La France aime se faire peur mais sort la Lettonie, 84 à 70 : Espagnols, comme on se retrouve…!

Le 15 sept. 2015 à 23:09 par Leo

Observant l’Espagne, son ennemi juré, se qualifier brillamment face à la Grèce en début de soirée, les Bleus de Vincent Collet se voyaient déjà l’affronter dans une demi-finale qui, d’emblée, sentait la poudre jusqu’en Amérique Latine. Or, un comportement plutôt passif en début de partie a mis la France sur de mauvais rails. Néanmoins, de par leur force de réaction caractéristique, Tony Parker et les siens ont trouvé la formule magique dans le but de venir à bout de Lettons courageux. Retour ce qui s’est passé dans le détail… 

Démarrant la partie en zone 3-2, les Lettons veulent contrecarrer nos circulations extérieures tout en préservant au maximum leur secteur intérieur quelque peu amoindri. Dès lors, dans cette configuration, deux hommes doivent exceller : Boris Diaw et Rudy Gobert. Le premier, en délicatesse avec son jeu depuis le début de l’Euro, choisit le meilleur moment pour se réveiller. “Babac” reçoit énormément de ballons près du cercle ou dans l’axe qu’il s’empresse de convertir, sans hésiter cette fois-ci (8 points dans le Q1). Le second, à savoir notre “Gobzilla” en chef, continue son chantier aux rebonds offensifs et use de ses segments tentaculaires pour terminer les actions ou altérer les tirs adverses dans la peinture. Quant à la défense française au large, elle s’avère moins fameuse en ce début de rencontre que celle déployée contre la Turquie. En effet, Bertans et Janicenoks s’écartent volontairement du cercle afin d’artiller longue distance avec brio (15 unités combinées à cet instant). Tony Parker essaie à son tour de se remettre en selle mais chacune de ses premières tentatives restent très courtes. Une pierre deux coups, les ratés tricolores au tir pâtissent également sur notre bon sens, en témoigne un deux-contre-un d’école manqué par Nando et Batum tout près de l’arceau. Le rythme défensif des Bleus diminue, la Lettonie prenant même ses aises dans nos tranchées et trouvant des ouvertures plus que faciles. En dépit d’aide de la part de ses copains du cinq de départ, Boris rattrape ses bourdes sur les rotations défensives et ses péchés répétitifs pour la passe décisive en scorant en isolation. Bien que la France ait laissé son opposant du soir tirer à près de 80 % en 10 minutes, celle-ci demeure au contact à la fin d’une première reprise assez décevante : 25-21, avantage Lettonie.

“Opération barbelés” dès le retour des 10 acteurs sur le parquet lillois ! Vincent Collet n’apprécie que très moyennement ce qu’il est en train de voir et, alors que notre Président continue d’enfiler les spin-moves et les perles en attaque, l’appui d’une seconde lame déterminée du banc, composée d’Evan Fournier et Joffrey Lauvergne, s’impose. En froid avec sa mécanique au tir (0/4 à ce moment-là), Parker décide de ralentir la cadence qui n’est pas à l’avantage de son équipe de cœur et use de sa malice pour trouver la mire sur la ligne des lancers. Plus disciplinée, la France retrouve de l’élan grâce à sa cohésion défensive, bien complémentée par les rentrées de Florent Pietrus et Mickaël Gelabale. Néanmoins, nos Bleus ont la possibilité de s’emparer alors du momentum mais accumulent les imprécisions dans le dernier geste, notre jeune garde voulant trop en faire et se laissant submerger par ses émotions. Les deux airballs successifs envoyés par Fournier témoignent d’une Equipe de France forçant plus que de raison après avoir défendue son morceau de barbaque avec férocité. Or, les Lettons en profitent et reprennent des couleurs instantanément. Strelnieks se met d’emblée en évidence (6 points et 4 passes en première mi-temps) pendant que nous cherchons désespérément la lumière sur jeu placé. Oui, les Bleus bafouent leur basket mais survivent grâce à leurs individualités. Naviguant à la dérive, Collet réactive son leader, lui refile les clés du navire sur le point de tanguer dangereusement et le maestro des Spurs chasse en quatre coups de génie toute sa frustration. Inscrivant 9 points d’affilée, Tony laisse éclater sa rage et rentre aussitôt dans la zone ! Ses fulgurances ont le don de transcender le public qui pousse une EDF repassée devant à l’entracte. 40 à 38, Tony P et ses comparses sont là, malgré tout…!

