Toronto, terre de basket : petit tour du propriétaire avant un week-end de fête au Canada

Le 12 févr. 2016 à 11:15 par Benoît Carlier

Toronto

Pour la première fois dans l’histoire de la NBA, nos amis US ne disputeront pas le All-Star Game à domicile cette année. À l’heure où les organisateurs s’affairent pour finir les derniers préparatifs avant la grande fête de ce week-end du côté de Toronto, voici pourquoi la ville n’a pas été choisie par hasard.

Dernière ville du Canada à posséder une franchise NBA depuis le déménagement des Grizzlies à Memphis en 2001, la capitale économique du pays est très attachée au ballon orange et ne céderait ses Raptors pour rien au monde. Le Air Canada Centre est d’ailleurs rapidement devenu un point de ralliement pour tous les habitants en hiver, lorsque la température extérieure descend allègrement sous les -20°C. La salle ne se trouve qu’à quelques pas de la CN Tower, le principal point de repère de la ville très facilement repérable du haut de ses 533 mètres de béton, et est accessible par le PATH qui relie les différents lieux du centre-ville grâce à un réseau souterrain permettant d’éviter de perdre ses doigts de pieds juste en traversant la rue. Voilà peut-être une raison pour laquelle les Canadiens aiment tant le basket, parce qu’il se joue à l’intérieur. Même si les Blue Jays ont fait vibrer la ville cet automne et si les Maple Leafs sont toujours aussi populaires, il existe une vraie culture basket à Toronto et ça ne date pas d’hier. Aujourd’hui, le Canada est le plus gros fournisseur de joueurs étrangers en NBA (devant la France) avec 11 représentants dont 9 sont issus de la GTA (Greater Toronto Area à ne surtout pas confondre avec le monde de Niko Bellic). Voici un petit tour d’horizon des fiertés de la ville qui font aussi celle de leur pays en compétition internationale. D’autant plus important que leur route pourrait croiser celle de nos Bleus en finale du TQO si tout se passe bien pour les deux équipes aux Philippines.

L’idole : Andrew Wiggins (Toronto)

Impossible de passer à côté depuis son arrivée dans l’élite il y a deux ans. D’abord snobé par LeBron et ses potes, il a finalement trouvé sneakers à son pied au milieu des forêts du Minnesota. Porte-drapeau officiel de la feuille d’érable à l’âge de 20 ans, il est celui à qui tous les jeunes rêvent de ressembler et pourrait bien devenir l’un des duos les plus dominants de la NBA avec Karl-Anthony Towns. De retour au pays pour défendre son titre de MVP du Rising Stars Challenge, il devrait bénéficier d’un accueil particulier demain soir. S’il double la mise, on pourrait bien le retrouver au comptoir d’un bar branché de l’Entertainment District aux alentours de 2 heures du matin. Bah oui, revenir au Canada c’est aussi retrouver sa majorité alors qu’il ne peut pas encore accompagner Kevin Garnett dans les bars de Minneapolis même pour y boire un coca.

Le chouchou : Cory Joseph (Toronto)

Cory Joseph

De retour au pays cet été après quatre années passées à apprendre au contact de Tony Parker dans le Texas, il n’a pas tardé à se mettre le public du ACC dans la poche. Il était tout heureux d’apprendre que le numéro 6 des Raptors était disponible et s’est rué dessus dès qu’il en avait fini avec la paperasse de Masai Ujiri, non pas pour rendre hommage à sa victime préférée des Finales 2014 mais simplement parce que c’est le surnom de la ville que l’on retrouvera d’ailleurs aussi dans le nom du prochain album de Drake, “Views from the 6”. L’origine de cette appellation aussi orthographiée « The 6ix » viendrait des six cités qui se sont rassemblées pour former les nouvelles frontières de Toronto en 1998. Une seconde version raconte que cela viendrait des deux codes postaux de la ville qui contiennent tous les deux le nombre de titres de Michael Jordan. Peu importe, tant que cela rend fiers les fans des Dinos d’être aussi bien représentés par leur ambassadeur national préféré. Joker de luxe en sortie de banc, Cory Joseph est parfois aligné avec Kyle Lowry et DeMar DeRozan pour former un trident extérieur difficile à tenir. Son côté clutch déjà aperçu à Mexico l’été dernier lorsqu’il s’était offert le pays hôte du Tournoi des Amériques au buzzer pour offrir la médaille de bronze au Canada lui permet aussi de jouer les fins de match serrées.

