Dossier Jazz : les éternels losers mormons peuvent-ils enfin se mettre à gagner ?

Le 28 juil. 2014 à 14:47 par Giovanni Marriette

On le sait tous, se hisser en PlayOffs à l’Ouest revient ni plus ni moins à sortir vivant d’une fosse aux lions avec un steack saignant accroché à son slip. Néanmoins, d’autres franchises méritent un léger détour et ceci dès à présent, puisqu’on risque malheureusement de très peu les voir quand les chaînes cain-ri décideront de leurs programmations. Le Jazz fait partie de ces franchises volant en dessous des radars, la faute à un évident manque de sex-appeal et de superstars. Rectifions tout de suite le tir…

Pour les PlayOffs donc, on repassera. Parlez-en donc aux fans des Suns ayant vu leur team favorite échouer aux portes de la postseason malgré un bilan tout mignon de 50 victoires… A l’Ouest il existe depuis quelques années maintenant une fragmentation des forces en présence avec tout en haut, une dizaine de franchises jouant clairement une place dans les 8. A l’autre extremité, quelques boulets, dont on sait à chaque automne que le moment le plus intéressant sera la draft à venir… Et entre les 2, un espèce de ventre mou sans saveur, où l’on pouvait retrouver la saison passée des franchises comme les Wolves, les Pelicans ou les Nuggets.

C’est dans un premier temps le premier boulot de ces Jazz new-look : s’extirper de la fange de la West Coast pour rejoindre cet escadron de franchises moyennes, efficaces à défaut d’être transcendantes. Ce n’est pas demain qu’on verra le Jazz gagner 50 matches mais viser ce “ventre mou” paraît cette année raisonnable pour un effectif jeune et intelligemment bâti, dans l’ombre des grandes puissances hollywoodiennes ou texanes. Pas de génie mais du sérieux et de l’ambition à tous les postes avec des gamins (une moyenne d’âge d’à peine 24 ans !) désireux de montrer que les mormons savent aussi sortir les crocs…

Un coach rookie pour gérer la colo

Pour une équipe pas encore fournie en poil aux pattes, quoi de mieux qu’un jeune coach pour orchestrer le tout ? Attention Quin Snyder ne sort pas de nulle part et fait partie du monde de la NBA depuis quelques années déjà, le Quinny ayant squatté les bancs des Sixers, des Lakers et des Hawks en temps qu’assistant. Un premier poste à responsabilité tout de même dans une franchise qui n’aura connu que 3 coaches depuis presque 30 ans, une preuve de plus que le bonhomme n’est peut-être pas là par hasard. Et il est toujours plus facile d’apprendre la vie à de jeunes puceaux qu’à de vieux routiers de la ligue, parfois plus concentrés sur leurs égos, leurs palmarès et leurs contrats que sur les systèmes du coach… Une bonne pioche donc, à l’heure où on le rappelle, les Lakers n’ont trouvé un coach que depuis quelques heures…

Une draft réussie

En sélectionnant Dante Exum en 5ème position et Rodney Hood avec le pick 23, le Jazz fait partie de ces franchises pouvant se targuer d’avoir réussi leur draft, minimum syndical à effectuer pour avoir de l’ambition durant la saison.

Le jeune combo australien est l’une des bonnes pioches de cette cuvée 2014. Très en vue lors de la Summer League même si l’on se doit de relativiser le niveau bizarre de la compétition, Dante est peut-être encore juste pour être “nba ready” dès sa saison rookie mais il apportera sans contestation possible une sacrée dose de fraîcheur à une franchise qui manque cruellement de piquant depuis quelques années (depuis toujours en fait…). On attend déjà beaucoup de son association de jeunes Padawans de la NBA avec Trey Burke, autre membre éminent du club des teenagers du back-court mormon…

Rodney Hood bénéficiera pour sa part de la chance de pouvoir taffer dans l’ombre de son camarade de promo et pourrait du coup s’avérer être la vraie bonne surprise de ce jeune effectif. Dans son aile et avec sa patte gauche, l’ancien étudiant de Duke a toutes les cartes et le talent en main pour peser dès l’automne sur le jeu du Jazz, derrière un QI basket et une adresse loués par tous les observateurs.

Un roster jeune et déséquilibré mais plein de promesses

Les lignes arrières sont donc prometteuses malgré un évident manque de kilomètres au compteur. Trey Burke est définitivement lancé à l’assaut d’une carrière de All-Star après une saison rookie débutée blessé. Avec 12.8 points et 5.7 assists, le tout en shootant à moins de 40%, ses premiers pas ont été ardus mais en temps que futur franchise player, le gamin se doit d’arroser un minimum donc on pardonnera cet excès de parpaings envoyés l’an passé. On a parlé plus haut de Dante Exum, jeune aborigène affamé présentant un profil parfait pour épauler Burke mais il n’est pas le seul sur les lignes arrières à prétendre à un rôle important. Alec Burks sort d’une saison de MIP local qui l’aura vu doubler toutes ses stats pour finir la saison avec 14 pts de moyenne, pas mal pour un mec passé complètement sous les radars avant la saison passée. A 23 ans, il représente lui aussi l’avenir et, même si on est loin du trio infernal des Suns, son association à l’arrière avec Burke et Exum devrait faire suer plus d’une défense…

