C’est la mode : Kevin Love lâche une lettre pour s’expliquer aux fans, traduction par TrashTalk !

Le 24 oct. 2014 à 05:58 par Bastien Fontanieu

Kevin Love

Décidément, LeBron donne envie à tout le monde de faire comme lui. Après sa lettre envoyée chez Sports Illustrated qui aura fait un tabac pour annoncer son retour à Cleveland cet été, le King a probablement conseillé un de ses coéquipiers…

C’est en tout cas ce qu’on peut penser quand on voit Kevin Love se prendre pour Shakespeare et lâcher deux ou trois anecdotes nostalgiques tout en remerciant les fans de Minnesota dans une lettre envoyée au Players’ Tribune. Sorte de mea culpa pas trop assumé ? On peut dans tous les cas voir que dans cette composition un peu bordélique, les années Timberwolves semblent bien lointaines en comparaison avec le rêve qu’il vit actuellement sous les ordres de David Blatt. Pour faciliter le boulot de certains, on a donc préféré vous traduire la lettre originale, et soyez rassurés aucune miette n’a été laissée de côté.

Vous savez qui a vraiment eu un été de dingue ? Andrew Wiggins. De tous les joueurs que j’ai vu ces derniers mois, c’est lui qui m’a le plus surpris. Je peux imaginer comment il devait se sentir. De l’excitation d’être numéro 1 de Draft à l’incertitude concernant sa future destination, je l’ai trouvé calme et impressionnant.

Je sais ce que ça fait d’avoir votre coeur qui s’agite dès que le téléphone sonne. Je sais ce que c’est de parler plusieurs fois par jours à son agent, où apprendre ce qu’on dit sur votre futur selon plusieurs ‘sources’ sortant de Twitter.

J’étais de l’autre côté de tout ça, et c’était épuisant.

J’ai passé la plupart de mon été entre la salle et Netflix, j’ai dû me faire plus de 40 des 250 meilleurs films conseillés par IDMB, et encore je ne compte pas les marathons devant la télé. Je me suis fait tous les épisodes de Seinfeld, Curb Your Enthusiasm (le meilleur), Mad Men et Game of Thrones (deux fois). Je peux remporter n’importe quel débat actuellement pour expliquer que GOT est aujourd’hui la meilleure série diffusée.

C’était une période plutôt difficile à vivre car pendant le mois précédent le transfert, Wiggins et moi étions plongés dans le purgatoire de la NBA. Est-ce que ça aura lieu, oui ou non ? Avec autant d’histoires en cours, je ne pouvais pas réaliser d’adieux officiels envers Minnesota. Et une fois que le transfert a eu lieu, tout est allé très vite.

J’aimerais saisir cette occasion pour remercier les fans de Minnesota qui m’ont offert 6 superbes années. Je me souviens encore d’être assis au Madison Square Garden, j’étais drafté en 2008, pensant que si j’avais le choix j’aimerais justement aller chez les Timberwolves car j’y retrouverais un de mes héros d’enfance pour bosser avec lui en Kevin McHale. Il existe tellement de personnes qui ont contribué à mon développement, à m’aider à devenir le joueur que je suis aujourd’hui. J’irais toujours avec plaisir chez Manny’s Steakhouse, et le soutien que j’ai reçu de la part de la communauté du Minnesota – même durant les moments difficiles – restera un souvenir que je garderai pour toujours. (Sérieusement, merci de ne pas avoir brûlé mon maillot les gars.)

J’ai grandi énormément dans le Minnesota, que ce soit personnellement comme professionnellement. Je serai le premier à vous dire que je n’ai pas tout géré de la meilleure des façons. Nous sommes tous des produits non-finis, ce n’est pas facile d’affronter la défaite quand vous êtes dans votre vingtaine, et il y avait des moments où être dans mon vestiaire n’était pas une partie de plaisir. C’est difficile d’être un leader quand vous n’avez pas le modèle ou le mode d’emploi expliquant comment remporter des matchs en NBA.

Mais je ne cherche aucune excuse. J’ai offert mes meilleures stats la saison passée, et nous ne sommes même pas allés en PlayOffs. Certaines réactions étaient plutôt difficiles à recevoir, j’ai appris qu’il y avait apparemment quelque chose du genre une ‘stat vide’ (J’essaierai de me souvenir de l’importance de ce point-là la prochaine fois que je boxe Tim Duncan au rebond).

Au final, on m’a donné l’opportunité d’avancer, et je l’ai prise : ma décision ne concernait que le fait de vouloir gagner. Quand je repense à ces années d’enfance où je tirais sur mon panier de 2m40 dans mon maillot de Shawn Kemp, je n’ai jamais imaginé réaliser un triple-double ou signer un contrat max. Je rêvais juste de tenir un trophée de champion, et pour y arriver il fallait que j’avance.

