2032, l’odyssée de la NBA

Le 21 août 2014 à 18:42 par Alexandre Martin

– Portland – Dimanche 15 février 2032. Tout le gratin de la NBA est réuni pour le 83ème All Star Game qui clôture l’ancien “All Star Weekend” devenu la “All Star Week” depuis 2015 sous la pression d’Adam Silver et contre la volonté des joueurs. Il n’empêche que toutes les stars et tous les VIP de la planète basket sont venus au Moda Center pour célébrer Andrew Wiggins car, à presque 37 ans, l’ex-jeune prodige devenu un monstre va tirer sa révérence en fin de saison.

Cet ailier sur-athlétique et talentueux va ainsi mettre fin à une immense carrière qui l’aura vu décrocher, en 18 saisons, 5 titres de MVP et 3 bagues de champion (3 fois MVP des Finales) avec les… Knicks – qui l’avaient finalement récupéré après qu’il ait galéré à son arrivée dans la ligue, dans l’ombre de Kyrie Irving et de LeBron James pour finalement être rapidement échangé et filer dans le Minnesota avant de rejoindre la Big Apple quelques années plus tard. Le King est là, d’ailleurs, au premier rang et il a encore très fière allure du haut de ses 47 ans. A ses côtés, son pote Dwyane Wade qui se remet tout juste d’une blessure à la cheville après s’être fait crosser, la veille, par l’un des fils de Chris Paul lors d’un petit un contre un derrière le garage à la suite d’un barbecue entre amis.
Son Altesse Jordan est également de la partie, toujours aussi fringant à presque 69 ans, et en train de se marrer avec son pote Scottie Pippen auquel Wiggins a été comparé tout au long de sa carrière. Tout le monde est donc bien là pour saluer le départ d’Andrew Wiggins. Et c’est bien normal tant il a réussi à dominer dans cette NBA redevenue une ligue de “gros” et de “grands” après la domination des arrières et des ailiers depuis le milieu des années 2000 jusqu’au milieu des années 2010. A partir de 2016, dans le sillage d’Anthony Davis, de Joakim Noah, de Nerlens Noel, de Joel Embiid ou encore de Julius Randle, la mode des intérieurs est revenue au premier plan.

(Image : soundoffcolumn.com)

(Image : soundoffcolumn.com)

Les General Managers se sont mis, à nouveau, en tête de constituer des rosters faits pour jouer avec deux vrais “Big Men” comme ça se faisait dans les années 90 et au tout début des années 2000. A cette époque, les “Gros” faisaient la loi. A cette époque, il fallait s’appeler Mike pour remporter des bagues sans être pivot ou Gary pour que vos qualités défensives soient reconnues au grand jour sans pour autant évoluer sous le cercle. A partir de 2016 donc, les ailiers forts de 2m08 pour 115kg qui savent jouer au poste bas – avec des fondamentaux solides – sont revenus en force et même ceux qui n’avaient pas un shoot longue distance aussi efficace que celui de Kevin Love. Les pivots ? C’est 2m13 minimum, de la puissance, du gros muscle, de la méchanceté, de l’agressivité au rebond et des contres à la tonne. Si le gars est plutôt inoffensif à plus de 3m50 du panier, c’est n’est pas grave. Ce n’est pas ce qu’on attend de lui. Les coachs s’en fichent. Ce qu’il faut désormais pour gagner c’est un duo qui tient la raquette et on comprend les techniciens. Ils n’ont pas eu le choix à force de voir des Kobe Bryant, des Tracy McGrady, des Kevin Durant, des LeBron James, des Kyrie Irving, des Russell Westbrook ou autre Marcus Smart venir agresser le cercle après avoir laisser sur place leurs défenseurs directs qui ne pouvaient rien faire. Il a bien fallu trouver une solution ! Et le premier à avoir fait revenir pour de bon la mode du duo de “Big Men”, c’est ce bon vieux Stan Van Gundy qui, dès 2014/2015 a fait du duo Andre Drummond – Josh Smith une paire de protecteurs de cercle difficile à contourner même pour les plus athlétiques des arrières et ailiers de la ligue. Résultat : les Pistons sont revenus illico sur le devant de la scène à l’Est en compagnie des Bulls, des Pacers et de leurs armées d’intérieurs “à l’ancienne” qui empêcheront LeBron le Cyborg de réaliser son rêve de bague avec Cleveland.