L’aspirateur le plus riche de la ville : Tristan Thompson (Brampton)

Prolongé à prix d’or cet été à Cleveland, Tristan Thompson fait toujours rêver Toronto d’une réunion patriotique sous le maillot des Raptors d’ici quelques années. Mais pour le moment il fait le bonheur de LeBron James alors qu’il a été réintégré au cinq majeur des Cavaliers au détriment de Timofey Mozgov. Malgré quelques « Maple Smash » en attaque (appellation maison validée par les commentateurs de l’Ohio), c’est surtout au rebond que TT se goinfre sans partage. Si Dyson devait lancer sa filiale d’aspirateurs au Canada, elle s’appellerait Thompson. Reste à savoir s’ils permettent aussi d’aspirer les bagues.

Le métalleux : Kelly Olynyk (Toronto)

Ses voisins auraient plus imaginé l’actuel ailier-fort des Celtics dans un pogo au Hellfest qu’à aligner les tirs primés à Boston mais l’habit ne fait pas le moine comme on dit. On tempérera quand même ce dicton en vous balançant en exclu qu’on a vu la joie sur son visage au moment d’enfiler son nouveau manteau Canada Goose dans les vestiaires du Air Canada Centre à peine le match face aux Raptors terminé le 20 janvier dernier. Il y a des traditions qui ne se perdent pas. On regrettera d’ailleurs de ne pas le voir tenir la chandelle à Stephen Curry et Klay Thompson pour le Three-Point Contest samedi alors qu’il tourne à 42% dans cet exercice depuis le début de la saison pour un volume déjà représentatif avec 3,1 tentatives par match.

La risée : Anthony Bennett (Toronto)

L’autre natif de Toronto également numéro 1 de Draft n’a pas réussi à lui redonner le sourire à Minneapolis l’année dernière et la venue de Toto dans sa ville natale avait un goût de dernière chance. Malheureusement, il n’est pas parvenu à convaincre Dwane Casey malgré sa belle popularité dans les gradins du ACC et il est devenu le premier first pick de l’histoire à jouer en D-League chez les Raptors 905 où il a notamment retrouvé un certain Axel Toupane qui attend patiemment son tour dans l’antichambre de la NBA. Le Canada possède donc peut être l’un des plus gros bust de tous les temps et on se demande encore ce qu’il se serait passé si les Cavaliers n’avaient pas halluciné le jour de la Draft en le sélectionnant avec le premier choix. AB n’a jamais semblé supporter la pression qui avait a été placée en lui ce soir là.

La groupie : Nik Stauskas (Mississauga)

Nik stauskas

Cette photo a fait le tour de la planète. On y devine un Nik Stauskas qui n’a pas encore mué sur le même parquet que la légende de la franchise des Raptors dont on ne prononcera pas le nom ici par respect pour Fred Weis. À l’époque, le gamin envoie un 3-points sur la tête de « Vinsanity » lors d’un entraînement ouvert au public. Ce sera le point de départ d’une belle carrière selon les propres mots de son père. Aujourd’hui, il envoie quelques banderilles pour le compte des Sixers sans vraiment briller pour autant. Il a encore du travail pour atteindre le niveau de son modèle mais à 22 ans il a encore le temps devant lui. Nik Stauskas dispose déjà de l’un des surnoms les plus stylés de la Ligue qui ne demande qu’à lui faire honneur. « Sauce Castillo », on te regarde !

