Elfrid Payton, Nerlens Noel et Nikola Mirotic au secours d’Andrew Wiggins pour l’honneur de la cuvée 2014

Le 27 mars 2015 à 17:42 par David Carroz

Printemps 2014. Les cancres de la Ligue se frottent les mains, ils vont pouvoir choisir des lottery picks dans la Draft de la décennie selon les spécialistes. Wiggins, Parker, Embiid ou Randle pour ne citer qu’eux sont annoncés comme des futurs cracks. Un an plus tard, la hype est déjà bien retombée et les promesses sont pour beaucoup revues à la baisse ou remises à plus tard.

Il faut dire que la cuvée 2014 n’a pas eu de chance. Les blessures n’ont pas épargné les têtes d’affiche. Joel Embiid (troisième choix) n’a toujours pas foulé les parquets NBA alors de Julius Randle (septième choix) n’a pu les voir qu’un petit quart d’heure. Mais ce n’est que le début de l’hécatombe. Noah Vonleh (neuvième choix) manque toute la préparation des Hornets pour soigner son dos. Il n’a disputé depuis que 16 matches pour un total de 109 minutes, pas mal pour celui qui était comparé à Chris Bosh. Aaron Gordon (quatrième choix) a dû se faire opérer après 11 rencontres après s’être cassé un os du pied. S’il est revenu depuis, son temps de jeu reste fluctuant. Enfin, Jabari Parker (deuxième choix) a vu sa saison se finir le 15 décembre après seulement 25 matches. Et encore, on ne parle pas de Marcus Smart, Jusuf Nurkic ou Doug McDermott, autres lottery picks qui ont eux aussi connu des pépins physiques. Bref, une promo en mode Portland Trail Blazers.

De ce fait, Andrew Wiggins s’est imposé comme prévu en tant que leader de la cuvée, mais esseulé. Après avoir volé à Rudy Gobert remporté le titre de MVP du Rising Stars Challenge, celui de Rookie of the Year semble lui tendre les bras. Une récompense un peu au rabais tant la concurrence a paru faible tout au long de la saison, même si ses 16 points à 43,7% dont 32,5 de loin, 4,4 rebonds, 1,8 passe et 1,1 interception et surtout son attitude sont des promesses pour l’avenir.

Mais dernièrement, trois autres rookies ont tenu rappeler que Wiggo n’était pas seul au monde chez les débutants, et que la promotion actuelle mérite plus de respect. Nikola Mirotic, Nerlens Noel et Elfrid Payton se sont démenés pour prouver qu’il y avait d’autres raisons que leurs spécificités capillaires et pileuses de s’intéresser à eux. Explications en direct du Barber Shop.

Elfrid Payton : un nid d’oiseau comme coiffure, un jeu à la Rondo

Statistiques 2014-15 : 8,8 points à 42,5% (dont 22,9% de loin), 53,8% aux lancers francs, 4,2 rebonds, 6,2 passes et 1,6 interception en 29,5 minutes.

Faits marquants :

– Deux triples-doubles consécutifs (15 points, 10 rebonds, 12 passes lors d’une défaite face à Dallas, 22 points, 10 rebonds, 10 passes dans une victoire contre Portland).

– Un mois de mars à 13,2 points, 6,1 rebonds, 8,0 passes décisives et 1,9 interception en 34,6 minutes.

Drafté par les Sixers, le meneur à la coupe de cheveux improbable a été échangé dans la foulé au Magic d’Orlando contre Dario Saric. Réputé bon défenseur et bon passeur en arrivant en NBA, son principal défaut devait être son tir. C’est confirmé après 5 mois chez les grands. En dehors de son apport offensif lié aux tirs, il influence le jeu d’Orlando dans tous les aspects, compensant cette faiblesse au point de ne pas voir son statut de titulaire remis en question malgré la présence de Victor Oladipo et Evan Fournier. C’est le Français qui squatte donc le banc laissant le duo drafté par le Magic ces deux dernières saisons entamer les rencontres. À tel point qu’il semble enfin en rythme alors que la saison touche à sa fin.

Sur les 13 matches disputés en mars, il a fini 10 fois avec au moins 10 points, 5 fois avec au moins 10 passes, et 3 fois avec au moins 10 rebonds. L’occasion pour lui de réaliser 2 triples-doubles. Consécutifs, pour rajouter un peu de challenge. Il rejoint ainsi Oscar Robertson, Alvan Adams, Magic Johnson, David Robinson, Jason Kidd et Antoine Walker dans le cercle des rookies ayant réussi une telle prouesse.

