Miami Flip : 4 possibles All-Stars cette saison, comment distribuer au mieux les rations ?

Le 21 août 2015 à 15:20 par David Carroz

Miami Heat

Dans la lutte à l’Est, Cleveland semble encore tenir la corde. Avec un effectif proche de celui leur ayant permis d’atteindre les Finales, les Cavs repartent avec des certitudes. Plus que beaucoup de leurs rivaux d’ailleurs. La belle saison régulière d’Atlanta peut-elle se poursuivre lors des joutes de mai ? Fred Hoiberg peut-il faire mieux que Tom Thibodeau avec les Bulls ? Les Wizards peuvent-ils se remettre de leur ablation des testicules correspondant au départ de Paul Pierce ? Et si finalement le principal adversaire de LeBron James et ses potes était son ancienne franchise, le Miami Heat ?

Il faut dire que Pat Riley a mis la main à la pâte et au portefeuille pour ne pas revivre une saison aussi désagréable que celle qui vient de s’écouler, exercice durant lequel Erik Spoelstra n’a jamais pu construire dans la continuité avec les absences des uns et des autres. Conclusion, pas de Playoffs pour le quadruple finaliste. Et une révolution au niveau des troupes débutée juste avant la deadline, poursuivie cet été et qui attend son dénouement avec les départs souhaités de Mario Chalmers et Chris Andersen. De quoi intriguer les observateurs, qui se demandent ce que vaut cet effectif en bonne santé et comment les joueurs peuvent cohabiter. Parce que sur le papier, c’est beau. Les 5 titulaires sont du calibre All-Star. Mais le seront-ils toujours en évoluant ensemble ? Il faudra dégager une certaine hiérarchie pour savoir qui aujourd’hui est le franchise player du Heat, et les performances individuelles peuvent en pâtir. Peu importe, c’est dans ce cadre que Miami pourra se retrouver une ambition collective, bien loin de la chasse au trophée de MVP, des All-NBA Team et autres récompenses, pour que la magie s’opère et que les hommes de South Beach se retrouvent propulsés au sommet de la Ligue.

Pour l’instant, de toute l’histoire du Heat, un seul joueur a reçu le trophée de Most Valuable Player. Et il a décidé de repartir avec ses talents loin de South Beach. Dwyane Wade a connu lui aussi des années de ce calibre-là, en particulier en 2009 (28,2 points, 4,7 rebonds et 7 passes) et en 2010 (26,4 points, 4,8 rebonds, 6,5 passes), mais le bilan de Miami ne lui permettait pas de prétendre détrôner LBJ. Chris Bosh, qui lui aussi a connu les joies d’être le go-to-guy d’une équipe qualifiée en Playoffs lors de ses années aux Raptors, n’a jamais proposé un exercice d’un niveau MVP, malgré ses 10 sélections au All Star Game. Au mieux, il a sorti 24 points à 51,8%, 10,8 rebonds, 2,4 passes et 1 contre en 2010. Solide, mais avec Toronto à 40 victoires, on est loin du Maurice Podoloff. Ça ne sera pas pour cette saison non plus pour les deux membres restants des “Tres Amigos”, car l’influence de chacun sera limitée par ce qu’apportera l’autre. Mais aussi par les performances du reste de l’effectif. En effet, Goran Dragic, Luol Deng et Hassan Whiteside pourraient bien avoir des saisons personnelles incompatibles avec une campagne de MVP de la part de Chris Bosh ou Dwyane Wade, ou du moins leur apport pourrait leur faire de l’ombre. Un mal pour un bien, ce trophée est bien moins important que la réussite de la franchise pour les deux stars qui ne sont pas du genre à faire passer leur personne avant le collectif – même si la négociation salariale de “Flash” cet été va le remettre sous le feu des projecteurs pour avoir été si gourmand. Pour ceux qui en doutent, rappelez-vous des saisons de Bosh aux côtés de LeBron James où l’intérieur a ravalé sa fierté pour être le troisième homme derrière LBJ et D-Wade, et le numéro 3 confiait les clefs de la boutique à King James.

On peut ajouter que le banc de touche est aujourd’hui lui aussi conséquent en Floride, et que des joueurs comme Amar’e Stoudemire ou Josh McRoberts gratteront sûrement des minutes dans la raquette pour faire souffler “Jar Jar”, l’éloignant certainement de sa dernière opportunité de se mêler avec les plus grands pour être considéré comme le meilleur joueur de la Ligue, tout comme Gerald Green le fera pendant que Wade mettra de l’huile pour éviter que ses genoux grincent trop. Si on rajoute le débutant Justise Winslow qui espère un temps de jeu sympathique pour avoir une chance d’être élu Rookie of the Year, et le boulot de coach Spoelstra pour gérer les minutes et les égos des uns et des autres s’annonce comme une partie de plaisir. Mais du côté de South Beach, les fortes têtes ne sont pas légion et les cadres n’auront pas de problème à maintenir le groupe soudé et motivé pour effacer l’exercice 2014-15. Focus sur les ambitions des membres de l’effectif du Heat, les attentes ainsi qu’un passage chez Nostradamus pour connaitre à l’avance le bilan de la saison à venir pour chacun d’eux.

