Zoran, on t’a reconnu, arrête de prendre la place de Goran Dragic au Heat

Le 15 nov. 2015 à 16:34 par David Carroz

Dans l’effectif pléthorique du Heat, Goran Dragic était l’un des joueurs les plus attendus. En effet, après une bonne intégration lors de son arrivée en fin de saison dernière, il avait signé un gros contrat pour maintenir ses talents à South Beach et profiter de coéquipiers de qualité pour permettre à Miami de retrouver le haut du classement à l’Est. Malheureusement le résultat n’est pour l’instant pas glorieux après neuf rencontres, avec le Slovène loin de ses standards. Faut-il s’alarmer en Floride ?

Constat sans appel : Goran Dragic n’est pas à son niveau

Avec  seulement 10,6 points à 42,4%, Goran Dragic ne répond pour l’instant pas aux attentes et ses stats sont bien en dessous de celles de l’an dernier. Alors que le retour de Chris Bosh devait lui permettre d’être encore plus à l’aise pour lui libérer de l’espace grâce à l’adresse extérieure sur pick’n’pop de l’ailier-fort, “le Dragon” ne profite pas des qualités de son intérieur pour perforer les défenses. Même le pick’n’roll pourtant si efficace l’an dernier avec Hassan Whiteside ne libère pas le meneur qui semble être dans une impasse actuellement, dépassé par exemple par Dwyane Wade dans la création.

Goran Dragic

Statistiques de Goran Dragic sur la saison dernière, cette saison et l’ensemble de sa carrière.
Source : NBA.com

Ce qui est frappant pour le moment, c’est que Goran Dragic – qui avait l’habitude d’être un joueur efficace et assez propre, adroit pour un meneur depuis qu’il est titulaire en NBA – n’a pas son rendement habituel lorsqu’il s’agit de rentrer la balle dans le panier. Pourtant, il ne doute pas et ne va pas arrêter de prendre des tirs pour autant.

J’aime les tirs que je prends. Ils doivent juste tomber dedans. […] J’ai de bonnes opportunités. Je dois juste bosser et essayer de me sortir de cette dégringolade au tir. – Goran Dragic

Goran Dragic

Shotchart de Goran Dragic depuis le début de la saison.
Source : NBA.com

Pour l’instant, les choses ne tournent pas à son avantage et il tente de garder la tête haute malgré les difficultés. Mais que les 17,1 points à 48,4% des trois dernières saisons semblent loin ! Il en a bien conscience mais ne va pas se laisser abattre pour autant.

Je suis patient. Je n’ai jamais été un lâcheur. J’ai déjà eu des périodes difficiles dans le passé et encore maintenant je passe par un moment compliqué, mais ça va aller. Mes coéquipiers m’encouragent et nous gagnons, donc c’est le plus important maintenant. – Goran Dragic.

En effet, dans la galère traversée par le meneur, Miami peut se réjouir de voir l’équipe s’imposer comme une forteresse, meilleure défense de la Ligue n’ayant encaissé plus de 100 points que trois fois depuis le début de la saison. Alors qu’il a des difficultés pour mettre en place les automatismes et les systèmes offensifs de coach Spo’, c’est de l’autre côté du parquet que le Heat construit ses succès. De quoi construire et attendre sereinement que l’alchimie prenne, pendant que Chris Bosh (19 points, 45,3%, 39% du parking et 9,7 rebonds en 32,4 minutes), Dwyane Wade (18 points, 4,4 passes en 28,7 minutes) et Hassan Whiteside (14,6 points à 61,7%, 11,7 rebonds, 4 contres) assurent l’essentiel sans forcément tirer sur la corde physiquement.

Les raisons de telles difficultés

C’est peut-être parce que trois joueurs cartonnent que Goran Dragic est à la traine. On le savait dès cet été, il y a du talent dans cette équipe du Heat, et il va falloir trouver l’équilibre entre plusieurs joueurs de calibre All-Star. C’est actuellement le secteur intérieur qui tourne le mieux avec en plus Dwyane Wade pour apporter des pénétrations et du punch depuis la base arrière. Mais cette contribution n’est-elle pas trop similaire à ce qu’on peut attendre du Slovène ? L’arrière n’empiète-t-il pas sur les plates-bandes du meneur ? La question sous-jacente, c’est de savoir où se situe Dragic dans la hiérarchie offensive à Miami.