Pourtant, il avait attaqué le mois avec un 0 pointé face aux Hornets, ne foulant pas le parquet de la seconde période, pour moins de 13 minutes de jeu. Cette rencontre faisait écho à deux autres prestations très décevantes (3 points à 1/8 contre Miami, 4 points à 2/8 contre Atlanta). Mais dans la difficulté comme lors de ses grosses performances, son discours est resté le même : “Je dois continuer à bosser.”

Un travail qui paie donc aujourd’hui et qui augmente les attentes autour du backcourt du Magic la saison prochaine.

Elfrid Payton, le rookie du Magic

Source : http://www.orlandosentinel.com

Nerlens Noel : une coupe hi-top qui dépasse du tank des Sixers

Statistiques 2014-15 : 9,6 points à 46,1%, 61,4% aux lancers francs, 8 rebonds, 1,6 passes et 1,8 interception et 2 contre en 29,5 minutes.

Faits marquants :

– Seul joueur de la Ligue à réussir en moyenne au moins 2 contres et 1,5 interception par match et à figurer dans le Top 10 NBA pour ces 2 stats (5ème et 9ème).

– Depuis le All-Star Break, il tourne à 13,1 points à 49,2%, 68,2% aux lancers francs, 10,1 rebonds, 2,4 interceptions et 2,8 contres en 32,5 minutes (19 matches).

Alors bien sûr, Nerlens Noel n’est pas un vrai membre de la promotion 2014 puisqu’il vient de passer un an sans jouer au sein des Sixers. Mais sa saison blanche fait de lui un rookie pour cet exercice. On l’imaginait capable de se battre avec les meilleurs débutants, fort de son vécu au sein d’une franchise même sans avoir foulé les parquets NBA, mais son début de saison a été laborieux (7,6 points à 43,8%, 47,8% aux lancers francs, 6,4 rebonds, 1,6 passe, 1,6 interception et 1,4 contre en 30,5 minutes pour ses 20 premiers matches). Ses limites offensives apparaissaient au grand jour et tout le monde se demandait s’il pouvait vraiment faire son trou en NBA : trop petit pour être pivot, pas assez technique pour jouer ailier-fort, la case flop était quasiment cochée.

Mais depuis le All-Star Break, c’est un tout autre Nerlens Noel qui se démène pour les Sixers. Est-ce l’énorme contre de Rudy Gobert qui a affiché l’intérieur de Philly lors du Rising Stars Challenge qui a réveillé le numéro 6 de la draft 2013 ? Toujours est-il qu’il impressionne depuis. Avec 8 doubles-doubles (soit 1 de plus que lors de ses 49 premiers matches), il semble gagner en régularité et ses qualités défensives se font sentir, comme lors de son dernier match face à Denver (14 points, 15 rebonds, 4 contres, 4 interceptions).

L’an dernier, Brett Brown déclarait vouloir faire de Noel son Joakim Noah. On le comprend mieux maintenant, lorsqu’on voit la capacité de l’intérieur à se déplacer et à suivre les joueurs extérieurs sur les pick and rolls. Bon protecteur de cercle (2 contres par match), rapide, avec des mains agiles (2 interceptions), il offre de grosses garanties en défense. Il n’y a pas de doute, les Sixers tiennent un futur candidat au titre de DPOY. Meilleur rebondeur, contreur et intercepteur chez les rookies, son identité est trouvée.

Et comme les Sixers réussissent même une meilleure saison que les Wolves malgré les efforts de Sam Hinkie pour transformer sa franchise en équipe de D-League, il ne faudrait pas négliger sa candidature au moment de récompenser les débutants.

Nerlens Noel, le rookie des Sixers

Source : http://redrockbasketball.com

Nikola Mirotic : une barbe à rendre jaloux James Harden qui s’impose à Thibodeau

Statistiques 2014-15 : 9,6 points à 41% (dont 30,9% de loin), 80% aux lancers francs, 4,9 rebonds, 1,2 passe en 19,8 minutes.

Faits marquants :

– Durant l’absence de Jimmy Butler, Derrick Rose et Taj Gibson, Nikola Mirotic a tourné à 21 points et 8,2 rebonds, devenant le go-to-guy des Bulls.

– En mars, Nikola Mirotic tourne à 9,1 points en moyenne lors des quatrièmes quart temps (leader NBA), soit mieux que Lebron James, Russell Westbrook ou Stephen Curry sur la même période.

En faisant enfin venir Nikola Mirotic cet été, les Bulls savaient qu’ils mettaient la main sur un joueur qui avait déjà fait ses preuves en Europe mais dont l’adaptation en NBA était encore un mystère. Entre un frontcourt déjà fourni chez les Bulls (Joakim Noah, Taj Gibson et le nouvel arrivant Pau Gasol) et un coach pas très généreux en minutes avec ses rookies, cette saison devait être celle de l’apprentissage et de l’adaptation pour un débutant plus âgé que la moyenne (24 ans), mais aussi plus expérimenté (4 saisons au Real).