Le local : Andrew Nicholson (Mississauga)

Converti au basket sur le tard, le banlieusard de Toronto ne traverse la frontière américaine qu’à l’université. Et même à ce moment là, il fait le choix de ne pas s’en aller très loin en s’engageant à St Bonaventure, à trois heures de voiture de sa ville natale. Pas pressé, il y restera quatre ans pour finalement taper dans l’œil d’Orlando en 2012. Il a attaqué sa dernière année de contrat au Magic où ses statistiques sont sensiblement les mêmes depuis quatre ans aux alentours de 6 points et 3 rebonds en 15 minutes. Présent au Mexique cet été avec la sélection, il passe tous ses spring breaks en Floride maintenant. Le Canadien typique en somme.

L’espoir : Tyler Ennis (Brampton)

Tenu écarté de la sélection canadienne à cause d’une opération de l’épaule cet été, il peine à se faire une place à Milwaukee. Cela pourrait éventuellement changer si MCW était prié d’aller voir ailleurs à la condition bien sûr que les Bucks ne mettent pas la main sur un nouveau meneur en échange. À 21 ans, l’ancien meneur de Syracuse a quand même la chance d’être au contact d’un futur Hall of Famer qui évoluait à son poste en la personne de Jason Kidd même si celui-ci n’a pas l’air de voir trop de talent chez son jeune joueur. Tout l’inverse des Raptors qui auraient bien aimé drafter le petit Ennis en 2014 si Milwaukee n’avait pas dégainé si tôt. Le hasard fait parfois mal les choses.

Le silencieux : Dwight Powell (Toronto)

Drafté en milieu de deuxième tour en 2014 après avoir marché sur les traces des frères Lopez pendant quatre ans à Stanford, il a réussi à gratter un petit temps de jeu à Dallas malgré un coach pas fan des jeunes joueurs de nature. Plutôt encourageant pour un mec qui a changé quatre fois de maison en huit mois lors de son année rookie, de sa Draft à Charlotte à sa signature à Cleveland avant d’être tradé à Boston et de finir l’année dans le Texas. Mais la route ne fait pas peur aux Canadiens, il faut environ quatre jours de train pour traverser le pays de Toronto à Vancouver…

Un vivier de talent qui a grandi dans l’agglomération torontoise et qui fait parfois partir le management des Raptors dans des délires très patriotiques comme lorsqu’il est question de ramener Andrew Wiggins et Tristan Thompson au Canada pendant l’été. Déjà qu’il faut se taper deux hymnes avant les matchs au Air Canada Centre, chaque sortie de Toronto en NBA prendrait alors des allures de coupe du monde. Une idée toutefois pas si loufoque que ça quand on connaît les talents de négociateurs du meilleur GM de la Ligue en 2013, Masai Ujiri. Sans compter que Drake prend son rôle d’ambassadeur très à cœur, lui qui profite toujours de ses morceaux pour rappeler ses origines entre deux clashs avec Meek Mills. Un élément de poids dans les discussions qui pourrait hypothétiquement faire pencher la balance du côté des Raptors. Secrètement, le rappeur qui coachera justement la « Team Canada » lors du Celebrity Game ce vendredi rêve de faire venir celui qu’il a rebaptisé « Chef Curry » à Toronto. Après tout, le MVP y a passé quelques années lorsque son père faisait les beaux jours des Raptors aux côtés de Vince Carter (pardon Fred, c’était plus fort que nous). On sait que les deux hommes sont potes et le fondateur du label OVO ne manque pas une occasion d’aller voir Stephen Curry dans ses œuvres, que cela soit lorsqu’il vient affronter ses Dinos au ACC ou quand l’agenda des deux stars coïncide comme c’était le cas samedi dernier dans la Baie de San Francisco où Drake était présent pour assister au Super Bowl le lendemain.

Drake Stephen Curry

Source : Montage via Getty images

Mais au lieu de rêver d’un hypothétique futur et de la belle fin de saison qui s’annonce pour les Raptors, Toronto s’apprête à rêver un peu au présent ce week-end puisque la ville sera le nombril du monde et accueillera tout le gratin de la balle orange et plus encore pendant quelques jours. Bon show les gars, vous l’avez bien mérité !

Source : The National Post et The Globe and Mail

Source image : Benoît CARLIER – TrashTalk


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