Focus sur les Bleus de l’Euro : Tony Parker, l’avant-dernière marche dans la quête du bonheur ultime

Le 04 sept. 2015 à 17:23 par Giovanni Marriette

Si le rôle de capitaine des Bleus revient à Boris Diaw, celui de leader du groupe est évidemment la propriété de Tony Parker. Leader sur le terrain, leader aussi par la parole, comme ce fût par exemple le cas lors de la mythique demi-finale de l’Euro 2013 face à l’Espagne, quasiment toujours présent chaque été depuis bientôt quinze ans, Tony sera encore une fois l’atout n°1 des Bleus pour cet Euro. Plus proche de la fin de sa carrière que du début, il peut s’inscrire encore un peu plus haut dans le classement des plus grands sportifs français de l’histoire, en emmenant ses Bleus aux prochains JO tout en devenant peut-être le meilleur marqueur de l’histoire des Championnats d’Europe. On ne sait pas vraiment si tout le monde s’en rend compte, mais c’est vraiment lourd…

Son passé avec les Bleus

Par quoi commencer ? *Retient sa respiration*. Tipi débarque en Équipe de France en 2000 alors qu’il n’a que 18 ans. Il participe ensuite à son premier Euro quelques mois plus tard, une compétition qui ne donnera rien pour les Bleus mais qui commence doucement à installer notre frenchie dans le paysage FIBA. Mais c’est deux ans plus tard qu’il se fait définitivement une place en rossant la concurrence à l’Euro 2003, malgré une sacrée désillusion pour une EDF pourtant so sexy. Tout juste auréolé de son premier titre NBA, Tony a du mal à se faire entendre par ses coéquipiers en Bleu et c’est tout un collectif qui s’effondre alors que le jeune meneur aligne tranquillement les grosses perfs individuelles. La France a beau avoir choké en Suède, elle vient d’hériter d’un nouveau patron. Un boss qui, deux ans plus tard, emmènera son équipe vers le premier de ses exploits récents, une victoire face à la Serbie chez elle, avant d’aller chercher une médaille de bronze en écrasant l’Espagne de trente pions, histoire de bien vénère ces derniers pour les dix années suivantes.

Les années qui vont suivre en Bleu sont difficiles pour Tony puisque après avoir raté le Mondial 2006 pour une blessure de dernière minute, l’Euro 2007 est foiré dans les grandes largeurs. Conséquence ? Les Bleus ne verront pas Pékin et le rêve olympique de Parker est reporté à une date ultérieure… S’en suivra un looooong voyage vers l’Euro 2009, finalement rejoint par miracle par les coéquipiers d’un Parker encore une fois omniprésent. Un Euro qui se soldera par une cinquième place pour la bande à Tony, suffisant pour se qualifier pour le Mondial 2010, zappé par TP pour satisfaire un peu ses employeurs… De retour en sélection en 2011, il emmène les Bleus jusqu’en finale où il échouera une fois de plus face à de biens trop forts espagnols, péripétie qui se rééditera malheureusement l’été suivant en quarts de finale des JO de Londres, la faute – encore une fois – à des Espagnols aussi doués que truqueurs.

Mais Tony le sait, il aura la peau de cette Roja. Un jour ou l’autre. Et ce jour arrivera en 2013 puisque après une demi-finale épique face à l’ogre espagnol, les Français terrassent enfin la bête grâce à 32 points du meneur des Spurs et s’en vont dégommer la Lituanie en finale pour s’adjuger le premier titre européen de leur histoire. Une route longue de plus de dix années en compagnie de ses compagnons de galère Boris Diaw et Florent Pietrus, un chemin sinueux mais dont Parker et les Bleus se seront finalement sortis… A l’aube de cet Euro 2015 à domicile, Tony sait maintenant qu’il peut rentrer encore un peu plus dans la légende et faire d’une pierre deux coups en validant la présence de l’équipe de France l’été prochain à Rio. Tout un programme, mais il semble que ce genre de défi ne fasse pas peur au phénomène…

Points forts

Le point fort principal de Tony sur cet Euro ? Tout simplement le fait que la perspective de jouer une compétition internationale dans son pays va le galvaniser puissance 1000. D’autant plus que l’élimination prématurée des Spurs lors des derniers Playoffs lui aura au moins permis de se reposer un peu et de participer ensuite pleinement à la prépa des Bleus. Tellement impliqué dans le basket et le sport français en général qu’il pourrait un jour en devenir notre ministre (à moins que Babac ne lui pique la place), Tony se prépare pour cet événement depuis, au moins, le Moyen-Âge. Et le fait de s’imaginer boucler la boucle l’été prochain aux JO ne va sûrement rien enlever à sa motivation suprême… Sur le terrain ? Rien de nouveau sous le soleil. Car si certains des meilleurs spécialistes européens seront bien présents en France en septembre, Tony n’en demeure toujours pas moins l’un des meilleurs meneurs de la planète. Moins responsabilisé aux Spurs depuis l’éclosion de Kawhi Leonard, il reste capable de monter chaudement en température pour aller harceler n’importe quelle défense. Son adresse est bien meilleure que dans ses jeunes années, ses spin-moves sont toujours aussi foudroyants et son leadership n’a peut-être pas d’équivalent en Europe.

Points faibles

Tony a eu 33 ans en mai dernier et forcément, les cannes commencent à le ressentir. Moins dominateur en un contre un que dans le passé, il doit aujourd’hui davantage déléguer à ses coéquipiers, d’où l’importance cette année de pouvoir compter sur un groupe talentueux à ses côtés. Malheureusement, les absences coup sur coup de Thomas Heurtel et Antoine Diot risquent de l’obliger à jouer encore un peu plus, Nando De Colo étant le seul joueur de Vincent Collet aguerri pour pouvoir tenir la mène face à une très grosse concurrence, sans manquer de respect à Léo Westermann bien sûr. A Vincent Collet de l’utiliser avec parcimonie lors du premier tour pour éviter de voir son meneur arriver carbo en huitième, dans un match annoncé comme le plus important de la compétition. Ciblé depuis belle lurette par les défenses adverses, Tony devra en sus, une fois de plus, s’évertuer à faire jouer ses coéquipiers avant de vouloir prendre le jeu à son compte, les Français n’ayant jamais été aussi bons que lorsque le danger vient de partout…

Ses objectifs pour l’Euro à venir

A la lutte avec Dirk Nowitzki pour aller détrôner Nick Gallis au panthéon des meilleurs marqueurs de l’histoire de l’Euro, Tony Parker devrait selon toute vraisemblance terminer la compétition tout en haut de ce classement. Ça c’est pour le côté paillettes. L’objectif de Tony pour cet Euro sera le même que tous ses coéquipiers et que tous les Français, à savoir aller gratter l’une des deux premières places qualificatives pour les prochains JO, histoire de tirer un potentiel trait l’été prochain sur une carrière exceptionnelle en Bleu. Et si Tipi pouvait nous rajouter la cerise avec un titre de Champion d’Europe à domicile, alors là on ne répondrait plus de rien…

C’est assurément l’une des pages les plus importantes du livre de sa vie que Tony Parker va tenter d’écrire à partir de samedi. La France du basket attend son petit génie au tournant et il lui faudra mettre de côté une pression énorme pour pouvoir aller au bout des choses. En cas de faux-pas, la déception serait énorme. Si tout roule cependant, on pourra d’ores et déjà lui dérouler le tapis rouge pour l’été 2016. Messieurs dames réjouissez-vous, car vous assisterez dès demain à l’un des derniers tours d’honneur du plus grand basketteur français de tous les temps.

Source image : eurosport.fr