Le tanking de trop : la NBA pourrait revoir son système de loterie pour la Draft

Le 01 oct. 2014 à 18:06 par Ludovic

Depuis plusieurs saisons, de nombreuses équipes ont cherché à détruire leur effectif pour mieux reconstruire. D’une équipe de PlayOffs en 2012, Philadelphie s’est par exemple débarrassée de Jrue Holiday, son meilleur joueur, afin de repartir à zéro. Aujourd’hui, les 76ers ont pris un abonnement aux bas-fonds de la ligue, dans l’espoir de constituer une base de jeunes talents assez solide pour espérer un jour gagner un titre.

Finalement, qui peut les blâmer ? N’est-ce pas la meilleure façon de mettre toutes les chances de son côté pour avoir une véritable chance de toucher le trophée du doigt d’ici 5 ou 6 années ? Sans aucun doute. Pour certains marchés, c’est même devenu une obligation. Des petites agglomérations, comme Milwaukee, n’ont que peu de chances d’accueillir un agent libre de renom, susceptible d’incarner le visage de la franchise. En passant par la draft, on « oblige » un prospect à se lier au destin d’une équipe. Enfin, sauf si ce jeune joueur s’appelle Steve Francis.

Ce système de draft, propre au sport nord-américain, fait partie intégrante de sa culture. L’équilibre des forces et le salary cap constituent une véritable plus-value à ce système. Il y a cependant un souci. Comme toute aide proposée dans un cadre réglementé, il y a toujours ceux qui l’utilisent avec parcimonie, et ceux qui en abusent. Comment expliquer que la ligue ait du taper sur les doigts de certains managers parce que ceux-ci avaient une marge salariale trop faible ? On est d’accord, les propriétaires ne sont pas là uniquement pour mettre de l’argent dans la machine et faire tourner le business. Le salary cap doit permettre à des franchises moins attractives de proposer plus à des agents libres afin de les attirer dans leurs équipes. Parfois mal utilisée à cause de contrats mal proportionnés, le fait qu’une équipe soit réprimandée à cause de sa trop faible marge salariale ne s’était jamais produit. Encore une fois, ce sont les 76ers qui ont reçu la fessée. Le but de la manœuvre était évident : prendre des joueurs pas terribles, peu les payer, continuer à en vendre quelques uns, donner un max de temps de jeu aux rookies, et attendre des jours plus radieux. Tout ça pour quoi ? Perdre un max et repartir avec un bon choix de draft. Et rebelote jusqu’à ce que le GM juge ses talents assez intéressants pour les entourer par de vieux briscards et des joueurs confirmés.

Trois prospects avec un certain potentiel récupérés en deux saisons. Et encore, on oublie Dario Saric (Source : Philly.com )

Trois prospects avec un certain potentiel récupérés en deux saisons. Et encore, on oublie Dario Saric (Source : Philly.com )

Encore une fois, peut-on les blâmer ? Quand la loose devient un objectif, oui. La NBA en a pris conscience et souhaite refondre le système de draft. Attention, on ne cherche pas à descendre plus bas que terre Philly. Toutes les équipes sont susceptibles un jour de tanker pour décrocher le bonnet d’âne. Pourtant, cette place ne donne qu’une possibilité de 25% de décrocher le first pick à la draft. Mais ce système a le défaut de récompenser la médiocrité.

Alors dans les bureaux, ça parle de changement. Les instances avaient imaginé l’idée d’une roue qui ne laisserait aucune place au hasard. Tous les 30 ans, une franchise se verrait attribuer un choix fixe. Imaginons le cas de Cleveland. S’ils choisissent en premier en 2015 (oui, encore), ils reprendront le premier choix en 2045. Entre ces deux années, ils auraient des choix déterminés au préalable entre la deuxième et la trentième position. En résumé, un système qui donnerait l’opportunité à chacun de pouvoir drafter en n°1.

Ce plan doit d’abord être validé. Quand ce sera fait, il faudrait attendre que l’intégralité des choix échangés pour les prochaines éditions de la draft soient passés. En effet, plus des deux tiers des équipes de la ligue ont déjà échangé des futurs choix. Et sachant que leur valeur pourrait alors fluctuer, la ligue veut s’éviter ce genre de désagréments.

Une autre proposition était de lisser les chances d’obtenir le 1er choix. Par exemple, donner les mêmes pourcentages de chance aux quatre dernières équipes. Ainsi, on s’éviterait une guerre du tanking comparable à celle disputée par les Bucks et les 76ers en quête des 25% de chance d’obtention du first pick. De plus, la franchise participant à la lotterie ayant le meilleur bilan verrait son pourcentage de chance d’avoir le first pick passer de 0,5% à 2%. Pas énorme, mais considérable, d’autant plus que ces points seront à enlever ailleurs – donc aux moins bien classées. Zach Lowe, du site Grantland, rapporte que les choses sont en train de changer aux yeux des franchises :

Il y a de plus en plus de support de la part des 30 franchises concernant la réforme proposée par la NBA, selon certaines sources. Certains propriétaires sont prêts à voter pour mettre en place le système dès cette saison, et une profonde désapprobation du tanking perpétuel de Philly ces dernières années a encouragé ce mouvement de réforme.

On y arrive petit à petit, la NBA pourrait enfin changer son fusil d’épaule concernant son système d’égalité des chances. Peut-être que l’on aura l’occasion de voir certaines équipes jouer pour gagner dès maintenant, et pas dans 5 ou 6 ans. Au fond, ce sont sans doute les fans de ces équipes qui devront apprécier cette réforme. Même si pour le moment, la draft reste pour eux le meilleur moment de l’année.

Source article : NBC Sports

Source image : standingosports.com


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