Boston, lendemain de rupture : comment voir Rajon Rondo partir sans se tirer une balle ?

Le 19 déc. 2014 à 17:04 par Bastien Fontanieu

Lendemain de signature à Dallas, lendemain de rupture à Boston ! Pendant que la pluie parisienne s’accorde parfaitement avec l’ambiance actuelle dans le Massachusetts, les larmes chaudes de nombreux fans coulent encore suite au départ de Rajon Rondo vers le Texas. Comment aborder l’avenir dans la maison verte ? Comment analyser ce départ soudain, envisagé certes depuis longtemps, mais qui a lieu la veille de Noël ? Avant de déprimer un bon coup, on se cale avec un verre d’Old Mr. Boston. Direction Beantown pour ce faire, sortez vos parapluies…

Telle une relation amoureuse passionnelle qui dura plusieurs années avant de subir un virage fatal, les Celtics se sont réveillés aujourd’hui avec une gueule de bois, les mouchoirs encore étalés sur le sol après avoir appris le départ de Rajon Rondo chez le nouveau beau-gosse du coin, Dallas. Le meneur drafté par Boston il y a 10 ans de cela représentait le dernier membre de la fameuse armée de 2008, celle qui accrochait une 17ème bannière au Garden avec les KG, Pierce, Rivers, PJ Brown et autres légendes locales. La page doit donc être tournée en même temps que la nouvelle année, ce cru 2015 qui pourrait donner de nombreux espoirs aux fans de la franchise et davantage de sourires que de soupirs. Il faut avant tout commencer par planter les sardines dans le sol et étaler l’évidence : ce transfert a été remporté par les Mavs en récupérant bêtement le meilleur joueur disponible. Cet adage partagé par de nombreux General Managers devrait se vérifier dès le printemps prochain, la franchise texane affrontant enfin les Westbrook, Curry et Parker avec autre chose que Devin Harris ou Jameer Nelson à la mène, ce dernier probablement en pleine dépression à l’aéroport de Boston au moment où ces lignes sont écrites. Les semaines et mois à venir nous permettront de bien analyser cette nouvelle version des Mavs, ce que Rick Carlisle réussira à implanter en un minimum de temps avec un nouveau meneur en place, mais l’heure est actuellement au soutien émotionnel, celui des fans de la maison verte qui ne sont peut-être pas tous dans le désarroi complet mais pourraient apprécier le résultat d’un tel transfert sur le long-terme.

En effet, au-delà des joueurs récupérés dans le deal qui ont autant de chances de nous surprendre que Dirk de louper un lancer, c’est la mise en avant de Marcus Smart et la récupération de bons choix de Draft qui pourraient payer dans quelques années à Boston. Premièrement, le produit formé à Oklahoma State est une pépite qui demande du temps de jeu, montrant déjà à quelques reprises cette saison que sa maturité et sa régularité défensive en font un projet solide sur lequel se pencher. Il aura bien évidemment besoin d’une période d’adaptation dans le monde des adultes afin d’assumer pleinement le nouveau rôle qui lui tombe dans les mains, mais il est difficile d’imaginer meilleur plan B lorsqu’on perd un meneur référence et qu’on souhaite sécher ses larmes autour d’un plan cul joueur à fort potentiel : on appelle ça un Smart move. Deuxièmement, le système véhiculé par la NBA donne actuellement énormément de crédit aux choix de Draft, cette monnaie rare que certains accumulent de façon presque maladive (coucou Hinkie) pendant que d’autres en ont par-ci par-là et les donnent en cadeau avec les chocolats pour le 25 décembre (coucou Kupchak). Toutes les punchlines les plus originales peuvent être envoyées dans la gueule de Sam et ses Sixers pour le Nouvel An qui arrive, mais dans quelques années le ton aura bien changé quand Philly aura réussi à développer ces nombreux picks et Thaddeus Young trainera de franchises en franchises sans avoir vraiment passé un cap. Même si la méthode n’est pas aussi violente, Danny Ainge est probablement un des hommes les plus détestés par les fans de Boston en cette fin d’année, mais comment lui en vouloir quand on imaginait clairement Rondo partir à l’été vers une équipe bien mieux placée dans la course au titre ? On peut se dire que le GM des Celtics aurait pu trouver meilleur deal à l’approche du All-Star Break et la deadline des transferts, mais encore une fois les choix de Draft de qualité ont été récupérés et surtout… Rondo vallait-il vraiment mieux que ce package Noël version Carrefour Market ?

Les triple-doubles sont bien là, l’expérience aussi avec un titre et plusieurs missions épiques au mois de Mai : quand Rondo est concentré et qu’il a l’envie de tout écraser sur son passage, difficile de faire plus complet et intelligent sur le terrain. Cependant, le numéro 9 représente aussi cette menace extérieure moyenne qui sera à surveiller à Dallas (breaking news, Monta Ellis a besoin de la gonfle pour vivre), un comportement facile à remettre en question et une adolescence nourrie à la cueillère d’argent par plusieurs Hall of Famers, montrant par la suite que Rondo n’a peut-être pas les épaules d’un Top 5 meneurs en NBA. Encore une fois, ces remarques varient en fonction de chacun, elles devraient cependant satisfaire en partie les fans de la franchise qui ont certes apprécié pendant longtemps les caviars de la star mais s’arrachaient encore les cheveux cette saison devant le faible leadership du joueur et son tir totalement random après dix ans passées chez les pros. Avec Smart à la manoeuvre et un excellent coach pour le former, l’horizon semble nettement plus propre que ce qu’on entend à droite à gauche aujourd’hui, c’est notamment pour cela que le buzz généré du côté de Dallas devrait aussi offrir un peu d’espoir à Boston. Les prochains mois seront difficiles, surtout émotionnellement après autant d’années passées avec Rondo, mais après trois soirées entre potes et deux tournées de bar gérées par Marcus, le sourire devrait vite revenir.

Jacques Brel chuchotait Ne me quitte pas, Bob Marley scandait Everything’s gonna be alright. La playlist du jour est propre à chacun du côté de Boston, en fonction des souvenirs créés autour de Rondo et de sa carrière spectaculaire chez les Celtics. Mais si on pouvait donner un grand conseils aux petits hommes verts, ce serait de se laisser aller sur du Otis Redding ou du Sam Cooke, juste avant Noël… It’s been a long, a long time coming, but I know a change gonna come, oh yes it will…

Source image: montage


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