De la même manière que contre les Turcs d’Ersan Ilyasova samedi dernier, nos Bleus remettent du cœur à l’ouvrage dans le domaine défensif – non sans fautes – mais les résultats sont immédiats. Renouant avec leurs automatismes, les soldats de Vincent Collet mettent un coup d’accélérateur en empêchant leurs adversaires baltes de rentrer le moindre point en plus de 3 minutes. Nicolas Batum étale toute sa polyvalence d’un hémisphère à l’autre de ce stade Pierre-Mauroy bleu-blanc-rouge (4 points, 3 rebonds à cet instant du match), ses partenaires resserrent les boulons et les lignes de passe sont coupées. L’accès au cercle devient un véritable calvaire pour des Lettons à présent étouffés et acculés dans leurs retranchements. Gobert, sur un tomar monstrueux à deux mains en contre-attaque, élève même l’écart tricolore à 10 unités. Bien qu’en manque criant d’oxygène, les Lettons ne s’arrêtent cependant pas de jouer des coudes en dessous, à défaut de pouvoir placer la balle dans le cercle. Le vent en poupe en défense, la France place même ses meilleurs bulldogs sur le terrain. Charles Kahudi notamment participe de manière active à l’effort de guerre (8 rebonds en moins d’un quart d’heure…) et polit d’autant plus les très bonnes rotations françaises. Par ailleurs, nos Bleus, remontés à bloc, prennent goût à appuyer leur étreinte sur des Lettons autorisés à ne scorer que 7 petits pions dans ce quart-temps efficace où notre “Batman” a grandement fait parler sa science. 56-45, il faut porter l’estocade.

Maintenant leurs valeureux efforts, les Bleus défendent toujours le plomb tandis que Parker et Diaw se chargent d’alourdir la marque. Encensé par l’attitude de ses modèles, Lauvergne sème alors le trouble dans la défense lettone comme il sait si bien le faire. Bataille aux rebonds, gêne sur les prises de position au poste bas : le Nugget de Denver joue les artisans de choix lorsque toute la salle se sent d’humeur à entamer une Marseillaise salutaire. Fiers d’une réussite de plus de 60 % en première période, les Lettons observent inaltérablement leur pourcentage descendre en chute libre (42 % au final), une impuissance qui contraste avec une Equipe de France libérée de toute forme de complexe. Mis à part Kristaps Janicenoks qui termine la rencontre avec 16 points au compteur, nos Français sont donc parvenus à mettre une camisole en acier sur la truffe de Lettons qui ont subi la loi d’une France retrouvée après 19 premières minutes calamiteuses. Les deux copains de l’INSEP, à savoir Tony et Boris, sortiront sous les acclamations de leurs supporters ravis de revoir en fin leur vrai visage (18 points et 6 passes pour TP, 14 unités et 3 prises pour “Bobo”) ! 84 à 70 pour les Bleus : ramenez-nous l’Espagne !

Passant du tout au tout en l’espace d’une mi-temps, nos Bleus ont su parfaitement réaliser les ajustements nécessaires – sur leur couverture des pick-n-rolls adverses en l’occurrence- pour se hisser en demi-finale de leur EuroBasket. La triplette Parker-Batum-Diaw a mis les bouchées doubles afin d’y parvenir, ceux-ci bien aidés par un banc de plus en plus solidaire et déterminant. Revanche de l’année passée au Mondial, la France se mesura donc à une Espagne de Pau Gasol bien décidée à lui faire payer son affront de Madrid, dans des conditions étrangement similaires… A jeudi 21h pétantes pour le duel à ne manquer sous aucun prétexte de la compétition. Aux armes, citoyens !

Source image : EuroHoops