Pat Riley frappe encore : le gourou du Heat a-t-il réalisé le coup de poker ultime avec Dragic ?

Le 20 févr. 2015 à 13:04 par Bastien Fontanieu

Pat Riley

De tous les transferts qui ont eu lieu ce jeudi, aucun n’a inclus un joueur aussi bon et important que celui entre Heat et Suns : Goran Dragic envoyé vers la Floride, le genre de pari qu’un seul General Manager pouvait vraiment tenter…

Ce n’est pas tous les jours qu’on refuse une proposition de Pat Riley. Multiple champion et cerveau respecté par la quasi-totalité des fans de la balle orange, le gominé le plus charismatique de la NBA s’était retrouvé devant ce scénario rarissime l’été dernier, lorsque LeBron avait décliné son offre de prolongation à Miami pour finalement retrouver les siens, à Cleveland. L’automne arrivait donc à South Beach avec une brise bien plus fraîche que les années précédentes, le Heat devant construire de nouveaux automatismes autour de nouveaux joueurs, moins expérimentés et surtout de moins bonne qualité. Entre blessures à répétitions et gueule de bois pas tout à fait digérée suivant ce choc estival de catégorie sismique, Erik Spoelstra maintenait sa franchise dans le Top 8 de l’Est, un maigre exploit compte tenu de la concurrence et des All-Stars présents à Miami. Puis la fièvre Whiteside est apparue en décembre pour terminer dans les chaumières de tout le monde, une addition venue de nulle part et déjà considérée comme un énième coup de génie de la part de Riley. Ça, c’était jusqu’au 19 février 2015, date désormais floquée sur la plupart des t-shirts vendus dans Miami, à l’heure où ces lignes sont écrites. C’était jusqu’à l’arrivée d’un dragon venu du désert.

Le fait que personne ne voulait se jeter sur Goran Dragic était une information largement répandue dans les coulisses de la Ligue, le meneur slovène ne manquant pas de talent mais ayant la possibilité de signer où bon lui semble cet été. Avec des Lakers et Knicks prêts à sortir leurs plus beaux chéquiers, l’ambiance était particulièrement tendue chez les Suns. Le management de Phoenix, hésitant à sortir la carte Martoni ou celle de la gentille franchise qui reste à l’écoute, se retrouvait alors sous pression puisque située au bord du ravin concernant le dossier Dragic : le perdre contre rien du tout dans quelques mois, ou le transférer contre une Smartbox et deux tours de Draft ? C’est dans ce marasme complet que Riley interviendra avec détermination et assurance, sentant probablement l’odeur du bon plan à plein nez. Le Heat vous file la moitié de son effectif et du futur choix de Draft à volonté, tant que vous nous filez le gaucher. Quelques minutes plus tard, voyant que l’offre la plus couillue et intéressante du marché venait de Floride pendant que les autres franchises hésitaient à avancer un jeton de 100 balles, le transfert fût officialisé. Direction Miami pour Goran, pendant que Norris Cole, Shawne Williams, Justin Hamilton, Danny Granger et surtout les TDD de 2017 + 2021 rejoignent l’Arizona. Les gens s’extasient alors devant ce cinq majeur qui a une bien meilleure gueule qu’au début du dernier camp d’entraînement : Dragic, Wade, Deng, Bosh et Whiteside pour exécuter les systèmes du grand Spoelstra.

Mais au-delà de la possible efficacité de ce cinq, la question principale devrait plutôt être la suivante : Riley avait-il vraiment le choix ? Réaffirmant son intention de vouloir garder le plus d’espace financier possible pour l’orgie de l’été 2016, Patoche savait également que le Heat devait séduire bien plus de monde en gardant sa place dans l’élite plutôt qu’en s’accrochant à un dépressif huitième spot à l’Est. L’équation ne tournait donc plus autour de Bosh et Wade, leur santé et leur futur apport, mais plutôt autour d’un jeune talent capable de prendre le relais, de perdurer la qualité de jeu du Heat tout en comptant sur le soutien de grands vétérans. Et que demander de plus si ce joueur pratique la mène ? Depuis Tim Hardaway au début des années 2000, la franchise de Floride n’avait plus évolué autour d’un meneur dominant, avec tout le respect qu’on a pour Jason Williams, Mario Chalmers ou Rafer Alston. Dans une Ligue totalement envahie par le poste 1, Riley devait offrir à ses deux dinosaures un vrai bolide autour du quel réaliser leur danse, celle de la séduction afin de retenir le meneur du côté de Miami. Car le futur pari est bien là, celui qui pourrait faire passer Pat pour un charlatant ou bien consolider son image de génie en avance sur le reste du game : cet été, Goran pourra en effet choisir de rester dans le coin ou partir ailleurs. Il pourra faire comme LeBron, agiter son majeur devant sa face et faire ses valises, ou bien décider de poursuivre une aventure qui s’annonce déjà excitante. Wade a commencé son boulot de comm’ avec sérieux, Spoelstra a rappelé à tout le monde que Dragic était un de ses joueurs préférés et Riley… well, Riley a claqué les déclarations qu’il fallait.

“Nous sommes incroyablement heureux de valider une étape supplémentaire dans notre projet de vouloir ramener le Miami Heat à un niveau d’équipe championne, en accueillant Goran Dragic aujourd’hui. Goran est un joueur All-NBA, notamment nommé Meilleure Progression de la saison passée, nous avons senti qu’il fallait absolument tout tenter afin de l’acquérir dès qu’il est devenu disponible. Nous pensons qu’il représente le parfait complément aux joueurs que nous avons actuellement dans l’équipe et nous sommes très heureux à l’idée d’accueillir également son frère, Zoran.”

Difficile de faire mieux ! La pression est donc sur les épaules de Spoelstra, Wade, Bosh et surtout Pat aujourd’hui, eux qui devront tout faire pour prouver au Slovène que le Heat représente sa meilleure chance d’épanouissement individuel ainsi que de succès collectif. Le compte-à-rebours est lancé, rende-vous le 1er juillet pour voir si le plan Riley aura véritablement fonctionné.

Source image : fans.heat.nba.com


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