Franchise player : Chris Bosh

Avant de connaitre ses premiers soucis physiques en décembre et faire le passage obligatoire par la case infirmerie comme l’ensemble de l’effectif du Heat, Chris Bosh tournait à 21,6 points et 8,2 rebonds. Si sa production a légèrement baissé ensuite, ce sont surtout ses ennuis de santé le conduisant à l’hôpital qui ont pesé négativement sur la saison du Heat. 6 mois plus tard, il revient en forme – on l’espère – pour justifier les 22 millions que Miami va lui lâcher en 2015-16. Après avoir été celui qui a fait le plus de sacrifices durant l’ère LeBron James, il est maintenant l’option numéro 1 de l’équipe. Et s’il faut encore en faire pour permettre aux Floridiens d’atteindre les sommets, il les fera. Aujourd’hui, malgré les signatures des uns et des autres et la profondeur de l’effectif, il va se partager avec Dwyane Wade le statut de go to guy de l’équipe : celui qui prend le rebond pour donner au numéro 3 l’opportunité de rentrer le shoot décisif. Il est comme ça Chris Bosh.

Ce que dit la boule de cristal : Avec Whiteside dans la peinture, Chris Bosh peut de nouveau s’écarter du cercle et envoyer à mi distance ou à 3 points. Conclusion, malgré des stats en légère baisse car son pivot est en mode aspirateur, CB gagne son ticket pour la pause All Star. Pas pour le match des étoiles, le public ayant voté pour Melo, LBJ et PG13 dans le 5 majeur et les coaches lui préférant Pau Gasol, Al Horford, Andre Drummond et Greg Monroe pour compléter la rotation intérieure. Non, c’est une fois de plus au Shooting Star qu’il réussit le quadruplé, en plus d’une présence en finale du concours à 3 points. En effet, avec 45% de réussite depuis le parking et 2 ogives par match, Chris Bosh sublime parfaitement ses 20 points et 7 rebonds par match et gagne le droit de se mesurer aux meilleures gâchettes de la Ligue. Il faut dire que les pick’n’roll et et surtout le pick’n’pop avec Goran Dragic, c’est le rêve pour l’ancien Raptor.

Lieutenant de luxe à mi-temps : Dwyane Wade

S’il n’est plus le joueur capable de porter la franchise en Playoffs à lui tout seul comme par le passé, il n’a pas non plus besoin de tenir ce rôle aujourd’hui puisqu’il est bien mieux entouré. Mais en réclamant autant d’argent cet été, on l’attend au tournant. Lui s’en fout et joue le jeu pour permettre à Miami de remporter des matches, laissant volontiers la gonfle à Dragic et profitant des espaces que le meneur crée par ses pénétrations. Dans un rôle plus en retrait, il reste essentiel au Heat. Et celui qui va chercher les lancers francs importants pour plier les rencontres. Suffisant pour justifier les 20 millions de cette saison ?

Ce que dit la boule de cristal : 70 matches joués, 30 minutes de moyenne, pas de back-to-back, et une semaine de repos à Noël ainsi que lors de la pause All Star – malgré sa sélection puisqu’il prétextera des douleurs intenses à l’ongle du gros orteil. La saison régulière se passe donc en douceur pour D-Wade, entre le froid de la cryothérapie et la chaleur des bras de Gabrielle Union. Sans forcer, il sort ses 19 points, 5 passes et 5 rebonds de moyenne, rappelant qu’à 33 piges, il est toujours dans la cours des grands chez les arrières, et que James Harden, Klay Thompson ou Jimmy Butler ne sont que des malotrus qui osent sortir de meilleures stats que lui. Aucun respect.

Chef d’orchestre : Goran Dragic

Finie la cohabitation avec 2 autres meneurs dans le backcourt des Suns, Dragic doit aujourd’hui composer avec l’unique concurrence de Mario Chalmers. Pas de quoi trembler. Et comme Pat Riley lui a proposé un chèque assez sympa cet été, le “Dragon” a tout pour être épanoui sous le soleil de Miami. Avec les meilleurs coéquipiers qu’il ait côtoyés et en étant celui qui mène la danse, il a l’opportunité de sortir la saison la plus aboutie de sa carrière, individuellement et collectivement, avec distribution de caviars sur canapé de victoires. Au point de participer pour la première fois de sa carrière au All-Star Game ? Avec ses qualités à la création et dans l’attaque du panier, il peut franchir un nouveau palier et s’affirmer comme l’un des tops meneurs de la Ligue, même devant Rio. C’est dire.

