Lakers story ou l’histoire d’un été moite et poisseux sur Hollywood boulevard

Le 05 juil. 2015 à 21:52 par Alexandre Martin

Avec 27 matches gagnés en 2013/2014 et 21 la saison écoulée, les Lakers ne font plus du tout peur à quelque franchise que ce soit. Ils sont désormais une équipe que la plupart des observateurs voient comme candidate aux bas fonds de la conférence Ouest. Avec ce deuxième choix de Draft – obtenu aux dépens de Knicks ou de Sixers qui avaient organisé un tanking encore plus performant – Jim Buss, Mitch Kupchak et toute la fine équipe avaient déjà de quoi remonter le niveau de l’effectif. 

Une Draft osée et de la marge pour faire une belle free agency, mais…

Avec la marge salariale assez confortable (environ 22 millions) dont ils allaient pouvoir disposer, on s’attendait à un début de mois de juillet très agressif de la part des “jaune et violet”. Mais rien ne semble vouloir se passer tranquillement pour les Angelinos… Pourtant, au soir du 25 juin, quand ils ont choisi D’Angelo Russell en numéro 2 au lieu d’un Jahlil Okafor qui paraissait être une sélection plus évidente, on s’est d’abord dit : “Pourquoi pas ! Le D’Angelo a du talent, il peut en surprendre plus d’un et, de toutes façons, les Lakers doivent avoir un plan pour renforcer leur raquette”. Il faut dire qu’à l’époque, quelques rumeurs avaient circulé concernant un éventuel trade avec les Kings dont le but était de faire atterrir “Boogie” au Staples Center. On se doutait que des gars comme LaMarcus Aldridge, DeAndre Jordan ou Greg Monroe allaient chercher à changer de crèmerie et que cela ferait des cibles potentielles tout à fait intéressantes pour les protégés de Jack Nicholson.

D’Angelo Russell, un combo-guard qui peut mener le jeu ou jouer deuxième arrière et se concentrer sur du scoring ainsi que Larry Nance Jr, un ailier-fort athlétique qui pourra apporter de l’énergie en sortie de banc, voici les choix des Lakers au premier tour. A ce moment-là, le roster s’articule autour de Jordan Clarkson, Kobe Bryant, Nick Young, Julius Randle plus quelques role players comme Ryan Kelly, Robert Sacre voire Tarik Black ou Jabari Brown. Pas de quoi pavoiser donc et un ou deux renforts de poids dans la raquette sont clairement indispensables pour entretenir des espoirs de jours meilleurs dès la saison prochaine. Et c’est là que les choses ne vont pas se passer comme l’aurait voulu ce brave mais limité Jim Buss. Car alors que des joueurs comme Brook Lopez ou Kevin Love re-signaient à grand frais dans leurs franchises respectives, les Lakers concentraient leurs efforts sur d’autres gros agents-libres après avoir finalement compris que les Kings n’étaient pas fous au point de laisser filer un pivot du niveau de DeMarcus Cousins.

Les gros agent-libres boudent la Cité des Anges

Très rapidement, il fut acquis que DeAndre Jordan allait opter pour son Texas natal ou rester dans le giron de Doc Rivers. Du coup, les Lakers se sont positionnés, parmi d’autres, dans la course à LaMarcus Aldridge tout en n’oubliant pas de faire une proposition à Greg Monroe. L’ex intérieur de Detroit avait également le choix d’aller à New York ou à Milwaukee et c’est au pays où les Daims font des merveilles qu’il a choisi de poser ses valises, privilégiant sans aucun doute le projet sportif le plus alléchant. Déception sûrement pour les Hollywoodiens et leurs fans qui se sont par conséquent lancés corps et âmes dans la course à LaMarquise. Mais là encore, les Lakers ont échoué. Visiblement la première rencontre entre Aldridge et les dirigeants ne s’est pas bien passée. En dehors du fait que Kobe aurait très mal vendu le projet, Aldridge n’a pas paru convaincu par une approche trop orientée business et pas assez concentrée sur l’aspect sportif en lui-même. Ce bon LaMarcus a quitté Portland pour jouer le titre ou au moins aller loin en Playoffs. Dans cette optique, concurrencer les Spurs semblait compliqué pour tous les autres prétendants et spécialement pour les Lakers.