Dans les ailes, le joueur à suivre sera évidemment Gordon Hayward. Le mec a beau avoir une tronche à jouer dans les Frères Scott, il n’en demeure pas moins un franchise player solide, un all-around player qui fait ses stats à défaut d’être un commandant de bord solide (mais est-ce seulement ce qu’on lui demande ?). Son contrat à 63 millions en atteste, Gordie fait partie de la crème de la ligue, l’un de ses seuls joueurs à avoir un 20/5/5 de moyenne dans les jambes, ce genre de joueurs qu’on ne trouve pas dans bon nombre de franchises à l’heure actuelle… En constante progression depuis sa sortie de l’université d’Indiana 4 ans en arrière, 2015 pourrait être l’année de l’explosion pour lui si toutefois il assume son statut et son contrat.

Dans tous les cas, le minet devra s’employer car au vu de la faible consistance des back-up, Snyder lui demandera sûrement de squatter le dance-floor une quarantaine de minutes chaque soir…

A l’intérieur, le Jazz devra une fois de plus composer avec une raquette composée de paris et de jeunes pousses et dans ce clan des costauds, Derrick Favors est probablement la plus grosse inconnue. Attendu comme un leader l’an passé, le pivot a continué son ascension mais a tout de même déçu en réalisant une saison correcte mais loin des attentes placées en lui. Ses 13.3 points et 8.7 rebonds sont loin d’être inutiles dans la peinture mais la franchise de Salt Lake City attend clairement plus du n°3 de la draft 2010. Il sera épaulé cette année par Trevor Booker, transfuge de la capitale où il représentait la saison dernière et depuis 4 ans une efficace rotation au relais des intérieurs titulaires.

Autres grandes tiges à surveiller cette saison, Enes Kanter et Rudy Gobert représenteront cette saison la faction européenne du Jazz. Efficace en sortie de banc, le Turc est lui aussi en constante progression depuis son arrivée dans la ligue en 2011 et briguera même peut-être une place de starter dès la rentrée. Scoreur discret mais efficace, il peut tout de même disposer d’un arsenal offensif intéressant par rapport à bien des pivots et devra également se servir de cette nouvelle année de transition pour devenir un intérieur plus dominant. Même objectif pour Rudy Gobert, mis en couveuse l’an passé mais qui a prouvé en étant désigné parmi les meilleurs poste 5 lors de la Summer League qu’il était peut-être prêt à aller se frotter aux bibendums de la Grande Ligue grâce notamment à un travail acharné à la salle de muscu. Qu’on se le dise, un Rudy à 12/15 minutes chaque soir toute la saison, c’est plus que possible…

Quelle place au final pour les Jazzmen ?

Pour faire court, la plupart des équipes de la très relevée Conférence Ouest sont intouchables pour ce Jazz-là. Les 8 équipes qualifiées l’an passé en PlayOffs sont trop loin, de même que les Suns d’ailleurs. mais derrière, que reste t-il ? Les Wolves, les Nuggets, les Pelicans, les Kings et les Lakers.

Sorry guys mais cette saison encore, les Kings sentent le moisi et ont une belle gueule de dernier de la classe… Le reste ? Des Wolves sur le point d’être complètement démembrés et de reconstruire avec de (très) jeunes joueurs, jamais une bonne recette pour jouer le haut de tableau. Des Nuggets sans la moindre identité, déployant un jeu vierge de toute logique et des Pelicans cachant dans l’ombre (certes imposante) d’Anthony Davis et d’Omer Asik toutes leurs tares et leur physiques défaillants (Tyreke Evans et Ryan Anderson cramés, Austin Rivers sur-côté, Jrue Holiday en reconstruction). Quand aux Lakers, inutile de dire que l’intersaison des Californiens parle pour eux. Un coach débauché 2 mois après tout le monde, une omnipotence au poste d’intérieur, un Carlos Boozer repositionné en 3 (lol) et un Kobe qui applaudit tout ce travail des 2 mains… On attend de voir mais ces Lakers-là puent une fois de plus le gros fail…

Parmi les 6 équipes citées ci-dessus, 1 ou 2 finira forcément avec un bilan plus reluisant que celui de ces jeunes Jazzmen. Probablement les Nuggets et/ou les Wolves. Pour le reste, tout est ouvert mais il y a fort à parier que la dernière place ne sera dans 8 mois plus qu’un lointain souvenir. On prend le pari ? En attendant, réagissez sans plus attendre et donnez-nous votre classement des bolosses de l’Ouest. Qui pour le bonnet d’âne, qui créera la surprise et qui va se planter ? On veut votre avis…

source image de couverture : bleacherreport.com


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