Et, à partir de ce moment, comme à chaque fois, le modèle des équipes qui gagnent sera suivi par la plupart des autres. Pendant que les Knicks intégraient Wiggins à leur effectif en 2018, les Hornets draftaient un certain Shaquille Olajuwon. Un pivot de 2m15 pour 127kg, d’une puissance et d’une mobilité rare pour un tel gabarit associées à une technique hallucinante au poste bas. Un véritable monstroplante des raquettes qui se fera surnommer “The Big Dream” très rapidement et qui propulsera la franchise de Jordan tout en haut de la hiérarchie NBA dès le début des années 2020 après que les Bulls, les Pacers et les Cavs se soient essoufflés du fait de l’âge de leurs leaders. Ces Hornets et les Knicks de Wiggins domineront l’Est avec les Bucks qui viennent de drafter Wilt Malone, un autre gros pivot à fort potentiel – énorme rebondeur et gros scoreur – capable d’épauler Jabari Parker dont le talent offensif a permis à Milwaukee de sortir des bas fonds de sa conférence sans pour autant aller loin en Playoffs.
L’Ouest, dans tout ça, n’est pas en reste. Les Spurs se régénèrent afin de digérer au mieux les retraites de Duncan (2016), Ginobili (2015) et Parker (2019). Ettore Messina – qui a repris la suite de Gregg Popovich – s’est inscrit dans la tradition texane en draftant un prodige au delà du 20ème choix. Son nom ? Vlade Sabonis. Un pivot Serbo-lituanien de 2m19, pas très mobile ni doté d’une grosse détente mais plus intelligent et plus doué techniquement que la plupart des meneurs ou des arrières de la ligue, le parfait prospect pour le jeu des Spurs.

éléphant basket

Wilt Malone à l’échauffement… (Image : lelombrik.net)

Pendant que San Antonio faisait des miracles à la draft, les Lakers – avec pour GM un certain Chauncey Billups – récupéraient Anthony Davis, dès 2019, en échange de Robert Sacre, Jordan Hill et quelques miettes (si, si). Ce qui permit aux Angelinos d’associer Randle et le mono-sourcil pour former une des meilleurs raquettes du pays et de faire ainsi progressivement oublier Kobe Bryant qui a raccroché les sneakers en 2018 après 22 années passées sur les parquets de la Grande Ligue…
Cette tendance à la “paire de gros” se confirmera d’ailleurs tout au long des années 2020. Les universités et les franchises NBA vont se remettre à élever des grands gabarits, à favoriser la taille, la technique et les fondamentaux au lieu de la puissance, la vitesse et la détente. Très vite, on  retrouve des pivots dans les prétendants crédibles au titre de MVP. La NBA remet d’ailleurs le poste de “Center” dans les votes pour les All Stars. Très vite, on ne saura plus quoi faire des profils à la Kenneth Faried ou à la Thaddeus Young, ces combo-forwards sur-athlétiques mais trop limités techniquement pour le poste 3 et trop limités par la taille et le poids pour le poste 4. Très vite les “bons” pivots d’aujourd’hui tels Nikola Vucevic, Tyson Chandler, ou encore les frères Plumlee vont se retrouver relayer en bout de banc avec de très faibles minutes car la concurrence sera trop rude. Et, lien de cause à effet, les meneurs gestionnaires sachant shooter ET passer – mais pas forcément très costaud – redeviendront une denrée recherchée car pour nourrir tous ces gros bébés qui naviguent sous les paniers, il faut des joueurs capables de mettre en place les bons systèmes et de prendre les bonnes décisions aux bons moments. Le tempo NBA – qui n’avait cessé d’accélérer depuis 15 ou 20 ans – va se mettre à ralentir, le jeu s’améliore tactiquement, les ballons circulent mieux, les défenses deviennent de plus en plus difficiles à transpercer grâce à la présence de gros monstres sous les cercles et malgré les attaques répétées des arrières ou meneurs dragsters qui n’ont pas disparu mais qui sont tout simplement devenus moins dominants.

En terme de niveau de jeu, les années 2020 offriront un spectacle particulièrement épique. Cette confluence entre athlètes hallucinants, intérieurs dominants, meneurs géniaux et tempo ralenti sur fond de philosophie défensive donnera lieu à une sorte d’apothéose concernant le jeu, le spectacle, le suspense. Une apothéose s’appuyant tous les points forts des décennies précédentes avec quelques améliorations dues aux progrès effectués dans la formation et dans l’intégration de joueurs venus de tous horizons. Imaginez : le show des années 70/80 associé aux aptitudes physiques hors normes des joueurs d’aujourd’hui le tout encadré de la qualité mentale et tactique des années 90… Oui l’apothéose pour cette NBA qui saura se nourrir de son histoire pour mieux rebondir et continuer d’animer la passion de centaines de millions de fans qui, petit à petit, feront passer la balle orange au rang de géant du sport au même titre que la taille 5 ou la petite balle jaune.

Source image couv’ : Artkor


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