Pas de Cousins, pas de Jordan, pas de Monroe et pas d’Aldridge… Mitch Kupchak s’est donc rabattu sur une autre cible en la personne de Roy Hibbert afin d’amener de la taille et du poids dans une raquette qui en manque cruellement. Le problème c’est que le grand (par la taille) Roy coûte très cher puisqu’il venait de lever sa player option sur sa dernière année de contrat pour la modique somme de 15,5 millions. Et, en plus, les Lakers vont devoir absorber un petit bonus car le contrat d’Hibbert inclut un trade kicker de 15% du salaire annuel, soit 2,3 millions. Cela nous fait donc un Roy Hibbert à près de 18 millions de salaire l’année prochaine… En conséquence, une fois qu’ils auront signé le pivot des Pacers, les Lakers ne disposeront plus que d’une marge salariale réduite en dessous du cap. Entre 5 et 7 millions (au mieux) en fonction des contrats non-garantis qu’ils choisiront de renouveler ou pas. C’est peu pour prétendre attirer des agents-libres en quantité et de qualité suffisantes et pourtant il va bien falloir trouver quelques joueurs car si un 5 majeur : Clarkson ou Russell, Kobe, Swaggy-P, Randle, Hibbert pourra donner le change  et faire gagner quelques rencontres sur un malentendu, le banc fait pitié. Ryan Kelly, Jabari Brown, Robert Sacre et Larry Nance Jr… Désolé, si cette phrase peut paraître brutale mais c’est très faible, probablement l’un des bancs les plus faibles de la ligue pour soutenir un 5 assez moyen finalement. Tout cela au sein d’une conférence Ouest qui sera encore d’une férocité sans nom en 2015/2016.

Alors oui, l’an prochain, quand le ‘Black Mamba’ se décidera enfin à libérer sa franchise du poids salarial qu’il représente, les Lakers disposeront à nouveau d’une marge confortable sous le salary cap d’autant plus que celui-ci aura encore augmenté de manière conséquente. Seulement le souci pour L.A. – et on le voit en ce début de free agency – c’est que les gros agents-libres, ceux qui peuvent changer le visage d’une franchise, se décident bien évidemment en fonction du montant du chèque mais tout autant en fonction du projet sportif qui leur est proposé. Être les Lakers ne suffit plus pour recruter. Et non ! Cet enchaînement de mauvaises saisons, de choix bizarres et ce manque de projet de jeu ont petit à petit diminué l’impact sur le marché de cette franchise mythique. Elle le paie encore une fois cet été et part, pour l’instant, sur les bases d’un roster qui va cruellement manquer de sens. Un roster assez faible en qualité et court en quantité. Sachant que c’est le deuxième été de suite que la clique Kupchak se prend 100% des plus belles portes dans la face, ça commence à sentir la nouvelle campagne à 30 victoires maximum. Bien sûr, Hibbert – en fin de contrat – peut faire une grosse saison aidé par l’air frais de la Californie, mais voudra-t-il rester ensuite une fois qu’il sera agent-libre si quelques franchises viendront lui proposer un gros salaire et l’assurance de jouer les Playoffs ? Avouons-le, vu la tournure actuelle et le pouvoir d’attraction dont dispose la famille Buss, ce n’est pas gagné…

Nous sortons d’une saison où ni les Knicks, ni les Lakers – les deux franchises les plus médiatiques et parmi les plus mythiques de la ligue – n’ont profité des joutes de post-season. Et, si Phil Jackson se bouge plutôt intelligemment pour redonner du plaisir au Madison Square Garden, on peut tout à fait se montrer sceptique quant aux plans mis en place par la paire Mitch & Jim. Le pauvre Jerry Buss doit se retourner dans sa tombe, Jack Nicholson doit être en train d’hésiter à renouveler son abonnement et Magic prépare sûrement des tweets très pertinents pour nous expliquer ce que doit faire Byron Scott pour éviter de perdre encore 60 matches la saison prochaine. Bref, la NBA a mal à ses Lakers et c’est bien parti pour durer encore un bon moment… 

Source image : montage nba.com / Jeff Cross Getty images


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