Pleurs, choke et rebond défaillant : et si les Clippers passaient enfin à l’âge adulte ?

Le 22 nov. 2015 à 13:47 par David Carroz

Après la défaite des siens à Portland vendredi, Blake Griffin a pointé du doigt ce que les stats mais aussi un simple visionnage des matchs des Clippers racontent à tous les observateurs : en aucun cas la franchise de Steve Ballmer n’a le profil d’un candidat au titre depuis le début de la saison et il est temps de changer d’attitude pour ne pas aller au devant d’une grosse déconvenue. On le rejoint sur le sujet, mais on poussera même le coup de gueule un peu plus loin.

Ce que Blake Griffin reproche aux siens, c’est le manque d’implication des Clippers face aux équipes présumées plus faibles, et l’absence de sentiment d’urgence qui devrait pousser les hommes de Doc Rivers à être au taquet pour défoncer leurs adversaires. Pourtant, avant le début de saison, le message était clair : finir le plus haut possible à l’Ouest pour s’assurer l’avantage du terrain sur un maximum de tours en Playoffs. Et bien ce n’est pas sur le rythme de 50% de victoires comme actuellement qu’ils joueront les matchs décisifs sur leur parquet. Pour cela il faudra commencer par prendre au sérieux toutes les équipes et ne pas être concentrés uniquement lorsqu’il s’agit de jouer les Warriors. Mais même contre les champions en titre, d’autres lacunes récurrentes des Clippers sont visibles et soulignent d’une certaine façon les faiblesses actuelles du groupe : mentalement, on attend beaucoup plus d’une telle armada.

En effet, si les deux défaites face aux Dubs n’ont rien d’infamantes, la dernière en date illustre un problème qu’il faut régler au plus vite à L.A. : la défense, en particulier en fin de match. Curry et ses potes ont rentré six de leur sept derniers tirs face aux Clippers pour boucler leur remontée fantastique et plier le match. Alors on veut bien que les Warriors soient insolents de réussite, mais quand on a dans ses rangs des joueurs du calibre de Chris Paul, Paul Pierce ou DeAndre Jordan – oui, celui que Doc Rivers compare à Bill Russell – c’est quand même un peu fort de café. Et comme les Blazers ont eux aussi fait mal à la franchise californienne incapable de faire un stop ou presque lors du money time dès le lendemain, on peut se dire qu’il existe bien un souci défensif chez les Clips. Une sensation de laisser filer les matchs à leur portée qui dénote une certaine fragilité dans les têtes.

Surtout, lorsqu’enfin leurs adversaires manquent un tir, une nouvelle faiblesse apparaît au grand jour : malgré Dédé pour jouer l’aspirateur, les Clippers se font bouffer au rebond, une catégorie statistique où ils trônent à une peu glorieuse 27ème place dans la Ligue avec 41,8 prises, ce qui correspond à seulement 46,9% des rebonds disponibles lors des matchs qu’ils disputent, soit le 28ème pourcentage NBA. Pourtant, ce n’est pas les joueurs capables de se battre dans ce secteur du jeu qui font défaut aux Voiliers. On a déjà évoqué DeAndre, mais Blake Griffin est – il l’a prouvé lors de ses deux premières saisons – un excellent rebondeur capable de tourner sur deux chiffres dans cette stat, même s’il semble l’avoir oublié. Chris Paul est loin d’être mauvais pour un meneur et des mecs comme Lance Stephenson – quand ce n’est pas son ombre sur le parquet – Paul Pierce ou Josh Smith peuvent aussi apporter leur écot pour éviter aux équipes adverses de disposer de secondes chances trop nombreuses.

Ces deux secteurs de jeu défaillants sont la mise en lumière d’un problème plus profond d’une équipe qui forcément se cherche encore : les Clippers manquent de dureté et de solidité dans leur tête. Ce n’est certes que le début de saison et avec huit recrues une période d’adaptation est nécessaire, mais cela dépasse le cadre d’une stratégie pas assimilée ou d’automatismes toujours en rodage. Non, pour prendre des rebonds, il faut faire des efforts et se battre. Pour bien défendre, il faut être concentré et communiquer. Et pour être solide dans le money time, il faut l’être dans sa tête. Les Clippers le sont-ils ? On pensait qu’ils avaient franchi un palier en battant les Spurs l’an dernier au premier tour des Playoffs, mais les Rockets avaient rappelé à L.A. que les lacunes étaient toujours présentes. Si Paul Pierce a été ajouté à l’effectif pour apporter justement son expérience, la greffe n’a pas encore complètement pris et Paulo commence à faire son âge. On pense aussi en ce moment au départ de Matt Barnes, certes pas le meilleur des joueurs, mais dont la grinta manque cruellement lorsqu’on fait un premier bilan pour Doc Rivers et ses hommes.

Et si finalement, ce qu’on reproche aux Clippers depuis des années, les pleurnicheries qui exaspèrent, n’étaient jusqu’à présent que la partie visible de cette faiblesse mentale ? Si cette friabilité était ancrée bien plus profondément dans l’inconscient des joueurs voire les gênes de la franchise ? Encore dans le haut du classement (deuxièmes derrière les Warriors qui en comptent 14) des fautes techniques depuis le début de saison avec 13 “T” dans la musette, on constate en se penchant sur le passé récent que depuis la saison 2010-2011, jamais les Clippers ont fini plus loin que 4ème dans cette catégorie peu envieuse. Forcément, avec un Doc Rivers qui maîtrise aussi l’art oratoire en critiquant à tour de bras les arbitres alors qu’il devrait être celui qui apaise ses joueurs, les choses ne vont pas en s’améliorant. Pourtant, c’était un axe majeur ciblé par le technicien cet été. Un échec pour l’instant, dont l’exemple le plus flagrant est la défaite contre les Suns. Déjà diminués par les absences de Chris Paul et J.J. Redick, les ouailles de “Docteur Rivières” ont vu Blake Griffin rejoindre les vestiaires rapidement après deux techniques. Inadmissible et symptomatique d’un joueur, ou plutôt d’une franchise, incapable de passer à l’âge adulte et de franchir enfin ce palier mental qui lui permettrait réellement d’être à la hauteur de ses objectifs et du talent présent dans l’effectif.

Souvent, il manque peu pour faire basculer le destin d’une équipe. C’est ce que vivent les Clippers et cet écart, aussi infime soit-il, accentue leur frustration et les renvoie toujours plus vers leurs défauts. Messieurs, prenez-vous en main et mettez-vous un peu de plomb dans la cervelle. En restant concentrés sur vous-même et votre jeu, les choses iront mieux. Vous valez bien plus que cela. En tout cas on l’espère.

Source image : hoopsaddict.com