Ce serait malhonnête que vous dire que je ne me demandais pas à quoi ressemblerait le trip en avion qu’on allait faire jusqu’à Rio de Janeiro la semaine dernière. On allait au Brésil pour un tour de présaison, et c’était la première fois qu’on pouvait se rassembler au même endroit entre coéquipiers sans avoir forcément les caméras qu’on a eu pendant le camp d’entrainement.

Je marchais le long de l’allée dans l’avion, voyant tous ces champions : Shawn Marion, James Jones, Mike Miller, Brendan Haywood, LeBron James. Je voyais aussi tous ces joueurs internationaux comme Anderson Varejão du Brazil et Matthew Dellavedova d’Australie.

Alors que j’allais m’asseoir, la plupart des gars se chambraient et faisaient pas mal de bruit dans l’avion. L’atmosphère était totalement différente de celle à laquelle j’étais habitué. Et à ce moment-là, un sentiment familier m’a pris que tout le monde reconnaitra quand on cherche à trouver ses repères :

On se serait cru le premier jour d’école.

Donc j’ai fait ce que j’aurais dû faire pour mon tout premier jour, c’est-à-dire m’asseoir à côté du type le plus intelligent de la classe, James Jones. C’est un mec qui a joué plus de 100 matchs de PlayOffs en carrière et qui a toujours fait le sale boulot, celui qu’on ne félicite jamais et qui ne finira pas sur SportsCenter. Dès qu’on commença à parler, Mike Miller s’installa dans le siège situé juste derrière nous. C’est un type qui a tiré je crois à près de 44% à trois points pour le Heat lors des Finales 2013, comme si de rien n’était. Il a même planté un tir important sans une de ses chaussures.

Avoir la possibilité de parler basket avec des coéquipiers qui ont remporté 4 titres au total, ça n’a pas de prix. James et Mike parlaient des sacrifices qu’il faut réaliser pour l’emporter en PlayOffs, et pas seulement au niveau des statistiques ou des tirs, c’était également en dehors du terrain où il faut des fois renoncer à sa famille ou ses proches. Je me suis mis à repenser à moi-même quand j’avais 21, 22 ans. Et en ayant entendu tout ça venant d’eux, je me suis dit que je n’étais peut-être pas dans ce mode de pensée-là en terme de sacrifices à l’époque.

Une fois qu’on a décollé, je me suis dit que les gars allaient sortir leurs casques et leurs iPads : c’est ce à quoi j’étais habitué. On en avait pour 12h de vol, et je comptais environ 7h de sommeil. Il n’y a rien eu de tout ça : on buvait ensemble, chacun racontait ses propres histoires. Après un été aussi agité, c’était la première fois qu’on pouvait s’exprimer en public sans avoir à se méfier de ce que les autres allaient entendre. Et ce qu’il y avait de vraiment spécial, et qui est rare en NBA, c’est que tout le monde était inclus. D’où que tu viennes, de quelle école tu viennes ou quel quartier, tout ça n’importait pas du tout.

LeBron avait un message très clair à faire passer. On avait tous lu les gros titres, on savait qu’offensivement on aurait un bon potentiel et notamment en transition avec les athlètes qu’on a. Mais on savait également qu’on n’avait pas de véritable protecteur devant l’arceau, et son message était le suivant : on vivra et mourra en groupe.

“On doit bosser le plus possible en défense jusqu’au point qu’on sache tous, les yeux fermés, qui se situe derrière nous et quels déplacements ont lieu,” disait LeBron. “Vous devez être capables de regarder le type à côté de vous comme s’il s’agissait d’un frère; lui faire confiance dans le job qu’il doit accomplir. On doit être une famille.”

Tout ce qui s’est passé dans cet avion jusqu’à Rio était très naturel, et j’ai senti que je pouvais prendre part à quelque chose de vraiment spécial. C’était une culture à laquelle je n’étais pas habitué. Après avoir été transféré cet été, tout ce que j’entendais de la part des journalistes c’était de savoir comment LeBron, Kyrie et moi allions partager la balle. Et on continuait à me demander comment je me sentais face à ça :

Vous êtes la deuxième roue ? La troisième ? N’avez-vous pas peur pour vos stats ?

Ce que je leur répondais : je m’en fous.Je n’ai jamais joué un seul match de PlayOffs. Je suis venu à Cleveland pour gagner. S’il faut que je prenne un balai et que je nettoie le sol pour remporter un titre, je le ferai.”

C’est vrai que le coup du maillot brûlé, on en reparlera pendant des siècles et des siècles…

Source : Players’ Tribune

Source image : Players’ Tribune


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