Au gré des blessures des uns et des autres, mais aussi grâce à un niveau de jeu conséquent, Mirotic a fini par trouver sa place dans la rotation de coach “Thibs”, à tel point que la gourou des Bulls s’est permis de laisser Joakim Noah au repos contre les Hornets, considérant que la triplette Gasol-Gibson-Mirotic était suffisante. N’est-ce pas là la preuve ultime du niveau du joueur d’origine monténégrine ? Il faut dire qu’en mars, il a maintenu l’équipe à flot en prenant ses responsabilités, montrant une maturité rare pour un rookie. Combien d’ailleurs disposent aujourd’hui de minutes ayant l’importance de celles jouées par Mirotic ?

Car toutes les rencontres de ce mois avaient de l’importance pour Chicago qui s’est tourné vers Nikola lors des fins de match. Pendant que les meilleurs débutants de 2014 sont sans pression dans des équipes atteignant péniblement les 30 victoires (quand elles ne sont pas bloquées à la moitié), aucun n’a eu à faire face à autant de responsabilités. S’il n’est pas le rookie le plus fort de l’année, il est sans conteste celui qui a eu le plus d’impact.

Et pourtant, ce n’est pas forcément là où on l’attendait que Nikola Mirotic brille. Ses capacités défensives étaient mises en question avant son arrivée et les Bulls misaient sur lui pour ouvrir le jeu grâce à son shoot extérieur. Bilan, il rentre à peine 25% de ses tirs de loin au cours de ce mois de mars prolifique, et s’il n’est pas – et ne sera jamais – un gros défenseur, son application de ce côté du parquet lui évite les colères de Thibodeau. En tout cas, il est bien meilleur défensivement qu’en novembre.

Bien entendu, ce n’est qu’un début. Avec seulement 1,6 passe pour 2,3 balles perdues en mars, d’autres progrès son attendus. Mais pour une première saison qui devait être passée en grande partie sur le banc, Mirotic a dépassé les attentes. Avant d’atteindre encore un nouveau statut à l’avenir ?

Nikola Mirotic, le rookie des Bulls

Source : http://hoopshabit.com

Finalement, Andrew Wiggins n’est pas tout seul au sommet. Sa suprématie pourrait même être remise en question en fonction de la définition donnée au titre de Rookie of the Year. Le débutant avec le plus de potentiel ? Celui qui réalise la meilleure saison ? Celui qui a le plus d’impact ?

Pour autant, il n’y a que peu de chance de voir ce trophée échapper au joueur des Wolves. Il a paru le plus régulier des débutants cette saison, même s’il est un peu moins bien en ce moment (surtout au niveau de l’adresse) alors que d’autres se montrent après avoir digéré le niveau NBA. Sur les 27 fois que cette récompense a été décernée, 26 fois le joueur présentant le meilleur total points+passes+rebonds+interceptions+contres a été couronné (la seule exception étant Amar’e Stoudemire devant Yao Ming en 2003). Et cette saison, Andrew Wiggins est devant ses camarades de promo.

Stats des rookies

Total points + passes + rebonds + interceptions + contres
Source : Bleacher Report

Mais lorsqu’on ramène tout cela sur un temps de jeu de 36 minutes, il n’est plus au sommet.

Stats des rookies

Total sur 36 minutes des points + rebonds + passes + interceptions + contres
Source : Bleacher Report

Il ne faut donc pas minimiser l’impact et le niveau de Nerlens Noel, Elfrid Payton et Nikola Mirotic. Sans surprise, ils devraient accompagner Andrew Wiggins dans la All Rookie First team, probablement avec Marcus Smart. À moins que Jordan Clarkson (second tour) et Langson Galloway (non drafté) ne continuent de surprendre et réussissent à s’engouffrer dans cette équipe.

C’est sur le long terme qu’on jugera définitivement la valeur de la promotion 2014. La preuve, la cuvée 2013 n’était pas forcément brillante l’an dernier, mais les saisons sophomores de Rudy Gobert, Tony Snell, Dennis Schroeder, Shabazz Muhammad, Kentavious Caldwell-Pope ou Giannis Antetokounmpo – pour ne citer qu’eux – offrent déjà des perspectives plus intéressantes. On surveillera avec attention les prestations de Julius Randle, Joel Embiid et Jabari Parker l’an prochain, tout en matant les progrès de leurs autres camarades.


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