Allo Houston ? Il vient de quelle planète le barbu ?

Le 18 déc. 2014 à 17:27 par Alexandre Martin

Samedi dernier, Dwight Howard a effectué son retour sur les parquets contre les Nuggets après 11 matchs d’absence. Un double double pour Dwight et triple double pour son copain James plus tard, Denver repartait la tête basse. Et hier – en déplacement chez ces mêmes Nuggets – les Rockets ont enquillé, après prolongation, leur 19ème victoire en 24 sorties dont presque la moitié se sont donc déroulées sans Howard qui est tout de même l’un des meilleurs pivots de la ligue !

Pas de Dwight ? Des blessés en pagaille ? Pas de souci ! 

Notons également que Terrence Jones – qui avait parfaitement trouvé sa place dans la raquette texane – n’a participé qu’à 4 rencontres depuis le début de l’exercice. C’est donc régulièrement armé d’une paire d’intérieurs Donatas MotiejunasTarik Black ou Motiejunas – Joey Dorsey que les Fusées ont enchaîné les victoires. Avant cette superbe entame de saison, peu d’entre nous voyaient Houston évoluer à un tel niveau (pas moi en tous cas), surtout pas sans l’ami Dwight. Après les Playoffs décevants réalisés par les Texans, avec leur manque d’envie et de rigueur défensive ou subissant le coaching souvent douteux de Kevin McHale auquel s’est ajouté une inter-saison qui semblait ratée, ces Rockets ne paraissaient clairement pas les mieux équipés pour supporter l’intense concurrence du Top 8 à l’Ouest. Et bien en fait, la “Roja” texane est là et bien là ! Il faut dire aussi que Trevor Ariza s’est impeccablement coulé dans le moule. Il défend, se bat au rebond (6 prises par match), plante quelques trois points en attaque (presque 3 par match) et apporte du coup une belle production avec plus de 14 points de moyenne. Motiejunas envoie lui, ses meilleures lignes de stats depuis qu’il a posé le pied sur le sol américain : 10 points à plus de 50% au tir, plus de 6 rebonds par rencontre et quelques passes venues d’ailleurs qui lui valent désormais un nouveau surnom, MagicJunas !

Pat Beverley – aka Patrick Barbelés – n’a joué que 12 matchs pour le moment à cause d’une blessure mais il est toujours le même. Demandez donc à Ty Lawson qui vient de le jouer deux fois de suite… Un véritable pitbull défensif, un acharné des “lose ball” qui, en plus, s’est sérieusement amélioré derrière l’arc ce qui n’est pas du tout négligeable dans le “système” des Rockets. Mais tous ces joueurs – hormis Dwight Howard – ne sont que des role players, des bons, bien sûr, mais nous parlons ici de joueurs qui doivent avoir un rôle précis dans un collectif afin qu’ils puissent effectuer leur besogne le plus décemment possible. Ils ne sont pas les moteurs de cette fusée texane, ils n’en sont que l’équipage. Pas la peine me direz-vous étant donné qu’elle a déjà un réacteur surpuissant. Un réacteur dernier cri : 1m96 pour environ 100 kg (96 kg de muscles et 4 kg de barbe). Il faut bien le reconnaître, James Harden est tout simplement injouable depuis le début de saison. Il est plus que le leader des Rockets, il en est l’âme créative, le patron, celui qui gère le tempo, celui qui tient toutes les balles importantes, celui dont toutes les défenses de la ligue ont peur. Memphis est la seule équipe à pouvoir se targuer d’avoir tenu Harden sous les 10 points et il n’est pas sûr du tout que cela se reproduise d’ici le mois d’avril prochain tant l’arrière barbu démonte les oppositions les unes après les autres avec une facilité parfois déconcertante.

Aujourd’hui, qui pèse plus sur le jeu de son équipe que James Harden ? 

