Festus Ezeli, Draymond Green, Harrison Barnes : la génération 2012 des Warriors a plutôt bien grandi…

Le 12 nov. 2015 à 19:13 par Benoît Carlier

Draymond Green
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La saison vient à peine de débuter et les Warriors caracolent déjà en tête de la Conférence Ouest en produisant un jeu léché, dans la continuité de leur excellente campagne 2014-15 conclue par un titre. Mais contrairement à certains de leurs concurrents directs, les racines de ce succès se trouvent à la Draft, et notamment celle de 2012. Depuis leur arrivée dans la ligue, Draymond Green, Harrison Barnes et Festus Ezeli ont fait du chemin, Golden State aussi.

En prolongeant l’une des plus grandes gueules de l’Ouest pour cinq saisons et les fameux 82 millions de dollars sur lesquels crachait Tristan Thompson il y a encore quelques semaines, les Dubs ont logiquement joué la carte de la stabilité cet été, se débarrassant uniquement du lourd contrat d’un David Lee qui n’était plus véritablement en adéquation avec le jeu small-ball de Steve Kerr. Une décision prévisible de la part de Bob Myers qui confirme aussi l’importance prise par Draymond Green dans le roster des champions en titre, alors que le joueur issu de Michigan State n’avait débuté que 13 matchs sur 161 dans le starting five sous l’ère Mark Jackson entre 2012 et 2014. Car qui pouvait s’attendre à une telle explosion de la part du 35ème choix de la Draft 2012 ? Auteur de débuts discrets pour sa première saison en Californie, le numéro 23 a progressivement pris confiance comme l’illustre d’ailleurs l’évolution de son adresse derrière l’arc (20,9%, 33,3%, 33,9 puis 42,4% depuis le 27 octobre 2015), au point de terminer deuxième aux votes pour le trophée de MIP derrière Jimmy Butler la saison dernière. Dans son sillage, c’est toute l’entité des Warriors qui a grandi sous les ordres de Steve Kerr pour devenir le rouleau-compresseur que l’on connaît aujourd’hui. Aussi bien capable de jouer ailier-fort que pivot, Green est devenu en quelques mois seulement l’âme de cette équipe de Golden State grâce à une énergie débordante des deux côtés du parquet, lui permettant de compenser son désavantage de taille lorsqu’il est utilisé au poste 5 comme ce fut le cas lors des dernières Finales NBA face aux Cavaliers par exemple. Si bien qu’aujourd’hui, personne ne viendra contester le nouveau contrat qu’il vient de signer cet été, pas même sa mère qui s’est faite à l’idée de venir passer ses vacances dans la Baie. Une évidence pour le GM des Warriors qui risque quand même de donner des idées à un autre membre de la classe 2012, un certain Harrison Barnes.

Avec l’arrivée de Steve Kerr sur le banc de “l’État doré” en 2014, le « Faucon Noir » a immédiatement été propulsé dans le cinq majeur pour le résultat final que l’on connaît. En acceptant de sortir du banc pour diriger la second unit pour la première fois de sa carrière de All-Star, Andre Iguodala a également donné la liberté à l’ailier de continuer sa progression en jouant aux côtés des meilleurs au quotidien. Après une courte période d’acclimatation, Barnes est du coup devenu un membre essentiel de cette équipe des Golden State version Steve Kerr. Et même si ses statistiques peinent parfois à illustrer son véritable impact (10,1 points, 5,5 rebonds et 1,4 assist la saison dernière), il fait désormais partie de cette classe de joueurs capables de faire basculer le cours d’un match à lui tout seul, comme lors des derniers Playoffs où il a parfois été l’homme clé de la remontée des Warriors après une mauvaise entame de match, ou bien dernièrement face aux Clippers, lorsqu’il a enchaîné 10 points consécutifs pour prendre un avantage décisif dans le quatrième quart-temps de ce premier derby californien de la saison. En bref, c’est  le complément parfait des deux fous de la gâchette que sont Stephen Curry et Klay Thompson, capable de leur venir en aide lors de leurs jours (ou plutôt leurs minutes) sans. Appliqué en défense, le septième choix de la Draft peut faire preuve d’une adresse insolente au tir lorsqu’il commence à prendre chaud comme c’était le cas mercredi dernier. À seulement 23 ans, il semble encore avoir une belle marge de progression alors qu’il entame déjà sa quatrième campagne dans l’élite. En refusant de prolonger dans la Baie cet été, il a souhaité passer un message à sa direction. Le gamin est fier de faire partie de ce groupe de champions mais il va falloir ouvrir la mallette à dollars pendant l’intersaison pour avoir une chance de le conserver. Les propriétaires des Warriors autrefois si réticents à payer la luxury tax vont devoir s’y faire : le paradis financier dans lequel ils se trouvaient la saison dernière ne pourra pas durer éternellement et il va falloir faire des choix car Stephen Curry ne restera pas sous-payé jusqu’à la fin de sa carrière, pour n’évoquer que la situation contractuelle du MVP. On gardera donc un œil du côté d’Oakland l’été prochain pour voir comment les Warriors aborderont l’avenir et combien ils sont prêts à lâcher à Harrison Barnes pour le conserver dans leur rang, eux qui pourront égaler toutes les offres qui lui seront proposées. En attendant, Luke Walton, qui supplante actuellement Steve Kerr sur le banc des Dubs, bénéficie d’un effectif à rendre jaloux n’importe quel autre coach de la Ligue et même l’absence d’un défenseur de cercle comme Andrew Bogut n’a pas empêché Golden State de commencer sa saison par un perfect (9-0).