Ce que dit la boule de cristal : Avec 17 points et 9 passes par match, Goran Dragic cartonne et emmène le Heat dans son sillage. Ça joue vite, Lob City est délocalisé en Floride lorsqu’il envoie Whiteside au alley-oop trois fois par match. Malgré le statut de leader de la division sud-est à mi-saison, le Slovène est pourtant une fois de plus snobé pour le All-Star Game. Il est finalement rappelé par Adam Silver suite aux blessures de Derrick Rose (genou), Kyrie Irving (pied) et Dwyane Wade (pas envie).

Service de sécurité : Hassan Whiteside

11,8 points et 10 rebonds en moins de 24 minutes, soit 17,8 points et 15,2 rebonds si on ramène à 36 minutes sur le parquet. Pour un mec qui n’avait même pas été conservé par les Grizzlies avant le début de la dernière saison, ça ne parait pas trop mauvais. Feu de paille ou véritable révélation qui va perdurer ? C’est la principale interrogation concernant Hassan Whiteside qui va devoir maintenir un niveau de jeu constant, le tout avec plus de minutes, le retour de Chris Bosh et des ambitions supérieures à Miami. Le tout dans sa dernière année de contrat à moins d’un million la saison, avant de s’offrir certainement une signature bien plus lucrative. Comparé au grand Bill Russell par Bob Cousy, saura-t-il guider le Heat vers autant de succès ? Cela passera avant tout par son impact défensif, car il ne sera pas le premier choix en attaque où son jeu reste limité, en particulier son piètre jeu de passes. Il devra également faire attention à ses problèmes de caractère, mais dans une organisation aussi carrée que celle de Pat Riley et avec des joueurs d’un professionnalisme exemplaire, difficile de faire des écarts.

Ce que dit la boule de cristal : L’année de la confirmation pour Whiteside qui va frôler la sélection au All Star Game avec ses 13 points, 13 rebonds et 3 contres en 30 minutes, montrant à DeAndre Jordan et Andre Drummond que la brute défensive des raquettes – derrière Rudy Gobert – c’est lui, tout en les narguant en réussissant pour sa part à atteindre 55% de réussite aux lancers francs, autant que l’adresse cumulée entre le pivot des Clippers et celui des Pistons. Véritable point d’ancrage pour la défense du Heat, c’est fort logiquement qu’il accompagnera le Français du Jazz dans la raquette de la All Defensive First Team, mais aussi DeMarcus Cousins en tête du classement du plus grand nombre de fautes techniques de la Ligue. Avant de gratter 90 millions sur les 5 prochaines années aux Lakers qui miseront sur lui lors de la prochaine free agency.

Employé polyvalent : Luol Deng

Après une demi-saison dans l’enfer de l’Ohio avant le retour de LeBron James, l’Anglais était tout heureux d’atterrir en Floride pour prendre la suite de LBJ justement. Forcément, pas avec les mêmes responsabilités, mais un bon lot de consolation pour le Heat. Malheureusement, à 30 ans Luol Deng en parait 45, ou 27 ans comme Greg Oden, suite à ses saisons épuisantes sous les ordre de Tom Thibodeau. Dans sa dernière année de contrat, il voudra peut-être briller pour pouvoir chopper un ultime gros chèque. Ou pas, puisque l’ancien Bull est un pro respectable et respecté qui n’est pas du genre à se mettre en avant au détriment du collectif. S’il a perdu en vitesse et vivacité, il n’en demeure pas moins un joueur intelligent et précieux en défense, capable d’être le ciment d’une franchise en se sacrifiant pour faire toutes les petites tâches ingrates qui vont permettre à l’équipe de tourner parfaitement.

Ce que dit la boule de cristal : Avec l’arrivée du rookie Justise Winslow, Luol Deng va progressivement perdre sa place de titulaire pour se retrouver dans un rôle de 6ème homme début 2016. Pas grave, il s’épanouira dans ce nouveau rôle, tout en apprenant les ficelles du métier à Winslow, comme il a pu le faire avec Jimmy Butler. Avec ce statut de mentor, il est essentiel à la progression du dixième choix de la Draft qui découvre les joies du sacrifice et de la défense. Si Pat Riley et Erik Spoelstra louent sont état d’esprit, cela ne suffit pas pour prolonger avec le même salaire. Par contre, le minimum vétéran pour servir de doublure à Kevin Durant en 2016-17 l’attend sur le bureau de son agent.

