Tibor Pleiss et Rudy Gobert en duo : sourires, longs bras et bel avenir dans la raquette d’Utah

Le 07 sept. 2015 à 11:26 par Bastien Fontanieu

Ce fût une signature discrète, quasiment passée inaperçue dans le brouhaha énorme que représente la NBA chaque été. Pourtant, en voyant ce début d’Euro 2015, elle devrait faire vibrer les fans du Jazz : Tibor Pleiss qui débarque à Utah, les débuts d’un duo de géants ? 

On connaissait déjà assez bien la tour de contrôle de Quin Snyder, puisqu’elle était sur les lèvres de chaque tricolore entre janvier et avril suite au départ d’Enes Kanter et l’explosion médiatique logique qui suivit. Rudy Gobert, sorte de monstre au sourire timide et à la fois chaleureux, un ‘phénomène’ comme il sait bien l’expliquer, puisque ses mensurations dépassent le normal. Véritable feel good story de la saison dernière, que ce soit en France comme chez l’Oncle Sam, la nouvelle starlette française s’est imposée comme étant une des futures armes de défense massive à respecter en NBA. Des contres à la pelle, de l’intimidation en distribution gratuite et du trashtalking plutôt bien manié ont permis d’obtenir ce doux cocktail dont les fans du Jazz raffolent : un pivot jeune et excitant, tout simplement. Seulement, que ce soit d’un point de vue collectif comme individuel, Rudy et son Jazz souffraient d’un manque de profondeur dans leur effectif. Et encore plus à l’intérieur. Un groupe sympa, jeune, assez fun à regarder mais un manque cruel de talent qui repoussait (et repoussera peut-être une nouvelle fois) l’armée de Salt Lake aux portes des Playoffs. Intervient donc cette signature, le 14 juillet dernier, comme un signe.

Tibor, qui évoluait à Barcelone la saison dernière mais ne pouvait jouer titulaire, est un de ces rares hommes capable de regarder Gobert dans les yeux. Littéralement. Car avec 218 centimètres sous la toise et des bras qui frottent le sol, Pleiss est plutôt… grand. Repéré très jeune par sa taille puis enfin efficace au Laboral en Espagne, le géant rejoindra le Barca où il apportera son envergure mais pour seulement 13 petites minutes de jeu (6 points et 4 rebonds à 65% au tir). Pas assez pour lui, l’heure d’y aller selon ses proches, une signature à Utah en été et du coup une belle occasion de le voir jouer en ce moment avec son pays, l’Allemagne de Dirk. Sur deux rencontres, on voit tout de suite que le bagage de fondamentaux récupéré par le garçon est très intéressant à disséquer : des mains solides, un petit tir dans la raquette et un joueur qui n’a pas peur du contact, on est sur du produit offensif de qualité. Cela s’est d’ailleurs vérifié contre la Serbie puisque Tibor s’est régalé en enchaînant hook sur hook dans la peinture de Raduljica, le garçon terminant à 15 points, 7 rebonds et 2 contres en 23 minutes. Le petit plus ? Juste 5/6 au tir et 5/5 aux lancers, des mains solides on a dit. Bien évidemment, un joueur peut prendre chaud et offrir un très bon match une fois par semaine, surtout quand on voit que la veille ses 4 points et 5 rebonds face à l’Islande étaient assez fantomatiques. Mais potentiellement parlant, il y a client.

Et c’est justement dans cette association, à la fois main dans la main mais en même temps totalement opposée, que la paire Pleiss-Gobert pourrait faire du bruit cette saison à Utah. D’un côté, un marsupial qui court comme une gazelle, défend comme un roi et peut dunker sur tout ce qui bouge. De l’autre, un danseur étoile qui saute difficilement au-dessus d’un tupperware, mais possède un très bon feeling et utilise toute sa palette de fondamentaux afin de peser à son poste. Un peu comme si vous mettiez Tiago Splitter et DeAndre Jordan dans le même vestiaire, et que vous pouviez varier de style en fonction de vos besoins. On s’arrêtera là concernant les comparaisons hasardeuses, mais on souhaite surtout zoomer sur Tibor qui possède une vraie chance de se faire violence sur cette compétition. Titulaire indiscutable pour la Mannschaft, il pourrait enchaîner les bonnes performances et ainsi s’intégrer plus aisément dans le groupe du Jazz dans quelques semaines, qui l’accueillera pour le camp d’entraînement. La concurrence est faible dans la peinture de Salt Lake City, le talent est fortement demandé et son profil d’international capable de rejoindre des jeunes devrait rapidement plaire à Snyder. Les clés sont donc dans ses mains, pendant que Rudy attendra tranquillement son back-up, avec le même sourire.

Tout au long de la semaine, on gardera un oeil sur l’évolution de Pleiss et ce qu’il pourrait apporter au Jazz la saison prochaine. Quoi qu’il en soit, niveau talent Utah récupère un nouveau géant capable d’étonner. Si on pouvait avoir un petit France – Allemagne en huitièmes, ce serait parfait. Ou perfekt comme dirait Tibor. 

Source image : montage