L’une des raisons de cette plénitude ? Un Festus Ezeli enfin en bonne santé et qui donne pleine satisfaction à son entraîneur depuis le début de la saison. Le dernier représentant de la classe 2012 chez les Warriors – sélectionné devant Draymond Green, en 30ème position du premier tour -, avait dû manquer l’intégralité de l’exercice 2013-2014 pour soigner son genou et il n’avait participé qu’à la moitié des rencontres l’an dernier. Mais fin octobre, lorsque le forfait de l’Australien a été confirmé pour quelques jours, le Nigérian a répondu présent, si bien que Bogut a pu prendre le temps de récupérer d’une légère commotion cérébrale et d’un nez cassé l’esprit tranquille. Logiquement introduit dans le cinq majeur depuis le deuxième match de la régulière, « Swagzeli » a confirmé ses qualités aperçues lors de la pré-saison et a signé ses deux premiers double-doubles en carrière. Il semble maîtriser les plans de jeu des Warriors et place des écrans LCD efficaces pour libérer un MVP tout simplement intenable jusque là. Il n’est pas non plus en reste de l’autre côté du parquet où sa présence imposante dans la raquette dissuade même les adversaires les plus aventureux (9,2 points, 6,2 rebonds et 1,6 block par match en 20 minutes). Contre Andre Drummond ce lundi, il a fait mieux que la plupart des pivots qui ont déjà croisé la route du géant des Pistons cette année en le « contenant » à 14 points et 15 rebonds. Des chiffres très encourageants qui révèlent, là encore, un bon coup de nez de la part de Bob Myers il y quatre ans et qui amènent aussi les Guerriers à réfléchir sur la place à confier à Ezeli dans la rotation maintenant qu’Andrew Bogut est de retour. Finalement, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Un cas qui nous fait forcément penser à celui de David Lee l’an dernier, lui qui avait perdu sa place de titulaire au profit de Draymond Green avant d’être tradé à Boston cet été. Hier soir, le Nigérian a en tout cas encore été préféré à l’Aussie pour commencer dans le cinq majeur pour affronter la raquette des Grizzlies.

Alors que les Rockets ou les Clippers attendent chaque année la Free Agency tel le messie pour enchaîner des signatures toutes plus prestigieuses les unes que les autres, Golden State est donc parvenu à construire un noyau de jeunes joueurs talentueux en seulement quelques années lors de la Draft. Pour preuve, tous les membres de son cinq majeur de la semaine dernière ont été sélectionnés entre 2009 et 2012 alors qu’ils n’étaient que des rookies. Chacun à leur niveau, les trois joueurs issus de la Draft 2012 ont parfaitement réussi leur intégration dans l’élite jusqu’à devenir des éléments indispensables au bon fonctionnement des Warriors, comme le prouvent les résultats de ce début de saison, qui ne sont donc pas seulement explicables par les performances extraordinaires de Stephen Curry. La défense est l’affaire de tous en Californie (premier au defensive rating avec 95 points encaissés toutes les 100 possessions) et de là découle une confiance décuplée en attaque qui permet aujourd’hui à Draymond Green, Harrison Barnes et Festus Ezeli de justifier leur présence dans le starting five des champions en titre. Cette saison, Golden State doit profiter de ses trouvailles tant qu’elles sont toutes présentes et en bonne santé. Car si « Money Green » a validé son avenir en jaune et bleu cet été, les performances collectives et individuelles de ses deux camarades de promo vont forcer les Guerriers à mettre la main à la poche s’ils souhaitent profiter de leur éclosion plus longtemps. Joe Lacob et Peter Gruber vont probablement déjà devoir passer à la caisse pour régler la luxury tax pour la première fois de l’histoire de la franchise cette saison et des choix vont devoir être faits concernant l’avenir de ces joueurs qui seront tous les deux agents-libres avec restriction dans un an. Malgré l’explosion attendue du salary cap cet été, les Warriors doivent aussi préparer le futur gros chèque que touchera Stephen Curry en 2017 et bien qu’il soit totalement mérité, celui-ci pourrait bien coûter, à terme, la place de Festus Ezeli et/ou Harrison Barnes dans l’équipe…

Actuellement, l’heure est au kiff en Californie où on est en train de récolter les fruits des choix d’hier en se prenant à rêver d’un back-to-back légendaire. Mais les Warriors ne pourront pas conserver une telle densité d’effectif très longtemps et des décisions devront être prises pour préparer l’avenir. La génération de la Draft 2012 a rempli sa part du contrat et mérite aussi sa part du gâteau. La balle est désormais dans le camp des dirigeants qui ont encore quelques mois pour profiter, trancher et peut-être accepter d’ouvrir un peu plus le porte-monnaie pour conserver le cœur de cette équipe inchangé. Un nouveau titre en fin de saison pourrait sûrement les aider à faire de nouvelles concessions financières. À bon entendeur…


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