Le basket façon Zavatta peut-il mener à un titre ? Les Warriors dominent… en saison régulière.

Le 28 janv. 2015 à 15:17 par Bastien Fontanieu

Battus par des Bulls persévérants et surtout plus appliqués en fin de rencontre hier soir, les Warriors ont une nouvelle fois montré que leur basket pouvait créer de superbes moments d’allégresse comme des courtes périodes de WTF : le style de jeu des Dubs peut-il vraiment les amener jusqu’au titre ?

C’est la beauté de notre sport. Du moins, une de ses nombreuses qualités. Aussi collectif que soit désigné le basket-ball, c’est avant tout pour ses performances individuelles qu’on garde les yeux bien ouverts, que les superlatifs les plus fous sont utilisés pour traduire les exploits dont certains athlètes sont capables en NBA. Un bon mouvement de balle file nettement moins de sueurs qu’un gros poster sur contre-attaque, c’est évident. Il suffit d’ailleurs de remonter au weekend dernier, et à l’état de grâce touché par Klay Thompson, pour se rappeler que ces événements-là rassemblent tous les fans, quelles que soient leurs préférences et leurs origines. Par conséquent, les Warriors représentent en quelque sorte ce rêve de la balle orange depuis plusieurs années, un petit paradis terrestre où tout le monde peut prendre des tirs selon ses envies, tant que le rythme est respecté et que le public en prend plein les yeux. Stephen Curry y est alors adoubé, lui qui peut rentrer absolument tout type de tir existant au basket. Bien évidemment, il convient de souligner le très bon boulot effectué par Steve Kerr et ses assistants depuis le début de saison, eux qui ont trouvé les rotations et l’identité nécessaire afin de dominer leur terrible Conférence Ouest. Mais au-delà d’une défense plus serrée et des joueurs plus ou moins mis en avant, la question resurgit comme par magie après la défaite d’hier : pourra-t-on vraiment faire confiance aux Warriors lorsque le rythme ralentira aux prémices du printemps ?

Il suffit de voir les deux défaites les plus sérieuses concédées par les potes de David Lee cette saison, pour se poser bien plus qu’une simple minute autour de cette interrogation. Non, merci, chers Thunder, Clippers, Lakers et Suns, vos victoires face à Golden State n’ont pas inspiré un important sentiment de doute envers l’armée californienne. Par contre, face aux Grizzlies (sans Bogut) et Spurs ? Difficile de trouver deux adversaires plus pondérés, expérimentés, jouant un basket collectif d’école et respectant les systèmes sur chaque possession. Habituées aux joutes du mois de mai, ces deux franchises ont joué les Warriors avec sérieux, les yeux dans les yeux, et ont ainsi montré à leur façon qu’au bout de 48 minutes, le basket façon Zavatta n’avait sa place qu’en saison régulière. Comment définir ce style ? Il suffit de regarder GS évoluer au quotidien. Encore une fois, nos louanges envers Kerr et les modifications qu’il a imposées sont connues, reformulées aujourd’hui. La défense collective des Dubs est impressionnante, étouffante, menée par un trio Thompson-Green-Bogut qui saccage vos soirées en un claquement de doigts. Cependant, en attaque… Les doutes subsistent encore, plus que jamais, soulignés par les Bulls hier soir, décidant de jouer sérieusement afin de voir les limites du système Hero ball local. Un coup de poker gagnant, puisque Derrick Rose et compagnie se sont régalés à voir Thompson, Curry, Iguodala et consorts enchaîner les tirs insensés, des tentatives qu’ils ont déjà rentrés en carrière certes, mais qui n’auront jamais leur place en PlayOffs.

Du coup, comment aborder la suite d’un point de vue stylistique ? Étrangement, cette question convient aussi bien aux Warriors qu’à son leader, Steph Curry. La torche humaine d’Oakland réalise sa plus belle saison en carrière, menant la course chez les MVP avec une bonne marge d’avance actuellement. Seulement, avons-nous ici à faire avec un joueur ultra-complet, capable de mettre toute une équipe sur son dos et prendre les meilleures décisions, ou faisons-nous face à un génie technique, artiste respecté et adulé, capable de faire lever des foules mais sans vraiment comprendre la modération que requiert une ascension vers le titre ultime ? Aussi affolant et doué soit le numéro 30 de Golden State, il devra forcément montrer des qualités de patience et de gestion plus élevées dans les mois à venir. Car avec 5 ou 6 points de retard et deux minutes à jouer dans le dernier quart-temps d’un Game 6 à l’extérieur, ce ne sont certainement pas deux bombes improvisées du parking qui sauveront les Warriors de la noyade. Une fois, oui certainement, deux fois, pourquoi pas et même volontiers, mais si le Thunder nous a bien appris une leçon ces dernières saisons, c’est que le basket restait un sport collectif qui demande de l’application et un vrai partage de ballon pour y dominer. Par séquences, les soldats de Steve Kerr nous ont montré qu’ils en étaient capables, mais par erreur, le naturel revient souvent au galop dans le ranch de Curry et compagnie : un style Zavatta qui plait au grand public, mais qui ne remporte malheureusement aucun titre collectif.

Il est encore tôt pour savoir comment se terminera la sublime saison entamée par Golden State aujourd’hui. Propriétaires d’un superbe bilan et pratiquant un basket proche de la perfection (stylistique), les Warriors devront cependant penser à contenir leurs vieillies habitudes, s’ils ne souhaitent pas terminer la tête entre les genoux au mois de juin. Et ça, c’est sans parler du mois de mai, lui qui pourrait proposer un peu de Spurs et de Grizzlies au menu…

Source image : GoldenGateSports.com


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