France – Serbie : Un quart temps ne suffit pas pour accrocher la finale

Après un formidable exploit contre l’Espagne mercredi soir, l’équipe de France rencontrait la Serbie pour une place en finale de la Coupe du Monde. L’occasion pour une génération dorée, et une autre plus jeune et très ambitieuse, d’écrire un peu plus son nom dans l’histoire du sport français. La preuve ? C’était diffusé sur le service public. 

Redescendre sur Terre après le match contre l’Espagne semblait compliqué. Et si la finale est proche, il reste une rencontre à disputer pour y accéder. Et ça tombe bien que ça soit diffusé à la télévision française, parce que ce fut sacrément intense sur la fin. Mais reprenons par le commencement. Le match commence sur un énorme Boris Diaw. Avec 5 points et un assist, le capitaine est la plaque tournante du dispositif offensif sur ce début de match.  La France passe même devant sur un 3 points de Nicolas Batum. En face, on reconnaît l’école Serbe : mouvement de balle propre et fluide. Notre défense intérieure ? À la rue. Surtout sur le secteur intérieur, ou plusieurs fois, les Français laissent la raquette totalement vide. On regrette également un jeu offensif parfois stéréotypé. Mais ça, on commence à avoir l’habitude. C’est donc logiquement que la France se retrouve menée à la fin du premier quart sur le score de 15-21 sur un « Alléluia shoot » de la part de Batum et un nouveau contre de Rudy Gobert qui continue sa collection de scalps, tel le lieutenant Aldo Rain dans Inglorious Basterds.  Avec un premier quart si mauvais, on est heureux de ne pas voir un plus gros écart.

Teodosic entame la nouvelle période en calmant les Français avec un shoot extérieur. C’est sans aucun doute lui, le patron de la nation Serbe sur ce tournoi. Batum se prend un joli coup de tête et les arbitres sont obligés de prendre un temps-mort. C’est compliqué, très compliqué pour les Bleus. Et on se prend même le dunk le plus lent de l’histoire par Raduljica. La France n’y est absolument pas, entre défense en retard, turnovers et mauvais choix en attaque. Puis, petit à petit, ça revient. Et en fait non. Teodosic est quand même incroyable, le mec est à 18 points en première mi–temps, et les Serbes déroulent. Si l’équipe de France veut revenir, elle doit absolument trouver la solution à ce problème.  Même le service public refuse de voir ça et coupe l’image, avant de se raviser. A la pause, le score est de 46-32. Et c’est pas cher payé. Les dix balles perdues côté français sont de trop. Au niveau individuel, Batum est à 10 points, et Boris  à 7, ainsi que 6 rebonds. En  face, Teodosic fait du sale, Bjelica est en mode all-around avec 2 points, 4 rebonds et 3 passes décisives, et Markovic ajoute 9 points. Les Serbes, en général, sont à 57% à 2 points et 71% à 3 points.

On repart sur un petit cinq avec Boris en pivot, et dès la première action, les Serbes semblent emmerdés. Et puis Bjelica prend le match à son compte. Les Français galèrent toujours autant. C’est tellement pauvre offensivement, le jeu est totalement basé sur des actions individuelles, et quand on n’a pas de réussite, c’est pas évident. 15 points de retard au début du 4^ème quart temps. Et honnêtement, à ce moment du match, on n’a aucune idée de comment la France pourrait effectuer un comeback. Impossible. No way.

Et pourtant, sur un 3 points d’Evan Fournier et une interception ponctuée d’un dunk de Nicolas Batum, les Français reviennent à 10 points. Moment choisi par le coach Serbe pour couper l’élan français par un temps-mort. Par fébrilité, ou simple habitude ?  En tous les cas, les Bleus ont clairement pris le parti de mettre en place une press tout terrain. Le souci, c’est que nos joueurs sont trop enthousiastes et prennent 4 fautes en deux minutes. Donc, 8 minutes lors desquelles les Serbes iront systématiquement aux lancers francs dès la faute française.  Nicolas Batum ramène les Bleus à 6 points des Serbes avant que Zangief nous envoie un magnifique Shaqtin a  Fool dans le panier, sans faire exprès. Fournier nous sort un shoot dans le corner et le match est totalement relancé ! Incroyable. Impossible à prévoir. Et pourtant, c’est possible : sous le sillage d’un Batman très fort sur ce match, les Bleus reviennent. Bogdanovic nous sort ses énormes balls en rentrant un 3 points directement. C’est la guerre, ça pue le souffre en cette fin de match. À 3 minutes du terme, c’est à la France de rentrer dans le bonus avec la 5^ème faute de Markovic qui quitte le match. C’est un duel de titans entre Teodosic et Batum en cette fin de match, les deux stars se répondant coup sur coup. Les français ont la possibilité dans la dernière minute d’égaliser, et Heurtel rentre même le shoot le permettant, mais les Serbes, par l’intermédiaire de Teodosic, font faute avant. Et le meneur français ne rentre qu’un lancer. Rebond serbe, faute, deux lancers francs marqués, et la Serbie valide sa victoire.

La France sort donc sur un dernier quart temps de folie, remporté sur le score de 39-29, mais insuffisant pour remporter la victoire. La Serbie l’emporte 90-85. Si cette dernière a shooté avec plus de réussite (59% à 2 points et 53% à 3 points), les Bleus avaient gagné la bataille du rebond (32-28). Longtemps, notre équipe nous a fait croire qu’elle allait lâcher le match, pour finalement offrir à ses supporters un superbe comeback dans les dix dernières minutes. On a même cru à une victoire, comme en poule, où la France avait été derrière pendant l’essentiel de la rencontre avant de s’imposer sur la fin. Mais le miracle n’a pas eu lieu une seconde fois.

Batum sort un énorme match : 35 points à 11/17, Heurtel est là, également, avec 12 points et 6 passes. Boris Diaw fait un bon match avec 13 points, 10 rebonds et 5 passes, et Evan Fournier a assuré son rôle en sortie de banc avec 10 points en 14 minutes. Mais en face, Teodosic (24 points à 9/12), Bogdanovic (13 points à 4/5) et Bjelica (10 points, 7 rebonds, 5 passes) ont fait le boulot, pour permettre à la Serbie de retrouver, dimanche, la Team USA en finale.

Que retenir de cette Coupe du Monde ? Déjà, qu’elle n’est pas finie, puisque  l’équipe de France aura la possibilité d’aller chercher une médaille demain, à 18 heures, face à la Lituanie. Et que même si elle a perdu ce soir, elle aura quand même démontré lors de cette compétition de très belles choses, sans son pilier majeur. Le match contre l’Espagne ne doit pas être occulté par la défaite face à la Serbie qui est une énorme nation de Basket.

Source images : FIBA.Com