A ce jour, le gaucher est le meilleur scoreur de l’exercice en cours avec 26,3 points de moyenne (42% au tir et presque 35% derrière l’arc) tout en attrapant 6,4 rebonds chaque soir et en distribuant presque 7 caviars ! On savait que la papatte gauche de l’ami James était muni d’un superbe toucher pour finir dans toutes positions et quelque soit la défense proposée. On savait qu’il était inarrêtable une fois lancé vers le cercle, tel un petit tank à la recherche du moindre contact pour obtenir la faute et conclure ensuite tout en maîtrise et en expérience alors qu’il n’a encore que 25 ans… Tout cela, on le savait. Mais avait-on réalisé à quel point sa science du jeu lui permettait de gratter du rebond ? Avait-on réalisé quel playmaker il est ? Harden peut scorer, ce n’est rien de le dire et tout coach digne de ce nom en NBA est informé de ce point avant d’affronter les Rockets. De ce fait, il a toujours le meilleur défenseur de l’équipe adverse collé à son short soir après soir. Il sait parfaitement s’en défaire pour marquer les points dont sa franchise a besoin mais il sait également lâcher sa balle au bon moment à un partenaire démarqué. Il maîtrise aussi bien l’art de pick and roll que la plupart des meneurs de la ligue et nourrit ses “gros” en passes à rebond ou en passes lobées pour alley-oop pour le plus grand bonheur de fans qui suivent les Rockets mais il a aussi montré à de nombreuses reprises qu’il a la lucidité suffisante pour ressortir vers un shooteur ouvert quand l’occasion se présente. Un superbe playmaker qui sait parfaitement utiliser sa créativité et le danger qu’il représente pour distribuer le caviar partout autour de lui.

Vu qu’en plus, les critiques sur sa (non) défense ont dû le chatouiller et qu’il s’est mis à fournir quelques efforts plutôt significatifs même s’il a encore quelques errances, il ne s’agit plus de se demander aujourd’hui si James Harden est le meilleur arrière de la ligue, il l’est, sans discussion possible. La question est plutôt de savoir qui joue mieux que lui au basket. Qui pèse plus sur le jeu de son équipe que le Harden 2014/2015 ? Qui attaque mieux – ou ne serait qu’aussi bien – tout en offrant plus d’un contre et deux interceptions de moyenne ? Qui est plus swagg que cet iroquois barbu qui vient d’envoyer 44 points et 8 rebonds jeudi dernier, un triple double (24 points, 10 rebonds et 10 passes décisives) samedi puis 41 points et 10 offrandes la nuit dernière dans le Colorado ? La nuit dernière, parlons-en ! On a bien cru qu’Harden avait tué le match en plantant cet énorme tir primé plein de sang-froid pour donner 2 points d’avance aux siens avec seulement quelques secondes à jouer (98-96) mais il a raté un lancer ce qui a permis à Denver d’avoir une dernière qu’Arron Afflalo ne ratera et utilisera pour envoyer les deux équipes en prolongation (99-99). Beaucoup de joueurs se seraient probablement un peu écroulés ou au moins un peu mis en retrait après un lancer raté qui coûte aussi cher mais Pas ce bon vieux James. Il a continué d’être agressif, a planté 8 points sur les 16 de son équipe en overtime, il a servi Howard au poste et Ariza dans son corner. Bref, il a géré de main de maître cette prolongation en terre hostile. Une preuve de plus, s’il en fallait encore, que James Harden a passé un cap. Avant, il avait le niveau et le potentiel pour être un franchise player. Aujourd’hui, il EST un franchise player ! (Encore l’effet Team USA ?)

A part LeBron James et Stephen Curry, on voit mal qui peut prétendre jouer au même niveau que le barbu au numéro 13 alors que nous atteignons tranquillement le premier tiers de la saison. Éventuellement Anthony Davis mais, collectivement, les résultats ne sont pas encore là.  Les deux grands malades du Thunder, une fois qu’ils se seront véritablement mis en route ? Peut-être. Une chose est sûre néanmoins – alors que Houston s’apprête à recevoir les Pelicans ce soir – les Rockets ont dans leurs rangs un des 5 meilleurs basketteurs de la planète. Un joueur qui pourrait briguer le titre de MVP s’il continue sur cette superbe lancée. Un Rocket MVP ? Il faut remonter 20 ans en arrière avec Hakeem The Dream en 1994. Rien que ça…

Pour le plaisir, les 41 points et 10 caviars d’Harden sur la tête des Nuggets hier.

Source image : counterkicks.com


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