Kawhi Leonard vs LaMarcus Aldridge : et si les Spurs avaient des soucis hiérarchiques à venir ?

Le 27 août 2015 à 12:37 par Bastien Fontanieu

La question semble stupide au premier abord, mais elle mérite pourtant de s’y pencher quelques minutes. En effet, l’arrivée du All-Star de Portland est une excellente nouvelle pour San Antonio, mais elle apporte avec elle son lot d’incertitudes bien plus cachées dans l’ombre. Surtout concernant un aspect fondamental du jeu : la répartition des rôles. 

L’information est passée inaperçue dans le bordel quotidien que représente la planète orange. Un peu comme le joueur, finalement. Perturbé par sa dernière saison mais pas démotivé pour autant, Kawhi Leonard annonce qu’il souhaite devenir MVP de la Ligue un jour ou l’autre. Quand on est déjà champion NBA, MVP des Finales et Défenseur de l’Année à 24 ans, on peut comprendre la bête. Mieux encore, quand on est soutenu par l’ensemble de la franchise et que votre coach dit de vous que vous représentez l’avenir des Spurs, il y a de quoi retrousser ses manches. Et quelque part, si on revient un peu en arrière et qu’on voit l’évolution du joueur aux longues tresses, il n’est pas totalement absurde de prendre ses déclarations au sérieux, lui qui a proposé des progrès fabuleux années après années chez les pros. Que ce soit à son poste, des deux côtés du terrain ou dans l’excellence collective qu’affiche San Antonio depuis près de 20 ans, envisager un Kawhi dans la discussion des MVP est tout à fait concevable. Mais, il y a un mais, et de taille qui plus est.

Nous mentionnions l’arrivée d’Aldridge dans sa région natale, ce Texas bouillant où les taxes sont petites et les bières aussi fat que certains autochtones. Après quelques années de régal statistique mais de galères collectives, le géant aux mains d’argent débarque à San Antonio en ayant notamment longuement discuté avec Gregg Popovich. L’entraîneur déjeune avec l’agent-libre et la joue franc-jeu à table, répondant en toute transparence aux questions trottant dans la tête du bonhomme, sans faire de feux d’artifices ou de déclarations surdimensionnées. On n’est pas là pour te changer et faire de toi un moindre scoreur, on est là car nous avons besoin de toi et tu as besoin de nous. Besoin d’un point d’encrage à qui filer la gonfle au poste pour attirer deux joueurs. Besoin de quelqu’un pour faire souffler Duncan en attaque, lui qui ne devrait jamais finir meilleur joueur des Spurs sur les derniers Playoffs. Besoin de changer aussi notre façon de faire et de recruter, en étant agressif sur le marché plutôt que patient -comme d’habitude- avec les arbustes plantés aux quatre coins de la planète. Besoin de rien envie de toi, tout simplement. Alors qu’Aldridge semblait justement avoir peur face à cette possibilité, celle d’être ‘réduit’ dans son jeu après avoir été l’homme vers qui toutes les balles allaient dans l’Oregon, les entretiens avec la haute-bourgeoisie de San Antonio rassurent. Et donc, forcément, derrière, signature.

Mais à ce moment-là, quel discours a été et sera tenu à l’un -Aldridge- et à l’autre -Kawhi- concernant leur place dans le futur des Spurs ? Loin de nous l’envie d’avancer une théorie basée sur la malhonnêteté, surtout quand on voit le standard et les valeurs dressés par la franchises depuis bientôt deux décennies, cependant il semblerait qu’une incompatibilité se présente -potentiellement- autour des deux joueurs dans les prochains mois. Comment l’un peut-il vouloir devenir MVP, si l’autre a déménagé pour devenir encore meilleur ? Comment l’autre pourra-t-il maintenir le rythme qu’il possédait à Portland, si l’un est considéré comme l’avenir de la franchise ? Aussi bateaux semblent ces interrogations, elles finiront cependant à un moment ou un autre dans le bureau de Coach Pop. Et c’est justement lui, gourou respecté par tous les coaches de la Ligue, qui devra faire avec ce duo pour définir l’avenir de sa franchise. Le doute est quasiment absent lorsqu’on place Popovich et problème dans la même phrase. Que ce soit en ajustant la philosophie des siens ou en transmettant les rennes à différents joueurs (Duncan puis Manu puis Tony puis Kawhi), c’est peu dire si l’homme aux interviews fabuleuses a relevé la plupart des défis avec succès. Et on peut bien évidemment compter sur les personnalités solides des deux joueurs en question, ainsi que leur capacité à faire des efforts afin que le groupe domine, pour aborder la suite avec le sourire dans la cité texane. Mais en changeant la façon de recruter des siens cette année, Pop a aussi changé la physionomie dans laquelle San Antonio se trouvait depuis longtemps : la Draft, le boulot, les progrès, l’adoubement des anciens et le bâton qui se transmet.

Problème de riche ou vrai souci à venir ? La question peut se poser. Lorsqu’on possède des talents fabuleux et ambitieux sur deux postes, on peut cartonner collectivement mais aussi se retrouver dans le brouillard rapidement. Il suffit de suivre le Thunder depuis des années pour s’en rendre compte, les Spurs auront peut-être droit à leur propre duel de mâles alpha si personne n’arrive à faire de concessions. La morale reviendra donc à Gregg Popovich, et on lui souhaite bon courage dans cette nouvelle mission. Une qu’il n’a jamais eu à affronter jusqu’ici.

Source image : saspursnation.com