 

Ouvriers : Amar’e Stoudemire, Josh McRoberts, Justise Winslow, Tyler Johnson, Josh Richardson, Gerald Green, Udonis Haslem

Un gros plus par rapport à l’an dernier. Si le guerrier Udonis Haslem est toujours présent pour être l’âme de l’équipe, il va voir de nouveaux compagnons préparer le Gatorade avec lui. Michael Beasley, Shannon Brown, Norris Cole, Shabazz Napier… tous ont fait leurs valises en attendant Chris Andersen et Mario Chalmers. Josh McRoberts est toujours là, ou plutôt enfin là, lui qui n’a pu prendre part qu’à 17 rencontres la saison dernière à cause d’une déchirure au ménisque. Un apport qui pourrait être essentiel dans la rotation du Heat grâce à sa polyvalence, sa qualité de passe et sa capacité à jouer et être performant sans ballon. Un coéquipier rêvé. A ses côtés c’est Amar’e Stoudemire qui viendra également jouer les doublures à l’intérieur. Un duo complémentaire et expérimenté qui peut apporter de précieuses minutes au moment de faire souffler les cadres. Sur les bases arrières, ce sont les jeunes Tyler Johnson – qui a déjà rendu des services la saison dernière – et Josh Richardson -rookie drafté en 40ème position – qui aideront Gerald Green à faire souffler D-Wade et Goran Dragic. Peut-être un peu tendre et le point faible de l’équipe, même si le Slovène devrait jouer plus de près de 35 minutes par rencontre, ne laissant pas beaucoup de temps à Johnson. Richardson sera le chien de garde de cette second unit et l’ancien kangourou des Suns sera chargé d’apporter un peu de folie offensive quant il entrera sur le parquet. Enfin, Justise Winslow débutera la saison sur le banc avec ces joueurs, avec les dents longues pour obtenir rapidement une place de titulaire.

Ce que dit la boule de cristal : Avec un temps de jeu réduit, “Stat” continue sur sa lancée texane et envoie toujours une dizaine de points et 4 rebonds en passant un gros quart d’heure par match sur le parquet. Économisé de la sorte, il prend part à plus de 70 rencontres pour la première fois depuis son année d’arrivée à NY. Josh McRoberts joue les couteaux suisses comme prévu et forme avec Luol Deng – poussé sur le banc par Winslow comme déjà évoqué – la meilleure paire d’ailiers de la Ligue sortant du banc, capables de scorer de loin, en pénétration, de défendre dur, de prendre des rebonds et de d’être les dépositaires du jeu lorsque Goran Dragic n’est pas sur le terrain. De quoi permettre au Heat d’évoluer sans meneur, comme Spoelstra le proposait parfois à l’époque LeBron James. Ce qui soulage bien le coach d’ailleurs, car Tyler Johnson et Josh Richardson n’ont pas les épaules pour vraiment prendre le jeu à leur compte lorsqu’ils suppléent le Slovène. Gerald Green lui régale le public avec ses qualités athlétiques et plante même quelques shoots longue distance avec  adresse.

De belles perspectives pour le Heat après un été plutôt bien négocié. Mais tout cela a un prix, puisque avec 93 millions de masse salariale, Miami dépasse largement (plus de 10 millions) la limite les faisant payer la luxury tax pour la seconde année consécutive, ce qui pourrait leur porter préjudice la saison prochaine. A moins que Chalmers et Andersen quittent le navire comme le souhaite Pat Riley, ce qui permettrait une économie de presque 9,5 millions. Si l’infirmerie n’affiche pas complet comme en 2014-15, Erik Spoelstra pourra enfin faire travailler son effectif dans la continuité afin de trouver une cohérence dans le jeu et les résultats, ce qui n’était pas le cas lors des derniers mois avec des 5 majeurs qui changeaient quasiment tous les soirs.

Tout cela  pourrait faire du Heat un outsider craint à l’Est et lui donne aujourd’hui un statut de franchise la plus intrigante de la Ligue, dont on attend avec intérêt et curiosité les premiers pas. Pour voir enfin cet assemblage de joueurs complémentaires mettre leur égo de côté, et pour une mission collective alléchante. Beaucoup d’argent a été sorti pour être compétitif dès 2016 tout en gardant de quoi être attractif par la suite. Mais si les sommets à l’Est ne sont pas le résultat de la saison, la somme investie apparaîtra alors trop élevée. Et l’avenir de l’ossature sera du coup remise en question…

Source image : Montage @TheBigD05 pour TrashTalk


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