Avec le départ de Chalmers – même si Rio ne jouait que 20 minutes par rencontre – on pouvait s’attendre à ce que “le Dragon” soit plus libéré. Mais pour le premier match joué sans l’ancien titulaire du poste, il n’a scoré que 4 points à 2/10 face aux Lakers. Il s’est repris ensuite légèrement face à Utah avec 14 points à 5/12, mais c’est Tyler Johnson (17 points) qui a le plus profité de l’absence de Dwyane Wade ce soir-là. Autant dire que même sans un “Top 10 meneur” dans les pattes, Dragic n’a pas retrouvé son allant. Lorsqu’on lui demande ce qui ne fonctionne pas pour lui sur le parquet, c’est avant tout le spacing qui le dérange et le fait qu’il ne puisse pas couper vers le panier comme il a eu l’habitude de le faire durant sa carrière. Non, on n’est plus à Phoenix où trois ou quatre shooteurs entourent le meneur en lui laissant une liberté absolue. Il faut de la place à proximité du panier pour mettre les larges épaules de Whiteside ou encore permettre à Wade ou Deng de finir au cercle. Mais ne comptez pas sur le Slovène remette en cause le travail ou les choix de son coach qui pourraient limiter ses points forts.

Il n’y a pas beaucoup d’espace. Habituellement quand je joue, je joue avec beaucoup de shooteurs. En ce moment chaque fois que je vais dans la raquette il y a beaucoup de monde. C’est peut-être cela. Mais les systèmes sont bons. Tout le monde touche la balle et la balle bouge d’un côté à l’autre. – Goran Dragic.

Il s’agit certainement d’un rythme à retrouver pour le meneur, mais le parquet et la cohabitation avec des coéquipiers encombrants de part leurs qualités et leur envergure dans la Ligue n’explique pas tout. Même s’il ne l’évoque pas, la pression de son nouveau statut n’aide certainement pas à jouer sans pression. Arrivé hors de forme au camp d’entrainement, Dragic découvre les joies de la signature d’un beau contrat de quatre-vingt cinq millions de dollars et des attentes inhérentes à celui-ci, surtout dans une équipe avec des ambitions. Sans vouloir faire injure aux Suns ou Rockets à l’époque où il sévissait à l’Ouest, le Heat vise plus haut et quand un joueur touche le pactole, la moindre baisse de régime est scrutée et analysée.

Mais un autre souci pour Goran Dragic n’a rien à voir avec le basket. Suite à des complications lors de la grossesse de sa femme, celle-ci a accouchée en Slovénie sans pouvoir revenir à Miami comme prévu. Avant de repartir pour la Floride afin de reprendre le chemin des parquets avec l’équipe, il l’a laissé au pays peu de temps après la naissance de sa fille. Depuis, seules les technologies actuelles lui permettent de la voir ainsi que son jeune fils et sa femme. Même s’il déclare que sur le parquet il peut déconnecter et oublier cette absence, difficile de croire que cela ne l’affecte pas. La bonne nouvelle, c’est que toute la petite famille va bien et qu’elle retrouve le sol américain ce week-end. Le déclic pour Dragic ? Miami ne foulera les parquets que mardi 17 face aux Wolves, de quoi laisser du temps au meneur de profiter d’eux et de se sentir mieux. Le premier pas pour que la confiance revienne.

Après seulement neuf rencontres, rien ne justifie de tirer la sonnette d’alarme pour le Heat et Dragic, qui plus est dans une période assez bonne pour la franchise. Coach Spoelstra ne veut pas s’angoisser pour rien et cherche un moyen de plus impliquer son meneur, persuadé qu’il va trouver son rythme de croisière et contribuer à hauteur de son talent. Pour le sortir de ce marasme, il n’y a pas des centaines de solutions : le mettre dans de meilleures dispositions mentales – les retrouvailles familiales vont aider – et s’appuyer sur ses forces sur le parquet. On matera avec intérêt si le pick’n’roll est utilisé à outrance du côté de South Beach lors des prochains matchs.

Source image : foxsports.com


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