Attitude inacceptable et effectif chelou : ces Cavs sont très loin du Heat double-champion…

Le 07 nov. 2014 à 16:02 par Bastien Fontanieu

C’était le modèle que tout le monde voyait venir, celui du Heat de LeBron et The Decision, les deux bagues de champion et un sérieux exemplaire pour apporter à Cleveland une première bannière dans son histoire. Une semaine écoulée, et déjà une question à laquelle répondre : ce modèle est-il vraiment accessible ?

Le petit jeu de comparaison effectué depuis l’annonce du retour de James à Cleveland a passionné les fans de la balle orange cet été, machin analysant les différences entre Chris Bosh et Kevin Love pendant que l’autre affirmait brutalement que Kyrie Irving était meilleur que Dwyane Wade. De longues semaines d’interrogation se sont écoulées, l’impatience de voir cette équipe prometteuse se rassembler sur le parquet laissant finalement place à de nombreux sourcils froncés, les Cavaliers montrant une nonchalance particulièrement agaçante en ce début de saison. Le premier réflexe réalisé par certains a été de revenir justement sur ce Heat version Big Three pour rappeler que Spoelstra et ses hommes avaient en effet commencé leur aventure épique avec un bilan de 9 victoires pour autant de défaites. Des coups d’épaule de LeBron contre son coach à Dallas en passant par les coéquipiers qui pleurent dans les vestiaires, la franchise de Miami se retrouvait sur le radar de tous les détracteurs, se régalant en voyant un rassemblement aussi fabriqué échouer. Quatre ans plus tard, les bouches ont été toutes plus ou moins fermées, puisque James et ses potes ont participé à 4 Finales de suite et remporté 2 titres. So ?

Le problème avec cette tentative de comparaison tout à fait compréhensible, c’est qu’elle ne prend pas en compte des éléments fondamentaux et qui risquent de coûter cher aux Cavs sur la durée. En premier lieu, les bras droits dont dispose le King : autant comparer Love à Bosh puis Irving à Wade est une petite activité des plus attrayantes entre deux cafés et trois courses, autant il faudrait arrêter la drogue et se mettre à vraiment parler de basket. Lorsque LeBron est arrivé à Miami, il possédait deux vrais franchise players à ses côtés, des soldats ayant vécu les plus grosses batailles et prêts à en relever des plus intenses. Que dire de Wade, MVP des Finales 2006 et parmi les meilleurs joueurs de sa génération quand ses genoux le laissent tranquille ? Que dire de Bosh, leader d’une franchise paumée qu’il emmènera en PlayOffs avec des titres de division en bonus ? Sur le papier, si Love et Irving possèdent des statistiques intéressantes à comparer au duo resté à Miami, la phrase doit malheureusement s’arrêter là. Les deux nouvelles meilleures copines de James n’ont rien fait collectivement dans leur carrière, si ce n’est un titre avec la Team USA. Dans la construction de l’effectif, de l’identité et dans l’affrontement des plus grandes difficultés, LeBron a pu compter sur deux associés plus solides que jamais à Miami, offrant un combo expérience/savoir-faire qui est à des années lumières de ce que Kyrie et Kevin proposent aujourd’hui. Il suffit de voir le meneur des Cavs faire des grigris à Portland alors que son équipe perd de 15 points dans le troisième quart pour mieux comprendre que l’association ambitieuse et professionnelle de Floride a laissé place à un centre de loisirs rocambolesque dans l’Ohio. De même pour Tristan Thompson qui devient la meilleure option en sortie de banc, alors que Dion Waiters se transforme en Ben Gordon au fur et à mesure que les soirées passent.

Maintenant, il est évident que réaliser des conclusions aussi hâtives serait à la fois idiot et à l’opposé de la façon de penser made in TrashTalk. Mais il convient tout de même de noter que les bases sur lesquelles se construisent ces Cavaliers sont bien lointaines de celles génialement préparées par Pat Riley et Coach Spoelstra. D’ailleurs, ce dernier, qui était justement pointé du doigt pour avoir bénéficié d’un trio magique, régale déjà cette saison en promouvant le même mouvement de balle et la défense collective active qui avait aidé le Heat à dominer ces 4 dernières années. L’envie n’est pas de vouloir mettre en place un duel entre Erik et David Blatt, mais force est de constater que quand l’un a mis au coeur de sa pédagogie la défense et l’esprit de famille, l’autre est plutôt axé sur l’attaque champagne et un petit bordel assez amusant. L’attaque des Cavs, c’est ce fantasme collectif qui voit Kyrie et Love effectuer des pick-and-pop inarrêtables pendant que LeBron et Mike Miller sont prêts à faire du sale en deuxième rideau. C’est aussi LBJ en isolation sur l’aile, avec Irving, Kevin et James Jones les pieds dans le bitume pour artiller en cas de double-team sur le cyborg. Tout ça, on souhaite voir Blatt le mettre en place et cela prendra bien évidemment du temps. Mais il faut vraiment garder en tête que le modèle qui avait été dessiné de main de maître par Riley est à l’opposé de celui qu’a décidé de construire David Griffin du côté de Cleveland. Et ça, tôt ou tard, cela se vérifiera quand les caméras seront braquées sur les Cavs et que des matches éliminatoires frapperont à leur porte.

L’heure de s’inquiéter n’est pas encore là dans l’Ohio. LeBron le disait lui-même cet été : ce processus demandera du temps et de la patience de la part de chacun. Cependant, s’il possède encore de nombreux mois avant de tester son escadron en PlayOffs, le King devra vite se rendre compte d’une chose. Si l’envie de quitter Miami le démangeait trop cet été, le modèle d’efficacité qu’il a abandonné là-bas ne sera plus accessible à Cleveland, qu’il le veuille ou non. A lui de nous faire mentir…

Source image : montage TrashTalk


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