec 50 assists pour 171 turnovers en 1708 minutes, on voit bien que Thon Maker préfère filer la balle aux adversaires plutôt qu’à ses coéquipiers. Pourquoi tant de balles perdues ? Tout simplement parce que Maker va faire des erreurs sur des situations pourtant simple et forcer le jeu avec des passes inutiles ou compliquées quand il s’embarque dans une action sans trop réfléchir. Ce qui finalement lui arrive souvent puisqu’il aime porter la balle alors qu’il n’a rien d’un grand dribbleur. Autre problème identitaire : malgré sa mécanique de tir qui le rend peu régulier dans cet exercice, il évolue principalement en tant que shooteur, ce qui n’est pas sa plus grande force.

On retrouve des défauts liés à son peu de ressenti de l’autre côté du parquet. Malgré ses qualités physiques, Thon Maker n’est pas un grand défenseur su pick and roll car il ne se met pas toujours à la bonne position ou parce qu’il ne réalise pas le déplacement qu’il faut. Ses stats marquent aussi des lacunes : s’il envoie du contre à foison, cela ne fait pas de lui un bon protecteur de cercle du fait d’un placement approximatif. Même constat au rebond défensif où il laisse facilement son adversaire seul après un tir, ne connaissant pas la signification de l’expression box-out.

# Offensivement très brut

Avec son moteur et sa capacité à enchainer les courses, Thon Maker se positionne clairement comme un energizer. C’est en tout cas dans ce rôle qu’on l’imagine le plus s’épanouir car son jeu offensif est très brut. Ses mains sont petites et peu fiables, ce qui entraine de nombreuses pertes de balle car il n’arrive pas à l’attraper correctement ou parce qu’il l’échappe. Son toucher est loin d’envoyer du rêve et sa technique est par conséquent quelque peu rudimentaire. On l’a déjà évoqué, mais sa technique de tir peut paraitre très raide et reste moyenne, ce qui pose quelques questions quand à sa capacité à être consistant à distance. Pourtant, il faudra bien qu’il le devienne, parce que c’est encore pire au poste où son jeu est très limité, sans aucun mouvement un peu évolué pour prendre l’avantage sur ses défenseurs; Et comme en plus il souffre face aux joueurs physiques, grands ou avec de l’envergure, ça risque de devenir difficile pour marquer des paniers.

# Ne mange pas d’épinard

Lorsqu’on voit Thon Maker, on se dit que Kevin Garnett était quand même super costaud quand il a débarqué en NBA. C’est dire à quel point le lycéen ressemble à un roseau. Il y a certes du mieux au niveau du haut du corps, mais il est toujours loin d’être impressionnant ou même charpenté pour proposer des épaules assez larges pour la Grande Ligue. Un constat similaire est applicable à ses jambes tant il parait peut solide sur ses grandes cannes toutes fines, ce qui le met souvent en position de déséquilibre. Pas facile dans ce cas de scorer au milieu des intérieurs ou de rester en bonne position défensivement. Même s’il se bat, le manque d’épinards consommés dans sa jeunesse fait que ses adversaires le bougent au rebond ou lorsqu’ils attaquent sur lui au poste. A chaque contact, Thon Maker prend cher et cela sera pire chez les pros.

Conclusion

Être un phénomène de mixtape, c’est bien. Rester chez les jeunes au lieu de se frotter aux universitaires, beaucoup moins. Et  au moment de faire le bilan de Thon Maker sur un parquet, les scouts ne se laisseront pas aussi facilement impressionné que le Kevin moyen devant son écran qui salive sur une vidéo youtube. Au final, le Soudanais sera certainement appelé par Adam Silver, surtout qu’il a plutôt fait bonne figure lors du Draft Combine de Chicago (record historique de la détente verticale pour un joueur de sa taille). Mais bien d’autres joueurs passeront devant lui, ce qui pourrait lui valoir d’attendre le second tour et se trouver sans contrat garanti. De quoi faire de lui le steal de la Draft avec son potentiel ? C’est bien possible.

Source image : youtube


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